Une nouvelle étude confirme la toxicité de l’oxygène en inhalation systématique lors du malaise cardiaque
20 novembre 2014
En secourisme, le nouveau référentiel PSE indique que l’inhalation d’oxygène est indiquée dans certains cas uniquement [2] :
– pour les victimes dont la fréquence respiratoire est supérieure à 6/min et la SpO2 < 94 % (<89 % pour les insuffisants respiratoires sous O2 à domicile) ;
– pour les victimes de noyade, d’accident de plongée ou d’intoxication au CO.En l’absence de saturation en oxygène, l’inhalation est effectuée sur indication médicale sauf si la victime présente une détresse vitale évidente.
Dans le cas d’un malaise cardiaque, si la saturation en oxygène est normale, il est recommandé de ne pas administrer d’oxygène. C’est pourtant ce qui était la norme pendant longtemps. Cela semblait logique : la crise cardiaque étant le résultat d’un bouchon artériel qui empêche l’oxygène d’arriver jusqu’au muscle cardiaque, il est logique de penser améliorer la situation en amenant de l’oxygène.
Comment justifier ce changement ?
Une concentration excessive d’oxygène amène l’organisme à réagir par une contraction des artères, et une diminution du débit sanguin. Dans le cas d’un malaise cardiaque, cela provoque une aggravation de la lésion cardiaque, c’est-à-dire l’effet contraire de celui recherché.
Une récente étude australienne l’illustre. L’étude a été réalisée par les paramédics de Melbourne qui ont administré ou non de l’oxygène à 450 victimes d’un infarctus du myocarde dans lequel l’artère coronaire visée est totalement obstruée par un caillot. La circulation sanguine est interrompue, ce qui endommage toute l’épaisseur du muscle cardiaque alimenté par cette artère.
Le test a été mené sur des victimes conscientes dont la saturation en O2 était supérieure à 94 %. En préhospitalier, les victimes recevaient soit de l’oxygène en inhalation à 8 l/min, soit pas d’oxygène médical du tout.
Des enzymes associées à la souffrance du muscle cardiaque ont été recherchées dans le sang de ces patients, la créatine kinase et la troponine. Ceux qui ont reçu de l’oxygène avaient une concentration en moyenne 25 % supérieure à ceux qui n’en avaient pas reçu. Ensuite, une IRM cardiaque réalisée sur un tiers des patients 6 mois après leur malaise a montré que les personnes qui avaient reçu de l’oxygène avaient un infarctus 30 % plus étendu que ceux qui n’en avaient pas reçu.
Par ailleurs, l’administration d’oxygène n’a pas eu d’effet sur la douleur thoracique ressentie. Elle ne provoque pas de soulagement, contrairement aux idées reçues.
Enfin l’administration d’oxygène a entraîné plus de complications médicales.
L’étude : Air Versus Oxygen in ST-Segment–Elevation Myocardial Infarction
Ces résultats vont dans le sens du nouveau référentiel PSE et permettent donc d’illustrer par l’exemple les raisons de la nouvelle conduite à tenir. Il faut rappeler que l’oxygène est un médicament, et en conséquence son administration n’a rien d’anodin.
Notes
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