Le président du CAPSU a écrit au centre d’analyse stratégique (CAS), qui vient de publier une série de propositions [1] en faveur de l’apprentissage des gestes qui sauvent. Il s’étonne du fait que le CAS n’a pas évoqué le projet des 5 gestes qui sauvent aux permis de conduire. Voici son texte.

Objet : Votre note d’analyse sur les "gestes de premiers secours"

Madame, Monsieur,

J’ai pris connaissance de votre note et de vos six propositions. Je souhaitais vous transmettre mes premières impressions et commentaires.

Je m’intéresse au secourisme depuis mon plus jeune âge et ai passé mon premier brevet de secourisme (le SST que vous citez dans votre analyse de la situation) avant l’âge de 17 ans puis suivi tous les échelons, devenant moniteur de secourisme de la CRF avant mon entrée à la BSPP, en créant ensuite des associations de secouristes ainsi que le CAPSU (en 1975) au nom duquel je vous écris aujourd’hui.

En première page de votre note pour présenter le problème, car c’en est un, vous parlez de « l’intervention d’un témoin » avant l’arrivée des secours, ce qui est au coeur de l’intervention de tout citoyen face à une détresse. Plus loin, vous rappelez ce que nous savons depuis toujours et répétons sans cesse « sont démunis en cas d’accident ».

Comment avez-vous pu donner des exemples et des références sans citer le projet des « 5 gestes qui sauvent » face à un accident de la route (puisque vous parlez d’accident). Est-ce par ignorance de ce concept proposé aux pouvoirs publics dès 1967, ou parce que vous estimiez non pertinent de le citer (?).

L’Autriche, que vous citez, a mise en place une formation obligatoire pour obtenir un permis de conduire en 1973, ce qui est pour quelque chose dans les « 80% des Autrichiens initiés aux gestes qui sauvent ».

Le numéro « unique », pour la France, a été proposé en 1968, par moi-même, à une réunion tenue par l’UNPC à l’Etat-Major de la BSPP et, en ce qui concerne votre proposition qu’on ne peut qu’approuver : « messages plus courts, plus ciblés »... pour en « faciliter l’assimilation », je ne peux que vous suggérer de prendre connaissance en pièce jointe de la couverture de la brochure (gratuite, diffusée à plus de 600 000 exemplaires) qui explicite ce que vous recommandez.

Hélas, les services du Premier ministre auxquels vous êtes rattachés et qui ont tous nos dossiers dans leurs archives, n’ont pas eu le temps de vous les transmettre ou vos recherches n’ont pas été assez précises pour découvrir qu’en France, existait un projet de formation, par un stage pratique de 4 heures, les « 5 gestes qui sauvent », objet d’une proposition de loi en attente actuellement au Sénat.

En souhaitant que vous puissiez prendre connaissance de ce projet, je voulais donc par ce premier message attirer votre attention sur cet oubli de votre part.

Je vous prie de croire, Madame, Monsieur, à mes sincères salutations.

Didier BURGGRAEVE, président du CAPSU.

mise à jour du 23/02/2013

Réponse du CAS :

Monsieur,

Nous avons lu avec intérêt vos commentaires et vous en remercions.

Lors de nos recherches et de nos entretiens, nous avons eu connaissance de la démarche des « 5 gestes qui sauvent » qui s’inscrit effectivement pleinement dans un effort de simplification des messages. Nous ne l’avons pas mentionnée, sans doute à tort, car les contraintes éditoriales nous obligent à faire des choix.

De la même manière, nous avons seulement indiqué que « le projet de rendre obligatoire le PSC1 pour l’obtention du permis de conduire (…) a été proposé à plusieurs reprises en France ». Nous avons bien noté que 23 pays sur le continent européen ont déjà instauré une formation dans le cadre du permis. En France, une telle mesure pourrait, à n’en pas douter, utilement compléter les apprentissages dispensés au collège et à la JDC.

Comme vous l’aurez constaté, cette note d’analyse balaye un nombre assez conséquent de questions en lien avec le secourisme, toujours avec le souci de voir ce qu’il se passe chez nos voisins étrangers.

Nous tenons à saluer votre implication au sein du CAPSU et nous tenons disponibles si vous souhaitez échanger avec nous plus longuement sur ces différents points.

Sincères salutations,

Mathilde Reynaudi et Sarah Sauneron
Chargées de mission Département Questions sociales
Centre d’analyse stratégique

mise à jour du 24/02/2013

Réponse au CAS :

Madame,

J’ai bien reçu votre réponse, ce 22 février, et je vous en remercie, suite à mon mail car je m’étonnais que vous n’ayez pas cité dans votre « analyse » le projet français, de 1967, des « 5 gestes qui sauvent » face à un accident de la route.

Il n’a jamais été question de proposer de former les candidats aux permis de conduire au « PSC1 ». C’est à cause de cette confusion et d’un programme trop théorique et long (environ 8 heures) que la décision d’un CISR en novembre 1974 de former les candidats aux permis de conduire aux « gestes de survie » a été abandonnée au début des années 80.

Vous citez abondamment plusieurs autres pays, c’est bien, mais ces pays ne se posent pas des questions ridicules en permanence, ils ont agi, ils forment leur population aux gestes qui sauvent et ont compris que le moment de la préparation d’un permis de conduire était favorable pour compenser les carences que nous constatons toujours dans notre pays en 2013 - et que je dénonce depuis 40 ans !

Puisque vous avez mentionné la campagne « 1 vie = 3 gestes » de la FFC que nous approuvons totalement et que nous relayons, qui ne date que de quelques années, il est incompréhensible (et inadmissible) que vous ayez cru devoir ne pas évoquer les « 5 gestes qui sauvent ». Vous aviez à votre disposition un rapport parlementaire exceptionnel, celui du député Bernard GERARD, qui vaut bien la note que vous faites circuler.

En conséquence, je ne peux que vous suggérer de prendre connaissance, dans la pièce jointe, de l’étude que j’avais publiée en 1999 sur les « 5 gestes » car j’espérais ainsi, en adressant ce mémoire aux pouvoirs publics, ne plus avoir à constater l’ignorance voire la bêtise de certains services administratifs.

Mais si votre note sert quand même à alerter les pouvoirs publics actuels, peut-être leur expliquerez-vous que nous n’arriverons - hélas - jamais à former tous nos concitoyens à ces gestes de survie dans le cadre scolaire. Je suis ce dossier depuis 40 ans. Nous n’avons formé en 2012 qu’environ 110 000 jeunes (sur une clase d’âge de 750 à 800 000 jeunes).

En conclusion de ce nouveau commentaire, je souhaite l’achever en reprenant, page 2 de votre texte, votre constatation : « Pendant longtemps, les citoyens ont été tenus à l’écart du secours à la personne ». Pour vous proposer de répondre à cette question : Pourquoi ? Et à en imputer la responsabilité à ceux à qui on a confié la responsabilité de la diffusion du secourisme à la population et qui nous ont mis dans la situation que vous décrivez.

Je vous prie de croire, Madame, à mes sincères salutations.

Didier BURGGRAEVE, président du CAPSU.

Sur le Web Le CAPSU sur secourisme.net

Notes

[1Gestes de premiers secours, une responsabilité citoyenne. Note d’analyse n°321, février 2013 http://archives.strategie.gouv.fr/c...

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Le centre d’analyse stratégique ignore le projet des 5 gestes qui sauvent aux permis de conduire

24 février 2013 par labourel

Bravo et merci à toutes les personnes qui savent ce que c’est que secourir son prochain et bientôt à tous ces jeunes qui en apprenant les "5 gestes qui sauvent" contribueront à plus de fraternité en adoptant ces principes avec leur futur permis de conduire.

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