Ces députés qui ne veulent pas voir le PSC1 devenir obligatoire au brevet des collèges
3 octobre 2011
Nouveau mauvais coup pour le secourisme scolaire.
La commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale s’est réunie le 28 septembre pour examiner une proposition de loi visant à rendre obligatoire le suivi de la formation aux premiers secours pour l’obtention du brevet des collèges. Cette proposition de loi avait été déposée par le groupe minoritaire SRC (Socialiste, radical, citoyen et divers gauche) [5].
En effet, bien que la formation au secourisme soit d’ores et déjà obligatoire dans la scolarité des collégiens, 166 773 d’entre eux, seulement, ont été formés depuis 2007, soit, pour chaque année scolaire :
– 2007-2008 = 63 613 élèves (2,7 %) ;
– 2008-2009 = 73 848 élèves (4,3%) ;
– 2009-2010 = 92 925 élèves (16,3 %).
Les moyens mis en oeuvre par le système éducatif sont en effet insuffisants pour atteindre l’objectif de formation fixé par la loi. L’idée de la proposition de loi est en quelque sorte de forcer la main de l’enseignement en faisant de la formation PSC1 une obligation pour obtenir le brevet des collèges.
Cette proposition de loi est assez proche d’une autre, déposée par la droite parlementaire [6]. On pouvait donc espérer aboutir à une relative convergence des députés, malgré les oppositions politiques. Cela aurait été l’occasion de mettre enfin en oeuvre la massification du secourisme en France.
Hélas, il n’en a rien été. La commission a rejeté le projet de loi. Le compte-rendu intégral est disponible sur le site de l’Assemblée [7]. Nous avons sélectionné quelques passages significatifs de la discussion.
Ainsi, Alain Marc (UMP) a fait valoir que la proposition de loi ne propose pas de « piqûre de rappel » et que, de ce fait, les jeunes ne seraient pas « parfaitement opérationnels ».
Jacques Grosperrin (UMP) s’inquiète de ce que l’ajout d’une nouvelle épreuve au brevet le rendrait « encore plus “baroque” ».
Dominique Le Mèner (UMP) pense que le collège n’est pas « le cadre le plus adapté pour dispenser cette formation aux premiers secours. »
Éric Berdoati (UMP) fait valoir que l’on ne peut pas demander au système éducatif « de résoudre tous les problèmes de la société ».
Paul Salen (UMP) évoque dans son département l’existence d’une carte magnétique où sont récapitulées les informations indispensables et les gestes à faire ou à ne pas faire. Cela lui semble « suffisant, et ne déborde pas sur le temps scolaire ».
Bernard Debré (UMP) semble douter qu’« un jeune de douze ou treize ans » soit « apte à saisir et à reproduire les quelques gestes essentiels en cas d’urgence ».
Ces arguments sont évidemment difficilement recevables dans la mesure où le PSC1 est conçu pour être accessible aux enfants dès l’âge de 10 ans et que les médias se font régulièrement l’écho d’enfants bien plus jeunes qui ont été capables de sauver la vie de leurs parents. Quant à la question du recyclage, celle-ci est bien prise en compte par le système éducatif puisque des révisions sont prévues au lycée, et que si le système éducatif se dote des moniteurs nécessaires, elles pourront être mises en œuvre de manière effective. Quoi qu’il en soit, il est bien connu des médecins et moniteurs qu’il est préférable d’avoir des notions, même anciennes, que pas de notion du tout. Vient maintenant la question du financement.
Frédéric Reiss (UMP) a soulevé le problème du coût de cette mesure, qui nécessiterait un financement de 29 millions d’euros supplémentaires pour l’Éducation nationale en vue de former les 640 000 élèves de 3e (formation des moniteurs, acquisition du matériel, face-à-face pédagogique).
On obtient un coût moyen du PSC1 via le service public de l’éducation de 45 € par élève. Il comprend toutefois une dépense de premier équipement (formation initiale des moniteurs et matériel) qui s’amortit sur plusieurs années. Le coût moyen réel est en réalité inférieur à 45 €. Quoi qu’il en soit, c’est en toute hypothèse inférieur à la dépense que devraient engager des parents pour inscrire leur enfant à une formation PSC1 dans une association de sécurité civile, qui facture en général au moins 60 €.
Notons que le PSC1 pourrait devenir obligatoire pour le permis de conduire, comme l’a suggéré le ministre de la Santé [8]. Cette voie conduirait, d’une autre manière, à une diffusion massive des gestes qui sauvent dans la population. Toutefois, si le système éducatif reste incapable de fournir le PSC1 à tous les collégiens, les candidats au permis de conduire devront payer cette formation. Ce projet aurait donc pour effet de faire payer aux ménages les carences de l’Éducation nationale. Ce transfert de charge se ferait au détriment des ménages les plus modestes, pour lesquels, à prix égal, une formation pèse plus lourd dans le budget que pour les ménages aisés.
Notes
[2] voir Secourisme scolaire : proposition de loi pour que le PSC1 soit intégré au brevet des collèges
[3] Texte : http://www.assemblee-nationale.fr/1..., vidéo (disponible jusqu’au 27/12/2011) : http://www.assemblee-nationale.tv/c...
[6] voir Secourisme scolaire : proposition de loi pour que le PSC1 soit intégré au brevet des collèges
[7] Texte : http://www.assemblee-nationale.fr/1..., vidéo (disponible jusqu’au 27/12/2011) : http://www.assemblee-nationale.tv/c...
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