L’observatoire national de la sécurité et de l’accessibilité des établissements scolaires a fait un bilan de la formation aux premiers secours dans son rapport annuel 2010. Un « immense décalage entre les obligations et la réalité dans les établissements scolaires » est mis en évidence, et autant le dire, tout reste à faire pour les responsables de l’éducation nationale. Ainsi :

 alors que le nombre de personnels formés aux premiers secours devrait augmenter, il diminue,
 les enseignants sont loin d’être tous formés : plus de moitié des établissements possède moins de quatre enseignants formés, et un cinquième des collèges et lycées n’en a aucun,
 environ deux tiers des collèges n’ont aucun moniteur de premiers secours, alors que la formation PSC1 y est obligatoire, et 80 à 90 % des collégiens n’auront jamais entendu parler de premiers secours.

Au final, l’obligation de formation aux premiers secours prévue par la loi de sécurité civile n’est pas mise en œuvre de manière effective.

Selon le rapport de l’observatoire, la situation est un peu meilleure dans les lycées professionnels et agricoles. Ainsi il y a au moins un formateur dans trois lycées professionnels sur quatre. Cela s’explique par l’inscription dans les référentiels de la formation aux premiers secours, en général le SST. Mais la situation est susceptible de s’y dégrader, car les programmes sont parfois modifiés pour alléger la formation en raison de l’acquisition théorique du PSC1 au collège. Or, comme le PSC1 n’est pas obtenu dans les faits au collège, les enseignants n’arrivent pas à réaliser le SST dans l’horaire réduit, ce que nous avions signalé dans une précédente brève [1].

Formation au SST des élèves de l’établissement de formation agricole Perpignan Roussillon (partagé sous licence CC BY-NC-SA 2.0 par eplea66)

Parmi les multiples raisons évoquées par l’observatoire pour expliquer ce fiasco, on note « l’absence de prise en charge par la hiérarchie, que ce soit le pilotage, l’organisation ou les aspects financiers ». Il réclame de fait « un pilotage et un soutien réel des responsables académiques de l’Éducation nationale », ainsi que les moyens nécessaires correspondants. On n’en est pas encore là puisqu’à la rentrée scolaire 2010, le ministère n’a toujours pas rendu obligatoire le PSC1 pour le brevet, ce qui aurait pourtant eu pour effet de stimuler les collèges [2].

Ceci n’est pas sans rappeler le rapport de l’Académie nationale de médecine, qui en 2010 réclamait un pilotage fort de la formation aux premiers secours en France [3].

Or la formation aux premiers secours est un enjeu majeur de santé publique. Une diffusion généralisée des gestes qui sauvent dans la population, associée au déploiement des défibrillateurs automatisés, permettrait de sauver un nombre considérable de vies chaque année : de 5 à 10 000, en se basant sur un taux de survie de 20 à 30 % grâce aux gestes qui sauvent pour environ 110 arrêts cardiaques extra hospitaliers chaque jour en France [4].

Le diagnostic étant posé, la balle est dans le camp des pouvoirs publics.

Sur le Web Rapport de l’observatoire national de la sécurité et de l’accessibilité des établissements scolaires 2010

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