10 raisons pour développer le secourisme scolaire
18 mai 2016
La route tue encore 3 200 à 3 400 personnes par an en France. Le budget consacré par l’État, les collectivités locales et le secteur privé pour réduire ce chiffre est colossal. Pour le seul État, le budget 2015 consacré à la politique de sécurité routière est de 3,4 milliards d’euros.
Pendant ce temps, le nombre de décès par arrêt cardiaque, enregistré au registre ReAC sur un an est supérieur à 13 000, provoquant trois fois plus de décès que sur la route. Pourtant le budget consacré à la recherche, à la prévention, et au traitement des arrêts cardiaques est faible.
Or il existe une solution bon marché pour faire face au fléau des arrêts cardiaques. Il s’agit des deux mains situées au bout des bras des témoins de l’arrêt cardiaque. Car selon le registre ReAC, un témoin est présent dans deux cas sur trois. Encore faut-il qu’il sache se servir de ses mains pour commencer immédiatement une réanimation cardio-pulmonaire.
Supposons que demain matin l’État, contre toute attente, paye à toute la population une formation initiale ou continue au PSC1 à 60 €, et que tout le monde accepte de la suivre. Coût 3,6 milliards d’euros. Identique au budget de la sécurité routière. Hop, affaire réglée. Mais 60 € c’est le prix d’une formation par un organisme privé, il y a moyen de faire (bien) moins cher : faire réaliser la prestation en interne par l’Éducation nationale, ce qui divise par trois (à la louche) le prix de revient. Et former tout le monde la même année ce n’est pas pratique car il faut former une armée de moniteurs qui n’utiliseront leur monitorat durement acquis que pendant une année. Donc le plan consiste à étaler la dépense sur 70 ans en formant les classes d’âge une par une. Coût annuel avec les formations de formateurs, les mannequins et autres dépenses (toujours à la louche et calculé par mes soins, c’est dire si ce n’est qu’un ordre de grandeur) : dans les 17 millions d’euro par an. Ça devient très raisonnable pour sauver des milliers de vies.
C’est, grosso modo, la politique retenue dans notre pays. En France, le secourisme à l’école est obligatoire. Par exemple, il est prévu que les élèves sortants de la classe de troisième aient obtenu le PSC1. Mais hélas, cette obligation tarde à devenir réalité. Le taux d’élèves réellement formés serait de l’ordre de 30 % aujourd’hui. Un tiers seulement. Et les autres alors ?
Il y a pourtant 10 raisons de former vraiment tous les élèves.
Le top 10 des raisons de former au secourisme TOUS les élèves de collège
- c’est une action qui requiert peu de moyens et dont le bénéfice pour la santé publique est prouvé : une victime d’arrêt cardiaque prise en charge par une personne initiée à la RCP voit ses chances de survie augmentées d’un facteur compris entre 2 et 4, selon les études scientifiques.
- avant la puberté, les enfants sont très ouverts à l’apprentissage de la RCP, bien davantage que les adultes, qui sont réticents à se former par peur de commettre des erreurs. Or le pire n’est pas de commettre des erreurs, mais de ne rien faire.
- les professeurs peuvent enseigner la RCP sans difficulté, pour peu qu’ils aient suivi une formation de formateur en secourisme. En outre, les cours peuvent s’intégrer à de nombreuses matières : EPS, SVT, éducation à la santé, éducation civique, enseignement technique, pluridisciplinarité...
- il suffit de 2 h de formation à la RCP par classe chaque année pour assimiler les bons gestes
- l’âge optimal pour apprendre le massage cardiaque se situe autour de 12 ans, ce qui correspond au collège,
- il existe des mannequins adaptés pour les plus jeunes
- les élèves sont des démultiplicateurs des gestes qui sauvent : ils vont spontanément en parler à la maison à leurs frères et sœurs, parents et grands-parents,
- l’enseignement de la RCP utilise une pédagogie active appréciée des élèves,
- c’est l’occasion aussi d’apprendre des valeurs de civisme et d’entraide, en touchant toutes les classes sociales,
- il est démontré que la formation scolaire augmente la proportion de la population qui porte spontanément assistance aux victimes d’arrêt cardiaque, ce qui augmente le taux de survie. Ce taux est actuellement de 54 % seulement selon le registre ReAC.
Petit investissement, grands résultats
Le secourisme scolaire est un nain dans les obligations scolaires : que pèsent 8 h de formation au milieu des 4 000 heures de cours subies par un collégien de la sixième à la troisième ? Et pourtant, ce n’est pas un gadget ou une matière secondaire à prendre à la légère. Il s’agit en vérité du seul moyen de former la totalité d’une classe d’âge à la RCP. Il n’y en a pas d’autres. Les bénéfices sont considérables pour la santé publique : on parle là de milliers de vies sauvées chaque année. On ne peut donc qu’encourager la poursuite du développement de la formation scolaire au secourisme. L’idéal serait d’avoir au minimum des séances de formation de 2 h à la RCP annuelle tout au long du collège. Avoir obtenu le PSC1 en troisième est évidemment un supplément appréciable pour les élèves, et il est souhaitable est d’avoir quelques piqûres de rappel au lycée, plus le complément de prévention nécessaire pour obtenir le SST, pour ceux qui s’orientent vers le lycée professionnel.
Sources
Registre ReAC http://registreac.org/
Kids save lives – Training school children in cardiopulmonary resuscitation worldwide is now endorsed by the World Health Organization (WHO) Resuscitation 94 (2015) A5–A7 http://dx.doi.org/10.1016/j.resusci...
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