Le volume 3 des Mémoires d’un secouriste, pour la période de juin 1970 à septembre 2012, de 704 pages, comprenant de nombreux documents et courriers inédits avec les pouvoirs publics (Présidents de la République, Premiers ministres, ministres, parlementaires, cabinets ministériels et services de l’Etat...) vient d’être édité par Didier Burggraeve.

Il comprend 10 chapitres ainsi que des photos de cette période, des documents historiques sur le secourisme et une bibliographie reprenant les publications précédentes de l’auteur et du CAPSU.

Sommaire

Dédicace « A Catherine »
Introduction
Après la Brigade
La Fondation de la Vocation
Les ESPC et 1971 - 1972
L’U N P C
L’E P I
L’A N U R
La brochure « 5 gestes »
Les députés et les ministères 1971 - 1972
Le secourisme à cette époque
Photos
Documents
Annexes - Presse
Bibliographies

Introduction

Ce troisième volume est bien sûr la continuité des deux précédents. Il retrace mon action, mon activité, depuis mon retour de la Brigade, la « bourse de la Vocation » qui m’apportera, de par la notoriété de l’institution créée par Marcel BLEUSTEIN-BLANCHET, de nouvelles possibilités, un accès à de nouveaux médias (radios, télévisions, presse nationale). Et le contact des pouvoirs publics au niveau national.

En relisant le volume 1 (écrit et imprimé en 2010), je crois avoir bien exprimé ce que furent pour moi ma découverte du secourisme (le premier brevet au programme le plus court, celui de SST) puis mon apprentissage au sein de la Croix-Rouge ainsi qu’auprès des sapeurs-pompiers de Roubaix et de ses moniteurs (de secourisme).

Pas facile (à 17 ans) de travailler (45 heures/semaine à l’époque - on ne se plaignait pas de ce temps de travail - nos aînés avaient fait beaucoup plus), de poursuivre ma formation professionnelle (Groupe Pigier d’abord pour achever la formation payante jusqu’au bout), puis par des « cours du soir » pour préparer le CAP puis le BP de comptabilité. Enfin et surtout le secourisme, avec mon engagement rapide dans les équipes « actives » de la Croix-Rouge, les équipiers secouristes. Mais on sait faire son possible, donner son maximum quand on le veut.

La profession de sapeur-pompier était pour moi à ce moment là la seule capable de me permettre de porter secours aux accidentés (essentiellement de la circulation), ainsi qu’aux « asphyxiés », terme que l’on employait pour citer les intoxications pour le CO (monoxyde de carbone), asphyxies par le gaz de ville (différentes), noyades (Nous avions un canal qui traversait toute l’agglomération), les accidents dits domestiques (électrisation ou électrocution, intoxications médicamenteuses), etc.

C’est pourquoi aussitôt mes brevets obtenus (Secouriste de la Protection Civile et de la CRF) début 1966, je m’inscrivais afin de suivre la formation complémentaire de « spécialiste en asphyxie ».

Mes « interventions » personnelles, que ce soit pour des accidents du travail mais surtout sur la voie publique, me confirmaient l’ignorance totale du public, complétée par une passivité déconcertante, à l’exception des commentaires habituels ou autres réflexions plus nulles les unes que les autres sur les lieux mêmes de l’accident !

Il est tout à fait compréhensible donc normal que je me sois intéressé à la préparation de cette population, son information (expliquer - convaincre) puis sa formation. D’où mes premières initiatives, au sein de la MJC de Croix (il n’y en avait pas encore une à Roubaix où j’habitais), les démonstrations dans la rue même… à l’entrée de la CRF, dans les établissements scolaires enfin, preuve que je voulais agir partout où cela était possible donc nécessaire. Transmettre l’essentiel (donc à tous) et récupérer au passage ceux et celles qui voudront aller plus loin avec une formation plus détaillée.

Je constate que dans ce premier volume (1965-1967), les deux premières personnes citées (page 6) ont été les docteurs Norbert VIEUX et Pierre JOLIS, que nous devons retenir comme des pionniers du secourisme d’après guerre.
Certes, on retrouvait des techniques issues d’un secourisme « de guerre », mais elles pouvaient être utiles face à des circonstances particulières. En « temps de paix », il peut y avoir des incendies, des explosions, des cataclysmes…
Puis en page 9 je citais Marcel ARNAUD.

A la relecture du volume 2 (1967-1970 jusqu’au dépôt en juillet de ma candidature à la Fondation de la Vocation), je pense retrouver ce qui très vite m’animait. C’est-à-dire comprendre et, rapidement, agir ou au moins proposer des solutions.

Car (pages 107-108), ma lettre du 11.5.1968 au docteur Etienne SAVINEL (médecin hospitalier et par ailleurs adjoint au maire de Roubaix chargé de la Santé), évoquait ces solutions. Il s’agissait d’un numéro unique et national d’appel des secours, afin d’en éviter plusieurs, soit à sept chiffres (Paris), à six (Province), ou à deux chiffres comme c’était le cas. Il fallait gagner du temps sur cette période de l’alerte, source de gain en vies humaines.

J’avais spontanément proposé le 707 sur les cadrans téléphoniques manuels de l’époque, chiffres qui correspondaient aux lettres SOS. Cette proposition (ainsi que la formation à des notions de secourisme dans le cadre de la préparation du permis de conduire) furent exposées, devant mon général (CASSO) lors de ma participation en cette fin d’année 1968 à une réunion (la première) de l’UNPC, à l’invitation de son président, Jean LAURENT-PERUSSEL, à qui on avait signalé (plusieurs officiers de l’Etat-major) l’engouement (mais c’était aussi une passion réfléchie) de ce jeune sapeur-pompier pour le secourisme. C’était exactement le lundi 16 décembre 1968, j’étais à la Brigade depuis dix-huit (numéro des pompiers) mois.

Et c’est à cette première réunion que je rencontrais pour la première fois Paul REYNAËRT, qui en était le secrétaire général. Il était autour de la table. Je ne l’avais pas remarqué, lui m’observait. J’ai déjà expliqué la suite. Mais dans ce volume d’autres détails confirmeront le rôle considérable qu’il prendra dans ma vie de jeune adulte, en formation et en devenir.

Ainsi, assez vite (soit un peu plus de trois ans après mes formations et mes premières actions) j’avais défini ce qu’il fallait entreprendre donc décider (les pouvoirs publics donc l’Etat), soit l’apprentissage de quelques gestes de secours par les usagers de la route afin de limiter au maximum ce carnage sur nos routes, un numéro national et unique pour alerter les secours ; par ailleurs l’amélioration des programmes de formation et le recyclage pour les secouristes, s’attaquer au fléau de l’alcool au volant.

Près de cinquante années plus tard, au moment de la rédaction de cette période, le constat ne peut être que désolant et amer !

Pour la formation des usagers de la route, soit les « 5 gestes qui sauvent », les dits pouvoirs publics ont été incapables de la mettre en place. En 2015, les nouvelles propositions de loi (de 2012) n’ont pu aboutir seulement qu’à ajouter quelques diapositives parmi les 1000 prévues, concernant les « gestes de premiers secours ».

Une question est quand même retenue, sur ce thème, obligatoire, lors de l’examen théorique du Code de la route sur les quarante prévues. Nous n’en sommes qu’à ce stade !
Concernant le numéro national unique d’appel des secours, on en parle de plus en plus et certains évoquent le numéro 112, retenu par l’Union européenne, afin que les étrangers de passage dans l’un des pays sachent que c’est ce numéro qu’il faut appeler. Mais pour les français, nous en avons de multiples.

Enfin, la lutte intensive contre l’alcool au volant n’aura pas été à la hauteur de ce fléau car cinquante années également après les chiffres calamiteux du docteur Claude GOT, environ 30 % des accidents mortels en sont toujours la cause principale !

J’avais donc raison très rapidement (lettre au président de l’UNPC, Jean LAURENT-PERUSSEL du 19.12.1968 - volume 2, pages 163-164), de penser et de proposer un « projet de loi ». Mais comme l’exécutif a toujours prétendu que c’était « règlementaire », il n’y en aura jamais ! D’où une première « proposition de loi », qui doit émaner alors d’un parlementaire (député ou sénateur), en 1997 seulement !

Ma « pétition de 10 000 signatures » avec un démarrage officiel le 24 septembre 1967, ne sera déposée au cabinet du ministre de l’Intérieur qu’en août 1972.

Si j’estime être sorti de la Brigade insatisfait, je l’avais déjà été auparavant après mon passage à la CRF, puis avec la FNS. Car, dans mon domaine d’action, le secourisme, puis par la suite la prévention des accidents, je souhaite et exige la perfection qui n’existe (hélas) pas ! Donc, impossible d’être totalement satisfait, on peut toujours faire mieux, faire plus !

Dès les premiers jours de 1969, je ne pensais pas seulement au permis de conduire pour enseigner à tous les « gestes qui sauvent », mais également à l’Éducation nationale (page 187 - volume 2).

Dès l’automne 1967 (à la compagnie de Ménilmontant), en 1968 (à l’État-major) puis ensuite par mes contacts avec tous les organismes ou les personnes qui pouvaient être concernés par mes initiatives et mes projets, mes démarches deviendront permanentes, tous les jours, multiples ; avec des brouillons, parfois quelques-uns - ou des notes - lors des trajets très longs entre Paris et Roubaix ou inversement.

Car chaque instant disponible devait être utilisé. J’avais, je l’estimais, beaucoup à faire ainsi que beaucoup « à apprendre », en même temps, pour me former et pour imaginer les actions à entreprendre, ma stratégie.

Les difficultés, je les ai connues très rapidement, à cause de la turpitude des gens (et des organisations), le plus souvent par jalousie (comme le confirmera le président d’honneur du CAPSU, Paul REYNAËRT, de nombreuses années plus tard).

Lors d’une lettre à l’un de mes futurs « adjoints » des ESPC, le 7.10.1968 (volume 2 - pages 147-148), j’évoquais même la possibilité d’écrire au président de la République, le Général DE GAULLE. Je n’en ai pas eu le temps, je l’ai souvent regretté, mais j’étais encore trop jeune ainsi qu’au début de mon action. Mais ce fut ensuite le cas pour ses successeurs.

Mon passage à la Brigade fut toutefois très utile car il me permettait, sur place, à Paris, de pouvoir contacter tous ceux qui devaient l’être, à mon avis.
J’avais été reçu à l’INS, avenue Montaigne, par le directeur-adjoint, M. Louis CHARBONNIER. Il me prit au sérieux, malgré mes nombreuses anticipations. Pour voir jusqu’où allaient mes certitudes, il me dressera un tableau des contraintes lorsqu’une organisation (association) prend de l’envergure : sollicitations, déplacements, conférences, réunions… Je ne lui manifestais aucune inquiétude et admettais les obligations de tout « responsable ».

Mais je n’en étais pas à ce stade. Je devais déjà m’affronter aux interdictions militaires. Mon association (nationale) SOS ACCIDENTS DE LA ROUTE ne verra jamais le jour. Ce furent uniquement des équipes de secouristes locales (les ESPC). Mais je pris une sorte de revanche avec l’ANUR quelques années plus tard.

Avide de recevoir la documentation publiée par l’INS sur le secourisme du travail dont il avait la charge (programme et organisation), je m’étais aussi inscrit pour suivre un « cours par correspondance » sur l’hygiène et la sécurité du travail. Tout cela était mené de front.

Je n’avais donc pas manqué de relever dans leur revue « Travail et Sécurité », de novembre 1973, l’INS étant devenu l’INRS (Recherche en plus), un article détaillé sur le départ à la retraite de M. CHARBONNIER. J’avais gardé un bon souvenir de notre rencontre. Comme quelques autres personnalités par la suite, il m’avait pris au sérieux et pensais que je pouvais apporter quelque chose.

On le verra, mes lettres aux parlementaires, essentiellement les députés, élus directement par les citoyens, commençaient à faire réagir les ministres interrogés qui devaient de plus en plus clarifier leur position.

Mais répondre qu’il était impossible d’ajouter quelques notions de secourisme au permis de conduire, c’était plutôt ne pas vouloir s’encombrer de cette demande, dont la faisabilité était pourtant confirmée puisque cette proposition venait d’être appliquée en Allemagne (RFA), comme je le mentionnais dans ma lettre avec le député Michel BOSCHER du 26.11.1969 (Pages 295 et 296 du volume 2). Quelle contradiction (déjà) avec la position des pouvoirs publics français !

Au fur et à mesure de la rédaction de ces lettres, des réponses, peu nombreuses, des députés et celles des différents ministres impliqués, j’ajustais les miennes, plus précises, avec des arguments complémentaires.

Ainsi il s’agissait bien d’une formation uniquement pratique (exercices) et non de simples questions. Surveillée en permanence, mais sans examen. Ce qui était alors nouveau et contraire à ce qui se faisait pour toutes les formations au secourisme.

Formation bien sûr assurée par des moniteurs (diplômés par le ministère de l’Intérieur), ce que semblait ignorer celui de l’Equipement, en charge des Transports, donc des textes sur le permis de conduire. Et non uniquement par des « médecins » !

La confusion, volontaire ou par méconnaissance du sujet, dès les premières démarches, avait été que, pour l’Équipement, on pensait qu’il fallait former des secouristes, en rapport avec le programme complet !
Et même le préfet directeur du SNPC me répondra de la même manière, en confirmant que former au BNS tous les candidats aux permis de conduire était impossible…

C’était pourtant simple à comprendre. L’objectif était uniquement de préparer nos concitoyens - usagers de la route - à des gestes, donc capables de porter secours, face aux détresses, celles qui tuent avant l’arrivée des secours si l’on ne fait rien sur place !

Les « frais » avancés, le coût éventuel (organisation) étaient dérisoires. C’était un mauvais prétexte, soit pour gagner du temps, soit pour mettre en sommeil cette demande.

Pour former des secouristes à Wasquehal et à Flers, en 1969 et 1970, nous demandions une « participation » symbolique de 10 francs par adulte (soit 1,52 €) et de 5 francs soit de 0,76 € pour les moins de vingt ans ! Pour à l’époque 14 séances de formation de deux heures et deux-trois séances de « révision ».

Le volontariat de la population, le plus souvent des jeunes, à se former au secourisme, ne devait pas être entravé par une somme à payer ! Pour moi, se former au secourisme devait être gratuit ! Cette participation minime couvrait les frais de l’association, pour son fonctionnement puis, pour assurer chaque « élève » en cas d’accident.

Ces réponses, ces explications, ces impossibilités, cette argumentation des « pouvoirs publics », tout cela n’était pas sérieux et il me revenait de les contester par des arguments indiscutables, le plus souvent contraires à ceux qui étaient utilisés en réponse aux députés.

Je découvrais alors qu’il me fallait faire la différence entre tel ou tel haut fonctionnaire qui pouvait comprendre et être d’accord, avec les cabinets, qui, chargés de rédiger les réponses, exprimaient alors le contraire. Ce fut le cas avec M. EISENMANN, conseiller du Premier ministre ; ensuite avec René COIRIER, haut fonctionnaire courageux au ministère de la Santé, sachant comment se positionner et agir au sein de la redoutable machine administrative.

Ce volume détaillera tous mes efforts pour y arriver, pour continuer également à diffuser le secourisme et participer activement par des propositions, des idées, des solutions à épargner des vies !

Comme l’écrira pour moi Paul REYNAËRT, ma Vocation, c’était sauver des vies !

mémoire vol. 3
p. 613
CAPSU
mémoire vol. 3
p. 614
CAPSU
mémoire vol. 3
p. 615
CAPSU

Voir aussi : Le 2e tome des mémoires d’un secouriste de D. Burggraeve bientôt disponible

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