Le CAPSU milite de longue date pour imposer une formation aux premiers secours lors d’accident de la route intégrée à la formation au permis de conduire. Malgré son intérêt et toutes les démarches entreprises auprès des gouvernements successifs et des législateurs, cette formation n’est toujours pas entrée dans les faits.

Le projet des « 5 gestes qui sauvent » (formation pratique de quelques heures [1], obligatoire pour la délivrance d’un permis de conduire – toutes catégories), date de 1967. Repris par diverses associations, il a été intégré définitivement et exclusivement dans les statuts modifiés du CAPSU en 1999.

En 1972, la première édition d’une petite brochure présente les « 5 gestes » avec des mots-clés [2], faciles à retenir par tous (Alerter – Baliser – Ranimer – Compresser – Sauvegarder). Le projet de brochure fut soumis au Professeur Marcel Arnaud, créateur du secourisme routier dans notre pays, qui apportera quelques retouches de détail et de ce fait (écrira-t’il) son agrément, son accord, à son contenu.

1er mémoire sur les « 5 gestes qui sauvent » (1981), synthèse
CAPSU
La pyramide des « 5 gestes qui sauvent »
CAPSU
Fiche de synthèse chronologique des « 5 gestes qui sauvent »
CAPSU

Dès les premières années, des démarches auprès de parlementaires ont tenté de convaincre les pouvoirs publics d’intégrer une telle formation lors de la préparation du (ou des) permis de conduire. Ces démarches se sont poursuivies durant vingt années, sans succès, les ministères concernés (Transports, Intérieur, parfois celui de la Santé) prétendant soit de la difficulté de mettre en place une telle formation, soit du désaccord de médecins français ou étrangers, donc le risque de mal faire par les témoins (insuffisamment formés) donc le danger d’aggraver l’état des victimes de la route (qui sont des polytraumatisés [3]).

Devant ce blocage permanent devenu incompréhensible, puisque plusieurs pays européens avaient entre temps mis en place une formation identique obligatoire pour les candidats à un permis de conduire (Allemagne (RFA) en 1969, Autriche en 1973, Suisse en 1977, sans évoquer les pays nordiques), une première proposition de loi fut déposée par un député (RPR) du Nord, Patrick Delnatte, en 1997.

Ce même député redéposera la proposition de loi dès la nouvelle législature en 2002 et sera l’auteur d’un amendement à un projet de loi concernant la sécurité routière afin d’y introduire une « sensibilisation des candidats aux permis de conduire aux gestes de premiers secours », en 2003. Devenu un article additionnel au projet de loi adopté par les commissions des lois de l’Assemblée nationale et du Sénat puis lors des votes.

Hélas, cet article, intégré dans la loi, qui devait faire l’objet d’un décret d’application, conçu comme une période de préparation (sensibilisation) des candidats aux permis de conduire (et cela en accord entre le rapporteur du projet de loi à l’Assemblée, le cabinet du ministre des Transports de l’époque M. De Robien, le député auteur de l’amendement et du CAPSU) n’a jamais été appliqué malgré de nombreuses interventions parlementaires. Il est resté lettre morte jusqu’à ce jour. La situation est ainsi bloquée.

Or, il n’existe plus aucun obstacle à la mise en place d’une telle formation pratique de 4 heures, car toutes les objections préalables du ministère des Transports ont été levées. D’abord le coût puisque, estimé à environ 25 € par candidat, il serait pris en charge par les stagiaires eux-mêmes et non par l’État, somme modique qui n’alourdirait pas la charge financière donc le coût final d’un permis de conduire.

Également le fait que les « 5 gestes » qui ne concernent que l’accident de la route sont en deçà du programme de formation de base du secourisme en France (donc insuffisant). Or, toutes les associations de secourisme proposent des formations courtes, de quelques heures, afin d’apprendre quelques gestes et non tout le programme de formation de ce que l’on appelle aujourd’hui le « PSC » (Prévention et secours civiques), formation de 10 heures minimum, impossible à rendre par contre obligatoire pour l’obtention d’un permis de conduire.

Nous sommes donc dans une impasse et les pouvoirs publics ont une lourde responsabilité en la matière, car, en repoussant une formation dans le cadre de la préparation d’un permis de conduire, ils n’agissent pas dans le sens d’une diffusion de masse du secourisme puisque, pour ce qui est de l’Éducation nationale, seuls 10 % d’une classe d’âge sont formés chaque année aux gestes de premiers secours.

Le passage « obligé » de la préparation d’un permis de conduire demeure, depuis l’abandon du service militaire, la seule occasion qui nous reste de former les citoyens usagers de la route à la conduite à tenir face à un accident de la route et aux blessés en détresse qui vont mourir avant l’arrivée des secours.

En septembre 2007, une nouvelle proposition de loi, reprenant celle du député du Nord Patrick Delnatte qui ne se représentait pas, a été déposée par le député (UMP) du Haut-Rhin Jean Ueberschlag [4]. Nous en sommes là à ce jour.

Sur le Web : Le CAPSU sur secourisme.net

Notes

[1La formation uniquement pratique, prévue en 5 heures, en deux séances, a été expérimentée à plusieurs reprises au sein d’associations. Un projet pédagogique a été conçu. En 2007, le temps de formation, détaillé, a pu être ramené à 4 heures

[2Les mots-clés ont ensuite été changés pour une meilleure compréhension : Ventiler a remplacé Ranimer, Comprimer a remplacé Compresser ; et chaque mot a été commenté, par exemple : Sauvegarder le blessé inconscient, le tourner sur le côté.

[3Le terme même et sa définition ont justement été proposés par le Professeur Marcel Arnaud lui-même (voir à ce sujet les quatre tomes publiés à ce jour sur son œuvre par le CAPSU).

[4Assemblée nationale, Proposition de loi de M. Jean Ueberschlag visant à introduire dans la formation des futurs usagers de la route l’apprentissage de la conduite à tenir en cas d’accident de la route, n° 221, déposée le 27 septembre 2007 http://www.assemblee-nationale.fr/1...

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