Le Conseil des ministres du 24 août 2022 a donné lieu à un communiqué sur les évènements climatiques extrêmes. Divisé en trois parties, il revient sur la sécheresse, les feux de forêts et les orages en Corse. Les résolutions prises dans ce communiqué, notamment la production de retour d’expérience (Retex) ou l’intégration de ces problématiques aux prochains plans environnementaux, laissent penser que des évolutions significative de la politique publique en matière de sécurité civile pourrait être à l’agenda du gouvernement.


Conseil des ministres du 24 août 2022

Le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire et le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires ont présenté une communication relative à la suite des évènements climatiques extrêmes de l’été.

Le Conseil des ministres est revenu sur les épisodes climatiques extrêmes qu’a connus le pays cet été et la réponse de l’État pour protéger nos concitoyens qui subissent de plein fouet ces conséquences du dérèglement climatique.

I. Des vagues de chaleur et une sécheresse historiques

L’été 2022 devrait se situer au 2e rang des étés les plus chauds observés en France depuis 1900 (après 2003). Dès le premier épisode de chaleur de la mi-juin, la Première ministre a demandé au Gouvernement d’activer tous les plans canicules pour protéger les personnes les plus vulnérables. De façon plus structurelle, des moyens financiers ont été dégagés à hauteur de 500 millions d’euros pour accompagner les collectivités qui renaturent les villes afin de lutter contre les îlots de chaleur.

L’année 2022 est aussi pour l’instant la deuxième année avec la plus faible pluviométrie, derrière 1976. Le déficit pluviométrique atteint -33 % sur la période janvier à juillet et concerne toutes les régions, ce qui est inédit par rapport aux événements passés. A ce jour, la quasi-totalité des départements métropolitains (93 sur 96 départements) appliquent des restrictions et 77 départements ont pris des arrêtés de crise.

Dès le mois d’avril, le Gouvernement a organisé trois réunions du comité de suivi et d’anticipation hydraulique avec l’ensemble des usagers de l’eau afin d’élaborer et partager une carte d’anticipation de la sécheresse. Le Gouvernement a par ailleurs augmenté de 100 millions d’euros les dépenses des agences de l’eau pour financer des actions de résilience : accompagnement des filières agricoles dans leur stratégie d’adaptation au changement climatique, amélioration de la gestion de la ressource en eau et de la résilience des milieux grâce aux solutions fondées sur la nature, soutien aux collectivités territoriales dans leurs initiatives visant à économiser l’eau et éviter toute pénurie d’eau potable.

En parallèle, des instructions ont été transmises aux préfets afin qu’ils finalisent les arrêtés cadre sécheresse dans chacun des bassins et des départements, en s’appuyant sur le guide national sécheresse. Les comités de gestion de la ressource en eau ont été réunis localement par les préfets pour mettre en place des mesures de restrictions d’usages de l’eau au plus proche des territoires.

Pour coordonner la gestion de cette sécheresse historique, la Première ministre a en outre décidé l’ouverture d’une Cellule interministérielle de crise (CIC) hebdomadaire sécheresse dès le 5 août. Tous les principaux aspects y sont suivis, notamment la gestion fine des usages et des risques à venir.

Un comité national et des comités départementaux agricoles sont spécifiquement activés depuis le début de la sécheresse. Le Gouvernement a notamment ouvert les dispositions de la Politique agricole commune pour cas de force majeure et prévoit une surveillance et un accompagnement particulier pour les éleveurs qui pourraient manquer de fourrage. Les calamités agricoles sont aussi ouvertes pour l’ensemble des cultures éligibles, et les demandes par filière seront traitées dès la fin des récoltes données.

II. Une saison de feux de forêt et d’espaces naturels exceptionnelle

L’état de sécheresse généralisé et les fortes chaleurs ont accentué le risque de feux de forêts, ceux-ci connaissant une ampleur inégalée au XXIème siècle avec une saison qui s’annonce incontestablement comme l’une des plus graves de ces dernières décennies avec plusieurs feux significatifs déclarés, y compris dans des régions telles que la Bretagne ou encore l’Est de la France jusqu’alors relativement épargnées, et plus de 60 000 hectares déjà partis en fumée.

Cette situation nationale historique a justifié la mobilisation de moyens sans précédent. Le nombre de colonnes de renforts est passé de 24 à 45 permettant d’engager jusqu’à 10 000 sapeurs-pompiers sur le terrain, soutenus par les formations militaires de la sécurité civile et des moyens des forces armées. Ces moyens terrestres ont été appuyés par un puissant renforcement des moyens aériens avec la location d’hélicoptères bombardiers d’eau supplémentaires et des réquisitions d’appareils, ce qui a porté la capacité d’intervention aérienne de 21 à 31 appareils. Tous ces moyens aériens auront procédé à près de 6 500 largages d’eau ou de produit retardant.

Outre la solidarité nationale qui a permis l’engagement de colonnes de renfort venues de toute la France y compris des outre-mer, la France a pu également compter sur la solidarité européenne. Dans le cadre du mécanisme européen de protection civile, des renforts aériens de la Grèce, de la Suède et de l’Italie, ainsi que des moyens terrestres fournis par l’Allemagne, la Pologne, l’Autriche et la Roumanie ont apporté un concours significatif de plus de 360 personnes lors des opérations d’extinctions de feux menées en Gironde et dans le Morbihan.

Un retour d’expérience complet sera réalisé et une réflexion en profondeur sur le modèle de sécurité civile français sera engagée dès cette année et tout au long des 5 années à venir pour déterminer les exigences, construire les capacités (moyens nationaux et locaux) organisationnelles et financières permettant de relever les défis liés au réchauffement climatique. Le Gouvernement agira également pour améliorer les règles de débroussaillage des forêts privées et leur bonne application, afin de limiter les départs de feux et de faciliter l’intervention des forces de secours. Enfin, un grand plan de replantation des hectares brûlés sera lancé, en privilégiant des essences plus adaptées au climat futur et moins sensibles aux risques d’incendie.

III. La Corse touchée par un évènement pluvio-orageux d’une intensité et d’une soudaineté inédites

La Corse a été touchée par deux épisodes pluvio-orageux consécutifs les 18 et 19 août. Le bilan est très lourd : 5 personnes sont décédées, 3 demeurent en urgence absolue et 25 urgences relatives ont été signalées, auxquelles s’ajoutent les nombreux impliqués et sinistrés. De nombreuses embarcations se sont signalées en difficulté à la suite de l’évènement et 125 opérations ont été menées conjointement par les moyens de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM), des services départementaux d’incendie et de secours (SDIS) et des moyens privés. En plus des victimes humaines, de très nombreux dégâts matériels ont été signalés. Ces dégâts matériels concernaient notamment les réseaux électriques et de télécommunication nécessitant de nombreuses interventions par les opérateurs. Sous l’impulsion des préfets, les équipes ont travaillé jour et nuit pour rétablir au plus vite ces réseaux.

La solidarité nationale s’est manifestée dès le début des intempéries par la mobilisation et l’envoi de moyens significatifs pour prendre part aux opérations de secours, d’assistance et de mise en sécurité de la population et afin d’accélérer également le rétablissement des différents réseaux endommagés, en particulier les réseaux électriques et de télécommunication. La procédure de reconnaissance de catastrophe naturelle conformément aux dispositions législatives a été actionnée en urgence permettant à la solidarité nationale de jouer au plus vite en coopération étroite avec les assurances. Par ailleurs, sur proposition du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, l’acquisition de 5 bouées météorologiques permettant de mieux anticiper ces phénomènes, va être réalisée.

Dès la rentrée, la Première ministre réunira les membres du Gouvernement pour lancer la préparation du nouveau plan national d’adaptation au changement climatique afin de renforcer encore la protection des Français face à ces événements extrêmes qui vont être amenés à s’intensifier dans le futur. Le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires sera chargé de son élaboration en concertation avec l’ensemble des acteurs concernés et en lien avec tous les ministères intéressés. Ce nécessaire travail sur l’adaptation aux impacts des dérèglements environnementaux se fera de pair avec les efforts visant à atténuer le changement climatique en doublant le rythme de baisse de nos émissions de gaz à effet de serre.

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