Les fiches pédagogiques et techniques de la formation aux activités de premiers secours en équipe (CFAPSE) sont retranscrites ici. Seul le texte a été conservé, les images ne pouvant pas être reproduites. Cette page doit servir pour information seulemement. Pour un usage officiel, on se reportera à l’édition de France Sélection [1]

SOMMAIRE

E1 — L’équipe de secouristes
E2 — Bilan
E3 — Dégagements d’urgence
E4 — Relevages
E5 — Brancardage
E6 — Hémorragies - Plaies - Brûlures
E7 — Liberté des voies aériennes
E8 — Ventilation artificielle avec matériel
E9 — Oxygénothérapie - massage cardiaque externe
E10 — Immobilisations

E1 - L’ÉQUIPE DE SECOURISTES

Savoir ce qu’est une équipe de secouristes.

Savoir comment elle s’intègre dans les plans de secours.

I - INTITULÉ

Savoir ce qu’est une équipe de secouristes.

Savoir comment elle s’intègre dans les plans de secours.

II. - JUSTIFICATION

Une équipe de secouristes est un élément structuré, hiérarchisé, doté d’un matériel adapté qui intervient dans un cadre précis.

Il est donc nécessaire de définir :
 la composition d’une équipe de secouristes et son organisation ;
 les missions qui peuvent lui être confiées ;
 l’équipement dont elle doit disposer ;
 les modalités de son engagement ;
 le cadre juridique de son exercice.

Les équipes de secouristes peuvent être, quelle que soit leur appartenance, intégrées dans des plans de secours. Les équipiers doivent donc connaître l’organisation des secours telle qu’elle existe en France, à tous les niveaux (national, zonal et régional, départemental et communal), même si l’éventualité la plus fréquente de cet engagement concerne une opération menée aux échelons départemental et communal.

Il faut, en effet, que les équipiers puissent reconnaître, dans l’éventualité de l’engagement de l’équipe dans un plan de secours, le représentant de l’autorité sous laquelle ils seront placés et les structures dans lesquelles ils évolueront.

III. - OBJECTIF

Prendre conscience de la nécessité :
 d’être à plusieurs pour pouvoir réaliser certaines techniques ;
 de l’existence d’un chef pour coordonner l’exécution de ces techniques ;
 de comprendre l’intérêt d’utiliser du matériel ;
 de percevoir le rôle d’une équipe à travers des exemples vécus ;
 de connaître succinctement l’organisation des secours en France pour pouvoir y être intégré.

IV. - DÉVELOPPEMENT

I. - SAVOIR CE QU’EST UNE ÉQUIPE DE SECOURISTES.

A) COMPOSITION ET ORGANISATION :

Une équipe de secouristes comprend :
 un chef ;
 au moins deux équipiers (un effectif de quatre équipiers est le plus adapté).

Le chef d’équipe, âgé de plus de 18 ans, est désigné par le responsable de l’organisme qui met en place l’équipe. Il reçoit de ses propres responsables et des autorités dont il relève des instructions qu’il applique. Pour cela, il donne les ordres, veille à leur exécution, s’informe de l’évolution des victimes prises en charge par l’équipe et de l’événement pour lequel elle intervient.

De plus :
 il veille à la sécurité des victimes et des secouristes ;
 il est responsable de l’attitude de ses équipiers (comporte-mentale et technique) ;
 il rend compte des activités de l’équipe à l’autorité dont il relève.

Tous les secouristes constituant l’équipe sont titulaires du Certificat de Formation aux Activités de Premiers Secours en Équipe (C.F.A.P.S.E.).

Ils doivent, par ailleurs, présenter un état de santé permettant la réalisation d’efforts soutenus dans les conditions réelles d’exercice, état attesté par un certificat médical périodique.

B) RÔLE DES ÉQUIPES DE SECOURISTES :

Seules ou en association avec les services de secours publics (notamment les sapeurs-pompiers, le S.A.M.U.), les équipes de secouristes interviennent dans les opérations de secours à victimes.

Elles peuvent assurer un ou plusieurs postes de secours pour effectuer les gestes de premiers secours lors d’événements programmés, à la demande de structures publiques ou privées.

Elles représentent une réserve opérationnelle pour les situations d’exception et peuvent participer aux exercices qui les simulent.

C) ÉQUIPEMENT :

1° ÉQUIPEMENT INDIVIDUEL :

  En situation habituelle , les secouristes doivent porter une tenue vestimentaire et des chaussures adaptées aux conditions climatiques du moment, au « terrain » (zone urbaine, zone rurale, région montagneuse, ...) et à la mission qui leur est confiée. Le chef d’équipe doit pouvoir facilement être identifié.

  En situation d’exception et au cours des exercices la simulant, les secouristes doivent être facilement identifiables, dotés d’un équipement spécifique.

2° ÉQUIPEMENT COLLECTIF MINIMAL POUR TENIR UN POSTE DE SECOURS :

Le poste de secours est un lieu où sont regroupés des équipiers et leurs matériels ; ce lieu peut être un abri fixe (en dur ou sous tente) ou mobile (véhicule). Les personnels et les matériels sont fonction de la mission.

La dotation minimale est constituée de :
 un brancard ;
 quatre sangles de manutention, deux de six mètres, deux de quatre mètres ;
 un lit ou un deuxième brancard ;
 deux draps ;
 deux couvertures dont l’une au moins « métallisée » ;
 un portoir souple ;
 un dispositif d’administration d’oxygène : réserve d’au moins un mètre cube, bloc(s) mano-détendeur(s), débitmètre(s) et tuyau(x) de longueur suffisante (1,5 m) ;
 un dispositif portable d’aspiration avec canules d’aspiration oro-pharyngée ;
 un ballon auto-remplisseur avec ballon-réserve ou, à défaut, tuyau-réserve avec jeu de masques et embouts buccaux ;
 du matériel d’immobilisation (attelles pour membres, colliers cervicaux, matelas immobilisateur à dépression, moyens de calage, ...) ;
 une mallette de matériel permettant de réaliser la désinfection et le pansement des plaies simples, l’emballage des plaies graves et l’arrêt des hémorragies ;
 un moyen de liaison avec les services publics (sapeurs-pompiers, S.A.M.U.) ;
 des moyens d’éclairage ; une boîte à outils ;
 une réserve d’eau potable d’au moins 20 litres ou 2 récipients de 10 litres ;
 des plans et cartes routières ; des gants de protection à usage unique ; des sacs poubelles.

D) MISSIONS ET ENGAGEMENT DES ÉQUIPES :

Les équipes de secouristes participent aux actions de secours, que celles-ci soient ordonnées par leur organisme d’appartenance ou par une structure de secours publics.

En particulier, elles peuvent intervenir :
 en renfort, à la demande du maire ou du préfet, des sapeurs-pompiers, des S.A.M.U. ;
 pour assurer de façon anticipée et du fait de risques potentiels ou prévisibles, une présence au cours de manifestations diverses, ceci à la demande des services publics mention-nés ci-dessus ou d’une structure privée.

Pour pouvoir être intégré dans une opération de secours, chaque organisme ou association disposant d’équipes doit pouvoir être alerté selon une procédure définie en accord avec les servi-ces publics. L’alerte doit pouvoir être transmise à un seul numéro d’appel communiqué aux services et autorités concernés (préfecture, sapeurs-pompiers, S.A.M.U.).

Il appartient à chaque association ou service d’organiser l’alerte de ses effectifs et leur engagement.

II. - PLACE DES ÉQUIPES DE SECOURISTES DANS LES PLANS DE SECOURS.

A) INTRODUCTION :

Le ministre de l’Intérieur définit et met en oeuvre l’ensemble des mesures de prévention et de secours. Il conduit la politique de Sécurité civile avec les autres ministres concernés et la fait appliquer par des structures qui lui sont propres.

B) LES STRUCTURES D’INTERVENTION :

1° A L’ÉCHELON NATIONAL.

La Direction de la Sécurité Civile (D.S.C.) constitue le rouage administratif et le levier opérationnel des secours.

a) Les missions :
 études et prévention (analyse des risques et moyens de s’en prémunir) ;
 formation des personnels, en particulier des secouristes ;
 opérations (préparation et mise en oeuvre de plans de secours).

b) Les moyens :
 le Centre Opérationnel de la Direction rie la Sécurité Civile (C.O.DI.S.C.) ;
 les sapeurs-pompiers (professionnels, volontaires, militaires) ;
 les Unités d’Instruction et d’Intervention de la Sécurité Civile (U.I.I.S.C.), formations militaires où peut être effectué le service national ;
 des moyens de secours spécialisés (groupement d’hélicoptères, avions bombardiers d’eau, service de déminage) ;
 les Associations de secouristes ; elles sont agréées et participent aux opérations de secours.

2° A L’ÉCHELON ZONAL.

Le préfet de zone est chargé de la préparation des mesures de sauvegarde et de la coordination des moyens de secours publics et privés dans sa zone. Il prépare le plan ORSEC de zone.

3° A L’ÉCHELON DÉPARTEMENTAL.

Le préfet du département prépare, déclenche les plans de secours (plans ORSEC et plans d’urgence) et dirige les opérations dans le département en cas de mise en œuvre d’un plan de secours.

Il possède le pouvoir de réquisition des moyens de secours publics et privés qui lui paraissent nécessaires.

Au niveau départemental se situent :
 le Service d’Aide Médicale Urgente (S.A.M.U.) avec les S.M.U.R. (Services Mobiles d’Urgence et de Réanimation) et leurs Unités Mobiles Hospitalières (U.M.H.) ;
 le Service Départemental d’Incendie et de Secours (S.D.I.S.) ;
 les Associations de secouristes.

4° A L’ÉCHELON COMMUNAL.

Le maire est responsable, dans sa commune, de la sûreté, de la sécurité et de la salubrité publiques.

C) SECOURS AU QUOTIDIEN :

Les divers plans de secours ne peuvent être mis en œuvre dans de bonnes conditions que si des structures permanentes fonctionnent correctement.

1° LES MOYENS :

 les sapeurs-pompiers (environ 200 000 volontaires, 20 000 professionnels, les unités militaires que sont la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris et le Bataillon des marins-pompiers de Marseille) et les médecins du Service de santé et de Secours médical ;
 les équipes médicalisées des S.M.U.R. et leurs Unités Mobiles Hospitalières (U.M.H.) ;
 les équipes secouristes des associations ;
 la gendarmerie et la police nationale ;
 les personnels et les véhicules des entreprises de transport sanitaire.

2° L’ORGANISATION.

  Fonctionnant 24 heures sur 24 :

  • les centres 15 : Centres de Réception et de Régulation des Appels (C.R.R.A.), avec interconnexion des appels destinés aux services de police et aux services d’incendie et de secours ;
  • les centres 18 : Centres Opérationnels Départementaux d’Incendie et de Secours (C.O.D.I.S.) ;
  • les médecins libéraux qui assurent un tour de garde ;
  • les transports sanitaires qui assurent un tour de garde ;
  • les entreprises de transport sanitaire agréées ayant signé une convention S.A.M.U./S.M.U.R. - A.T.S.U. (Associations des Transports Sanitaires Urgents).

  Sur réquisition de l’autorité publique tout autre moyen estimé nécessaire.

III. - LES PLANS D’ORGANISATION DES SECOURS.

Lorsqu’il s’agit d’un sinistre important, d’une catastrophe naturelle ou technologique, des plans de secours préétablis permettent aux pouvoirs publics et aux organismes privés d’intervenir de façon coordonnée.

A) PLANS ORSEC :

1° DÉFINITION.

Les plans ORSEC (ORganisation des SECours) précisent :
 l’organigramme des secours ;
 le relevé des missions ;
 l’inventaire des moyens disponibles (en personnels et en matériels) ;
 le plan de mobilisation de ces moyens.

2° CONSTITUTION ET MISE EN ŒUVRE.

Les plans ORSEC sont arrêtés, élaborés et déclenchés par :
 le préfet de zone, lorsqu’il s’agit d’un plan ORSEC de zone ;
 le préfet du département, lorsqu’il s’agit d’un plan ORSEC départemental.

Le plan ORSEC national est élaboré par le ministre de l’Intérieur, arrêté et déclenché par le Premier ministre.

3° LES STRUCTURES DÉPARTEMENTALES.

Les structures ORSEC sont placées sous le commandement uni-que du représentant de (l’État dans le département. Il dispose :
 d’un état-major ;
 de deux postes de commandement (un à la préfecture, un sur le terrain) ;
 de cinq services opérationnels :

  • Police et renseignement,
  • Secours et sauvetage,
  • Soins médicaux et entraide,
  • Transports et travaux,
  • Liaisons et transmissions ;

 d’un service de relations publiques.

C’est au sein des services « Secours et sauvetage » et « Soins médicaux et entraide » que les équipes de secouristes sont susceptibles d’être engagées.

B) PLANS D’URGENCE :

Les plans d’urgence sont déclenchés pour faire face à des risques de nature particulière. Ils sont élaborés, arrêtés et déclenchés par le préfet du département. Ce sont

1° LES PLANS DE SECOURS SPÉCIALISÉS (P.S.S.).

Etablis pour répondre à un risque particulier mais dont la localisation ne peut être connue à l’avance (Plan POLMAR : pollution marine ; plan ACCIFER : accident de chemin de fer, ...).

2° LES PLANS PARTICULIERS D’INTERVENTION (P.P.I.).

Ciblant des risques localisés dont la nature est définie, ils établissent les mesures à prendre aux abords des installations ou ouvrages à risques (centrale nucléaire, barrage, usine chimique, ...)

3° LE PLAN ROUGE.

Plan préetabli en vue de remédier aux conséquences d’un événement susceptible d’entraîner de nombreuses victimes (attentats, accidents de transport, incendies de grande importance, ...).

Les équipes de secouristes peuvent être amenées à participer à la mise en oeuvre de l’un de ces plans de secours. Il est donc indispensable que chaque équipier connaisse les structures de commandement auxquelles il sera rattaché et les structures de fonctionnement au sein desquelles il évoluera.

IV. - STRUCTURES HIÉRARCHIQUES ET FONCTIONNELLES.

 C’est principalement dans le cadre des plans destinés à porter secours à de nombreuses victimes, dénommés « plans rouges » qu’interviennent les équipes de secouristes.

Il importe que les responsables opérationnels soient facilement identifiables.

A) LE COMMANDANT DES OPÉRATIONS DE SECOURS (C.O.S.) .

C’est le Directeur Départemental des Services d’Incendie et de Secours (D.D.S.I.S.), ou son représentant, qui assure la coordination et la mise en œuvre de tous les moyens de secours.

Il porte une chasuble de couleur jaune avec les lettres C.O.S. et son véhicule est également signalisé.

B) LE DIRECTEUR DES SECOURS MÉDICAUX (D.S.M.) :

C’est le médecin responsable du S.A.M.U. ou le médecin-chef départemental des Services d’incendie et de secours, ou leur représentant, qui est le seul compétent pour prendre des décisions d’ordre médical.

Il porte une chasuble de couleur jaune avec les lettres D.S.M.

 Dans le cadre des procédures d’organisation opérationnelle, les équipes de secouristes peuvent intervenir au niveau :

a) Des gestes de premiers secours, du ramassage et du bran-cardage jusqu’au P.M.A. (Poste Médical Avancé).

Cette première évacuation est appelée noria de ramassage (petite noria).

Les intervenants portent une chasuble ou un brassard de couleur rouge.

b) Du Poste Médical Avancé (P.M.A.), sous l’autorité d’un médecin.

Au P.M.A. s’effectuent le tri et la mise en condition des victimes qui sont réparties en U.A. (Urgences Absolues : ce sont les victimes les plus graves) et U.R. (Urgences Relatives : ce sont des blessés plus légers). Il s’y rattache également le dépôt mortuaire.

Les intervenants portent une chasuble ou un brassard de couleur blanche.

c) De la prise en charge des victimes non blessées.

d) De l’évacuation du P.M.A. vers les hôpitaux (noria d’évacuation) (grande noria).

Les intervenants portent une chasuble ou un brassard de couleur bleue.

V. - CONTRÔLE PRATIQUE DES CONNAISSANCES

Ce module ne fera pas l’objet d’une évaluation. Il devra être l’occasion d’une prise de contact avec une équipe constituée qui illustrera, sous l’animation du moniteur, son organisation et ses activités en mettant en œuvre un équipement individuel et collectif.

VI. - DURÉE

2 heures pour un groupe de 10 à 12 participants.

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E2 - BILAN

Savoir, dans le cadre de l’intervention d’une équipe :
 analyser la situation et ses risques ; effectuer un bilan complet ;
 transmettre les données recueillies.

I. - INTITULÉ

Savoir, dans le cadre de l’intervention d’une équipe :
 analyser la situation et ses risques ;
 effectuer un bilan complet ;
 transmettre les données recueillies.

II - JUSTIFICATION

Intégrées dans une structure organisée, bénéficiant d’une formation complémentaire et d’un équipement adapté, les équipes de secouristes doivent être aptes à analyser une situation qui peut être complexe, à effectuer et à transmettre un bilan structuré rendant compte de la gravité de cette situation et à agir en conséquence.

Dans ces situations, les services publics ou une autorité médicale doivent pouvoir être informés de la nature de l’intervention et de son déroulement.

C’est à la suite de ces informations que ces services pourront prendre la décision d’intervenir. C’est dire l’importance :
 de savoir apprécier une situation dans son état actuel, son potentiel évolutif et en particulier l’état de chaque personne dont la vie est menacée ou qui présente un trouble brutal et grave ;
 de savoir transmettre ces informations aux structures concernées.

III. - OBJECTIFS

 Savoir apprécier une situation, en évaluer les risques évolutifs et prendre les mesures de protection adaptées.
 Savoir apprécier l’état d’une ou de plusieurs personnes pré-sentant un trouble pouvant aller jusqu’à menacer la vie.
 Savoir transmettre des informations précises et détaillées aux services concernés lors des différentes étapes de l’intervention.
 Savoir, dans l’attente d’un renfort et après avoir réalisé les gestes salvateurs, assurer la surveillance de chaque victime.

IV. - DÉVELOPPEMENT

La réalisation d’un bilan est le préalable indispensable à toute action menée par des secouristes en équipe.

La transmission des éléments d’un bilan, des gestes effectués et des mesures prises pour répondre à la situation de détresse revêt aussi une importance capitale.

Savoir réaliser et transmettre le bilan d’une victime est le préalable indispensable à l’ensemble des activités de premiers secours en équipe. Ce module constitue donc le « pré-requis » obligatoire pour la poursuite de la formation.

I. - SAVOIR APPRÉCIER UNE SITUATION, EN ÉVALUER LES RISQUES ÉVOLUTIFS ET PRENDRE LES MESURES DE PROTECTION ADAPTÉES.

A) ÉQUIPE SOLLICITÉE EN RENFORT S’INTÉGRANT DANS UN DISPOSITIF DÉJA EN PLACE :

 dès son arrivée sur les lieux, le chef d’équipe met son personnel et le matériel dont il est doté à la disposition du Commandant des Opérations de Secours (C.O.S.) ;
 si une mission lui est confiée, il rend compte de son exécution dans les meilleurs délais.

B) ÉQUIPE INTERVENANT SEULE :

Dès l’arrivée sur les lieux, le chef d’équipe doit préciser la nature et la gravité de la situation de détresse pour pouvoir y remédier sans retard.
L’analyse rapide de la situation comporte plusieurs éléments essentiels :
 les circonstances ;
 la mise en évidence d’une détresse vitale qui impose la réalisation immédiate de gestes salvateurs.

1° LES CIRCONSTANCES.

Le chef d’équipe doit très rapidement pouvoir répondre à quatre questions :
 De quoi s’agit-il ?
 Que s’est-il passé ?
 S’agit-il d’une détresse individuelle ou d’une situation comportant plusieurs victimes ?
 Existe-t-il un risque de suraccident pour la ou les victimes ou pour les secouristes ?

A l’aide de cas concrets, le moniteur doit faire comprendre que les réponses à ces questions doivent être aussi précises que possible, sans retarder la mise en oeuvre d’éventuels gestes visant à assurer la survie. Le chef d’équipe doit rapidement déterminer :

a) S’il existe un risque de suraccident qui impose la réalisation de gestes immédiats (voir B 2 et E 3).

Exemple :

Une victime est tombée d’un escabeau sur lequel elle était montée pour laver les vitres d’une fenêtre. De nombreux débris de verre jonchent le sol. Le chef d’équipe doit, tout en rassurant la victime, prendre ou faire prendre les mesures propres à éviter le suraccident pour les secouristes et la victime.

b) S’il s’agit d’un accident ou d’un malaise apparemment bénin, grave ou très grave.

Exemples :

Au cours d’un match de football, un joueur est tombé ; il se plaint de sa cheville. Dès son arrivée, le chef d’équipe prend conscience qu’il s’agit d’un traumatisme peu grave ;

ou

Une victime est assise sur une chaise. Elle se plaint d’avoir mal dans la poitrine. Sa ventilation est rapide et semble difficile. Elle est couverte de sueurs. Il s’agit à l’évidence d’un malaise grave.

c) S’il s’agit d’un accident individuel ou d’un événement intéressant plusieurs victimes.

Exemples :

Un jeune homme a trébuché lors d’une promenade ; il se plaint de la jambe droite et ne peut se relever ; il s’agit d’un accident individuel ;

ou

A la suite d’un accident de la circulation, deux victimes gisent de part et d’autre d’une voiture. La situation est différente puisqu’il s’agit d’un accident impliquant deux victimes.

2° LA MISE EN ÉVIDENCE D’UNE DÉTRESSE IMMÉDIATEMENT VITALE.

Cette recherche doit être réalisée rapidement, dans un délai ne dépassant pas trente secondes :

a) La détresse est évidente.

  Il existe une hémorragie manifeste :

  • il convient de l’arrêter sans retard (voir cas concrets de B 4 et E 6).

  La victime présente une obstruction brutale et totale des voies aériennes liée à la présence d’un corps étranger :

  • il convient d’effectuer une manœuvre de Heimlich et de la compléter par la désobstruction des voies aériennes supérieures (voir cas concrets de B 6 et E 7) ;
  • chez l’enfant, pratiquer une manœuvre adaptée à l’âge.

b) La détresse est moins évidente.

Il faut alors déterminer si les trois fonctions vitales (conscience, ventilation, circulation) conservent des caractéristiques compatibles avec la vie.

 Apprécier l’état de conscience (voir B 3) :

  • poser une question simple ;
  • faire exécuter un ordre simple.

Exemples :

Une victime est retrouvée allongée après une chute de sa hauteur. Elle répond lorsqu’on lui demande « Comment ça va ? » et ouvre et ferme les yeux à la demande. Elle est consciente ;

ou

Dans un bureau, un homme est affalé sur une table. Il ne répond pas aux questions qui lui sont posées et n’exécute aucun des ordres qui sont formulés. Il est inconscient.

 Assurer la liberté des voies aériennes et apprécier la fonction ventilatoire (voir B 3) :

Exemple :

Un jeune homme est retrouvé allongé sur le sol. Il ne répond ni aux questions ni aux ordres. Il « ronfle » bruyamment. Le secouriste bascule prudemment la tête de la victime en arrière et élève le menton, ce qui fait disparaître le ronflement. Il vérifie ensuite la ventilation.

 Apprécier la fonction circulatoire (voir B 3) :

Un homme est allongé sur le sol ; il est immobile, inconscient ; il ne ventile pas.

Après deux insufflations, on effectue la recherche du pouls carotidien.

Si l’une de ces fonctions est défaillante :
 effectuer les gestes de survie nécessaires (voir B 3).

Les gestes nécessaires à la survie de la victime sont effectués immédiatement par un secouriste en mettant en oeuvre des techniques non instrumentales.

Pendant la réalisation de ces gestes, les autres équipiers préparent le matériel nécessaire et viennent ensuite aider ou relayer le premier secouriste.

Exemples :
  une victime inconsciente et qui ventile : P.L.S. (voir cas concrets de B 5) ;
  une victime inconsciente dont la ventilation est absente : bouche-à-bouche ou bouche-à-nez (voir cas concrets de B 6 et E8) ;
  une victime en arrêt cardioventilatoire : bouche-à-bouche et M.C.E. (voir cas concrets de B 7, E 8 et E 9).

Si le pronostic vital n’est pas immédiatement engagé ou si la réalisation des gestes de survie a permis de pallier la détresse immédiate, il convient de poursuivre l’analyse de la situation de façon plus complète et plus détaillée.

II. - SAVOIR APPRÉCIER L’ÉTAT D’UNE OU PLUSIEURS PERSONNES PRÉSENTANT UN TROUBLE POUVANT ALLER JUSQU’A MENACER LA VIE.

A) ANALYSE DE LA SITUATION

Deux situations sont à considérer :

1° IL S’AGIT D’UN MALAISE.

Il convient alors de :
 préciser les circonstances de survenue (au cours d’un effort, au repos, après un repas, ...) ;
 rechercher les signes qui évoquent un malaise grave (voir B8) ;
 préciser la localisation, l’horaire, le caractère permanent ou non de la plainte formulée ;
 interroger la victime ou les témoins pour obtenir d’autres renseignements (maladies, traitements en cours).

Exemple :

Une victime présente une douleur violente au niveau du thorax. Il faut demander si celle-ci a ressenti cette douleur pour la première fois, dans quelles circonstances elle est apparue, depuis combien de temps elle dure, si la victime prend régulièrement des médicaments, ...

2° IL S’AGIT D’UN TRAUMATISME.

Il faut dans ce cas :
 préciser le mécanisme en interrogeant la victime et les témoins, apprécier plus précisément la violence du choc en se faisant relater les circonstances de l’accident ;
 interroger le blessé pour connaître les douleurs ressenties ;
 s’il n’y a pas de risque de suraccident, faire le bilan des lésions sans déplacer la victime. Il doit être systématique et complet. Il faut rechercher toutes les lésions en regardant, en palpant la victime « de la tête aux pieds » (chercher ce qui fait mal, ce qui est déformé, ...).

Exemple :

Un cycliste est retrouvé allongé sur le bord de la route après avoir été renversé par une voiture. Il est conscient et se plaint de la jambe gauche. Deux personnes ont été témoins de l’accident. Le secouriste doit effectuer le bilan des fonctions vitales en s’enquérant des circonstances de l’accident (heure, violence du choc, autres victimes, ...), demander au cycliste où il a mal et examiner soigneusement et avec précaution les endroits non douloureux.

Le moniteur doit faire comprendre que toute lésion, même minime, peut retentir sur les fonctions vitales de façon plus ou moins importante. Il convient donc, après avoir envisagé l’aspect « lésionnel », d’évaluer les répercussions sur les fonctions vitales.

B) LES CONSÉQUENCES FONCTIONNELLES :

1° LA CONSCIENCE, LA MOTRICITÉ, LA SENSIBILITÉ.

Le niveau de conscience doit faire l’objet d’un examen précis. Il convient de le déterminer et de relever les éventuelles modifications depuis le moment où est survenu l’accident ou la détresse :
 le sujet est-il conscient ?
 les réponses aux questions posées sont-elles correctes ? Il faut vérifier si la victime est bien orientée (capable de répondre à ces questions : « Quel jour est-on ? Quelle est la date d’aujourd’hui ? Où sommes-nous ? Où habitez-vous ? »). Si les réponses à ces questions sont inadaptées, on dit que la victime (qui est consciente car elle répond) est désorientée. Elle nécessite une surveillance attentive et doit être placée en position latérale de sécurité si elle perd conscience.

Il convient également d’évaluer la motricité et la sensibilité aux membres supérieurs et inférieurs en débutant par les extrémités :
 La victime peut-elle bouger les doigts ? Bouge-t-elle les pieds ?
 Peut-elle serrer les mains du secouriste ?
 La victime perçoit-elle le pincement du dos de la main ?

Exemples :

Situation n° 1 :

La victime est incapable de parler mais comprend tout ce qu’on lui dit et exécute correctement tous les ordres qu’on lui donne. Elle est consciente et a simplement perdu l’usage de la parole.

Situation n° 2 :

Une équipe de secouristes intervient pour un homme de 32 ans qui vient de faire une chute dans un escalier. Il est conscient, se plaint d’avoir mal dans le dos. Tout en rassurant la victime, le chef d’équipe fait interroger le voisin, témoin de la chute, puis interroge la victime. Il lui demande ensuite s’il est capable de remuer les orteils, les doigts et s’il perçoit une sensation lors du pincement du dos de la main, s’il ressent des fourmillements.

Au terme de cette évaluation, le secouriste doit être capable de déterminer :

1. Si la victime a présenté une perte de conscience au moment de l’accident ou après un intervalle de temps (plusieurs minutes) ;

2. Si elle est consciente :
 est-elle désorientée ?
 peut-elle parler ?
 peut-elle bouger ses membres ?
 ressent-elle le pincement aux extrémités ?

3. Si elle est toujours inconsciente :
 la ventilation est-elle normale (12 à 20 par min) ?
 le pouls est-il régulier et sa fréquence comprise entre 50 et 80 par min ?

2° LA VENTILATION.

Après avoir assuré la liberté des voies aériennes lorsque la victime est inconsciente (bascule prudente de la tête en arrière, élévation du menton), la ventilation doit être évaluée. Cette évaluation porte sur :

a) La fréquence, l’amplitude, la régularité :
 Évaluation de l’amplitude de la ventilation par l’observation de la partie supérieure de l’abdomen et de la partie inférieure du thorax.

Lors de l’inspiration, les poumons se remplissent d’air et donc le thorax se soulève un peu. En même temps, du fait de la contraction du principal muscle ventilatoire, le diaphragme (qui s’abaisse en repoussant le contenu de la cavité abdominale), l’abdomen se soulève nettement. A l’expiration, les phénomènes sont inverses.

Le moniteur simulera une ventilation ample (inspiration et expiration profondes « comme un soupir ») et une ventilation superficielle « comme un halètement » en les comparant à la ventilation d’un sujet « au repos ».

 Détermination de la fréquence ventilatoire (nombre de mouvements par minute) :

Exemple :

Une victime se plaint d’avoir mal dans la poitrine. Elle est assise sur une chaise. Après avoir effectué le bilan des fonctions vitales et avoir interrogé la victime et l’entourage, le secouriste détermine la fréquence ventilatoire en comptant le nombre d’inspirations ou le nombre d’expirations effectuées par cette victime en une minute.

 Appréciation de la régularité (absence de pause).

Au moyen d’un cas concret, le moniteur fera comprendre qu’une pause ventilatoire est un arrêt temporaire des mouvements durant plus de 10 secondes.

Exemple :

Un jeune homme est allongé, inconscient. Autour de lui plusieurs boîtes vides de médicaments sont retrouvées. Aucun mouvement du thorax ou de l’abdomen n’est visible et aucun souffle n’est perçu pendant les 10 premières secondes du bilan (la fréquence peut aussi être très lente, de 5 à 10 mouvements ventilatoires par minute).

b) Les signes d’anomalies :

1. Ce que la victime dit :

« Je suis gêné pour respirer, ça fait mal quand je respire, je n’arrive pas à respirer, j’étouffe ... ».

2. Ce que l’on voit :

Il existe des pauses, la victime fait des efforts pour ventiler ; elle se tient le thorax ; les muscles du haut du thorax ou du cou se contractent ...

3. Ce que l’on entend :

On peut entendre un sifflement, des râles, des gargouillements.

Le moniteur fera entendre ces différents bruits (en les simulant, au moyen de bruits enregistrés ...).

Un homme est assis sur une chaise. Sa ventilation est bruyante, rapide (30/min), il est essoufflé dès qu’il parle (« Je n’arrive pas à respirer ... »). Le secouriste effectue le bilan et doit relever et transmettre ces signes de détresse ventilatoire.

Après avoir évalué la ventilation, il faut encore que le secouriste recherche :
 l’existence d’une cyanose (coloration bleutée de la face interne des lèvres ou de la face interne de la paupière inférieure). La cyanose apparaît lorsque le sang n’est pas assez oxygéné (ne transporte pas assez d’oxygène) ; il faut donc administrer de l’oxygène (voir E 9) ;
 l’existence de sueurs qui, en l’absence d’effort, de fièvre, évoque un défaut d’épuration du dioxyde de carbone (CO2) contenu dans le sang (le sang ne peut pas, au cours de son passage au niveau des poumons, se débarrasser de la totalité du gaz carbonique qu’il transporte).

Cyanose et sueurs peuvent coexister.

Le moniteur reprend l’exemple précédent en ayant maquillé la victime (gouttelettes de sueur sur le front et maquillage bleuté sur les lèvres).

Au terme de cette évaluation, le secouriste doit être capable de déterminer :

 Si la ventilation est :

  • rapide ou lente (la fréquence ventilatoire est normalement de 12 à 20 mouvements par minute chez l’adulte, plus élevée chez l’enfant et le nourrisson - voir B 3) ;
  • régulière (l’intervalle de temps entre deux inspirations ou deux expirations est toujours le même) ou irrégulière ;
  • ample (le thorax et l’abdomen présentent des mouvements francs) ou superficielle.

 S’il existe :

  • une gêne pour respirer, pour parler ;
  • une douleur lors de la ventilation ;
  • des bruits : sifflements, râles, gargouillements ;
  • des pauses ventilatoires.

 Si la victime :

  • est essoufflée ;
  • présente une cyanose au niveau de la face interne des lèvres ou de la face interne de la paupière inférieure ;
  • présente des sueurs.

3° L’ÉTAT CARDIO-CIRCULATOIRE.

L’appareil cardio-circulatoire comprend une pompe (le cœur), des tuyaux (les vaisseaux) et un liquide (le sang). Évaluer l’état cardio-circulatoire consiste, pour le secouriste, à s’assurer que le cœur est capable d’envoyer le sang dans les vaisseaux avec une pression suffisante pour pouvoir apporter de l’oxygène à toutes les cellules de l’organisme.

a) Le secouriste prend le pouls carotidien (voir B 3) et détermine :

 la fréquence cardiaque (nombre de battements par minute - fréquence normale chez l’adulte au repos, de 50 à 80, plus élevée chez l’enfant et le nourrisson) ;
 la régularité (régulier ou irrégulier) ;
 l’amplitude ou la force du pouls, déterminée par la facilité à le percevoir.

A l’occasion de plusieurs cas concrets, le moniteur s’assurera que le secouriste est capable de déterminer la fréquence cardiaque d’une victime en comptant le nombre de pulsations perçues pendant une minute.

A l’aide d’un mannequin doté d’un système de simulation du pouls carotidien, le moniteur reproduira successivement une fréquence cardiaque lente (40 bat./min par exemple), rapide (120 bat./min par exemple), irrégulière (intervalle de temps différent entre deux battements).

Le moniteur insistera sur le caractère subjectif de l’évaluation de la force du pouls.

b) L’évaluation se poursuit :

 par l’observation de la peau à la recherche d’une pâleur au niveau des extrémités (le sang n’arrive pas à ce niveau et la peau est donc pâle et froide) et à la recherche de marbrures (alternance de zones pâles et de zones violacées donnant à la peau l’aspect du marbre) ;
 par la recherche de l’existence d’un pouls radial (fig. E 2-1). S’il existe un pouls carotidien et que l’on ne retrouve pas de pouls radial ou que celui-ci est mal perçu, la distribution du sang s’effectue mal.

Cette différence de perception entre le pouls carotidien et le pouls radial est un signe important témoignant de la gravité de l’état de la victime.

Pour savoir si le sang envoyé dans les vaisseaux contient assez de globules rouges (transporteurs d’oxygène) ou s’il existe une hémorragie non visible (hémorragie interne), il faut étudier la coloration de la face interne des lèvres ou de la paupière inférieure. Une pâleur à ce niveau peut être un signe d’hémorragie.

Exemple :

Une victime est retrouvée étendue sur le bord d’une route. Elle est consciente, agitée et déclare avoir été renversée par une voiture et avoir très mal au ventre. Elle est pâle (maquillage), présente des marbrures (maquillage « blanc/bleu » au niveau des grosses articulations), a soif et dit qu’elle a froid.

Le secouriste doit prendre le pouls carotidien, le chiffrer, s’assurer qu’il existe un pouls radial, détecter les marbrures, la pâleur cutanée, observer la face interne de la paupière inférieure pour y déceler une éventuelle pâleur.

Le pouls peut également être pris au milieu du pli de l’aine (artère fémorale) avec deux ou trois doigts (fig. E 2-2).

Au terme de cette évaluation, le secouriste doit être capable de déterminer

 Si le pouls est :

  • rapide ou lent (en le chiffrant) ;
  • régulier ou irrégulier ;
  • bien ou mal frappé (force ou amplitude) ;
  • perçu au niveau du poignet.

 S’il existe :

  • une pâleur ou une couleur violacée à la face interne de la paupière inférieure et à l’intérieur des lèvres ;
  • une pâleur ou une couleur violacée au niveau des extrémités ; si les extrémités sont froides ;
  • des marbrures ;
  • une sensation de soif exprimée par la victime consciente.

III. - SAVOIR TRANSMETTRE DES INFORMATIONS PRÉCISES ET DÉTAILLÉES AUX SERVICES CONCERNÉS, LORS DES DIFFÉRENTES ÉTAPES DE L’INTERVENTION.

Le chef d’équipe doit être capable de transmettre les résultats de son bilan pour demander un appui médical, un conseil ou pour rendre compte de son activité.

La transmission des informations répond à des principes, utilise différents moyens et se traduit par un message structuré, adapté à la situation rencontrée.

A) LES PRINCIPES :

 La transmission du message doit être effectuée sur le mode conventionnel et non en style « télégraphique ».
 Le message doit être le plus concis possible (sans pour autant être incomplet) pour ne pas encombrer le réseau radiophonique ou une ligne téléphonique, ni accaparer l’attention de celui qui répond aux différentes équipes de secouristes.
 Les informations doivent être transmises de façon structurée, logique et, en cas d’évolution, les modifications doivent être présentées chronologiquement.
 Si le chef d’équipe veut formuler une demande d’appui technique, il faut que cette demande soit clairement exprimée. Dans certaines circonstances, le message peut être succinct, par exemple : « Je suis à telle, adresse, en présence d’un homme de X années en arrêt cardio-ventilatoire et je demande l’intervention d’un moyen médicalisé ».

B) LES MOYENS :

1° LES MOYENS RADIOPHONIQUES.

Malgré les inconvénients (conversations en alternance, qualité de transmission inégale, zones de non réception - ou zones d’ombre - ...), c’est le mode de transmission le plus adapté à l’exercice des équipes de secouristes. De plus, il permet au chef d’équipe de transmettre les informations sans s’éloigner du lieu de prise en charge de la victime.

A partir d’un cas concret, le moniteur fait transmettre un mes-sage, l’alphabet phonétique international étant obligatoirement utilisé.

2° LES LIGNES TÉLÉPHONIQUES.

C’est le mode de transmission qui autorise le dialogue le plus facile, qui est discret et dont la qualité est bonne.

Par contre, l’utilisation du téléphone oblige, le plus souvent, le chef d’équipe à quitter, au moins temporairement, l’endroit où se trouve la victime.

Par ailleurs, le correspondant n’est pas toujours immédiatement joignable (temps de chiffrer le numéro, temps d’attente pour le raccordement à la ligne, possibilité de mise en attente automatique ...).

C) LE CONTENU :

Le contact avec le médecin doit être structuré, précis et comprendre trois points :
 la présentation de l’intervention. C’est un préalable indispensable qui permet au chef d’équipe de s’identifier, de préciser l’adresse à laquelle il se trouve et la nature et la gravité de la situation ;
 les éléments du bilan proprement dit :

  • existence d’une détresse immédiatement vitale,
  • circonstances,
  • lésions,
  • conséquences ;

 les gestes entrepris et la demande éventuelle d’appui technique.

Par exemple :

« Régulateur médical, ici l’équipe de ... Je me trouve en poste de secours au collège Saint-Martin, 12 rue des Alouettes à Corbeil. J’interviens pour un élève blessé au cours d’un match de football.

Il s’agit d’un jeune garçon de 14 ans qui, au cours du match, a été heurté par un camarade et est tombé. Il présente un hématome au niveau du crâne et une fracture fermée de la jambe droite.

Il est conscient, n’a pas perdu connaissance, il n’est pas désorienté et se souvient des circonstances de l’accident.

Il n’y a pas eu de traumatisme au niveau du thorax, la ventilation est spontanée, régulière, non douloureuse, à 15 mouvements par minute. Il n’existe ni cyanose, ni sueurs.

Le pouls carotidien est bien frappé, régulier, à 100 battements par minute. La victime n’est pas pâle et il n’y a pas d’hémorragie visible et ses conjonctives sont bien colorées.

Il est incapable de bouger la jambe droite mais remue les orteils et sent quand je touche le dessus de son pied droit. La coloration du pied est normale et il est chaud.

Nous avons placé une attelle, immobilisé ce jeune garçon dans un matelas immobilisateur à dépression. Il est couvert.

Nous demandons vos instructions ... »

La dernière partie du message sera plus ou moins développée en fonction de la progression dans la formation.

IV. - SAVOIR, DANS L’ATTENTE D’UN RENFORT ET APRÈS AVOIR RÉALISÉ LES GESTES SALVATEURS, ASSURER LA SURVEILLANCE DE CHAQUE VICTIME.

La surveillance des victimes s’effectue :
 en recherchant régulièrement les éventuelles modifications des plaintes exprimées par la victime (Avez-vous plus mal ? Moins mal ? La douleur est-elle toujours la même ? ...) ;
 en recherchant de façon répétée, par les mêmes méthodes qu’initialement, les éléments de ce bilan.

La surveillance porte aussi :
 sur l’efficacité des techniques d’arrêt d’hémorragies (le sang suinte-t-il à travers un pansement compressif ?) ;
 sur la reprise éventuelle d’une ventilation spontanée chez une victime ventilée ;
 sur la palpation d’un pouls carotidien chez une victime massée et ventilée ;
 sur la qualité de l’immobilisation ;
 sur la protection thermique ;
 et sur le réconfort : ne pas donner de fausses indications optimistes, mais tenter de rassurer avec simplicité chaque victime consciente.

Il est vivement conseillé que la réalisation du bilan et de la surveillance fasse l’objet de la rédaction d’un document qui pourrait être à la fois le rapport d’intervention de l’équipe et le bulletin de liaison entre les divers intervenants (secouristes - personnel hospitalier ; secouristes - médecin oxyologue ; secouristes - réanimateur pré-hospitalier ...).

Le moniteur insistera sur l’obligation légale de veiller à la non divulgation des renseignements portés sur ces documents.

Il rappellera l’importance des éléments figurant sur la fiche ci-jointe que chaque équipier doit être capable de remplir.

V. - CONTRÔLE PRATIQUE DES CONNAISSANCES

A l’issue de la formation, chaque secouriste devra être capable, à partir de cas concrets :
 d’apprécier la situation proposée, d’en évaluer les risques évolutifs et de prendre des mesures adaptées ;
 de faire le bilan initial d’une victime après avoir éventuelle-ment réalisé les gestes de survie (arrêt d’hémorragie, Heimlich...) ;
 de transmettre les données du bilan par radiophonie et au moyen d’un téléphone ;
 d’assurer ou de faire assurer la surveillance d’une victime.

VI. - MATÉRIEL DIDACTIQUE

 cas concrets ;
 maquillage ;
 moyens audiovisuels ;
 2 postes émetteurs-récepteurs ;
 2 téléphones.

VII. - DURÉE

4 heures pour un groupe de 10 à 12 participants.

NOTIONS ESSENTIELLES DE PROCÉDURE RADIOPHONIQUE

1° RÉSEAU DIRIGÉ.

Les liaisons radiophoniques dont disposent les secouristes sont organisées en réseau dirigé.

Un réseau est constitué par l’ensemble des stations qui communiquent entre elles.

Une station est un équipement radiophonique capable de transmettre et de recevoir des messages. Les stations peuvent être fixes, mobiles (à bord des véhicules) ou portatives (portées par les secouristes).

Dans un réseau dirigé, l’une des stations est désignée pour coordonner le fonctionnement du réseau : c’est la station directrice. Elle a autorité sur les autres stations et fait respecter la discipline et les règles de procédure.

Toute station du réseau subordonnée à la station directrice est appelée station secondaire.
La transmission d’un message par une station secondaire est soumise à l’autorisation de la station directrice.

2° INDICATIF.

Chaque station est identifiée par un indicatif, appellation désignant un correspondant par son grade, sa fonction, sa qualité ou par un terme préalablement fixé.

Exemples d’indicatifs :

a) Pour la station directrice :

« Régulateur médical ou S.A.M.U. X ou C.O.D.I.S. X ou Poste de commandement X. »

b) Pour les stations secondaires :

« Équipe X ou Corbeil 2 ou V.S.A.B. de ... »

3° PRINCIPES D’EXPLOITATION.

a) Généralités.

Avant d’émettre, toute station doit s’assurer qu’aucune transmission n’est en cours sur le réseau. Elle doit en demander l’autorisation à la station directrice.

Exemple :

« Régulateur médical, ici l’équipe X parlez. »
Indicatif de la station directrice Désigne l’origine Indicatif de la station secondaire  

La station secondaire qui a demandé la parole doit attendre l’autorisation de transmettre :

« Équipe X, ici le Régulateur médical, parlez. »

La station secondaire peut alors transmettre son message.

La transmission du message doit être aussi brève que possible (pour ne pas encombrer le réseau) et clairement exprimée.

Il faut :
 articuler correctement ;
 ne pas hurler dans le micro ;
 parler à allure normale ;
 transmettre le message par phrases courtes ;
 être précis ;
 observer la procédure, toute variante étant source de confusion.

Si le message est long, il doit être divisé en blocs de 20 à 30 secondes espacés par des silences de 3 secondes, afin de permettre la procédure d’interruption par la station directrice (le silence impose de relâcher la pédale d’émission).

b) Incidents au cours d’une transmission.

1. Répétition :

Lorsque des mots ou groupes de mots ont été mal compris, la station réceptrice en demande la répétition en utilisant le terme de procédure : « Répétez ».

 Répétez : la station qui émet doit répéter l’ensemble du message.
 Répétez tout avant « tel mot » : la station qui émet doit répéter la partie du message qui précède le mot désigné.
 Répétez tout après « tel mot » : la station qui émet doit répéter la partie du message qui suit le mot désigné.
 Répétez le mot avant « tel mot » : la station qui émet doit répéter le mot qui précède le mot désigné.
 Répétez le mot après « tel mot » : la station qui émet doit répéter le mot qui suit le mot désigné.

Exemple :

« ... je suis en présence d’un homme de 24 ans, épileptique connu qui a présenté au cours d’un match de football ... parlez ! »

« Répétez tout après « homme », parlez. »

« de 24 ans, épileptique connu ... »

Ne pas confondre « répétez » où c’est la station d’origine du mes-sage qui doit répéter tout ou partie de ce message et le terme « collationnez » où c’est la station réceptrice qui répète le message tel qu’elle l’a reçu pour que le correspondant s’assure que ce message a été bien compris.

2. Épellation :

Cette procédure est à utiliser pour transmettre les mots difficile-ment compréhensibles et également les noms propres qui ne doivent jamais être transmis « en clair ».

ALPHABET PHONÉTIQUE INTERNATIONAL
O.A.C.I. (Organisation de l’aviation civile internationale)

A - ALPHA
B - BRAVO
C - CHARLIE
D - DELTA
E - ECHO
F - FOX-TROT
G - GOLF
H - HOTEL
I - INDIA
J - JULIET
K - KILO
L - LIMA
M - MIKE
N - NOVEMBER
O - OSCAR
P - PAPA
Q - QUEBEC
R - ROMEO
S - SIERRA
T - TANGO
U - UNIFORM
V - VICTOR
W - WHISKY
X - XRAY
Y - YANKEE
Z - ZOULOU

Exemples :

« Il s’agit de la commune Charlie, Romeo, Echo, India, Lima »,

ou

« ... ce jeune homme a avalé deux, un et un, gorgées d’un produit de jardinage, le MORRAR, j’épelle : Mike, Oscar, Romeo deux fois, Alpha, Romeo ... »

PRONONCIATION DES CHIFFRES

Pour distinguer nettement les chiffres, on emploie les épellations suivantes :

Chiffre Prononciation Épellation
0 ZÉRO
1 UN UN TOUT SEUL
2 DEUX UN ET UN
3 TROIS DEUX ET UN
4 QUATRE DEUX FOIS DEUX
5 CINQUE TROIS ET DEUX
6 SISSE DEUX FOIS TROIS
7 SETE QUATRE ET TROIS
8 HUITE DEUX FOIS QUATRE
9 NEUFE CINQUE ET QUATRE

PRONONCIATION DES NOMBRES

Les nombres sont prononcés normalement comme dans la conversation courante, sauf pour les heures qui sont transmises sous forme de nombres à trois ou quatre chiffres, par exemple :
 8 h 25 (huit heures vingt-cinq) se transmet huit cent vingt-cinq ;
 12 h 11 (douze heures onze) se transmet douze cent onze.

Si la liaison est mauvaise, le nombre est transmis chiffre par chiffre, sauf pour les multiples de mille, exemple :
 1 317 (mille trois cent dix-sept) est transmis alors : un tout seul, trois - deux et un, un tout seul, sept - quatre et trois ;
 3 000 (trois mille) est transmis : trois, soit deux et un, mille.

c) Procédures particulières.

1. Procédure d’urgence.

Dans certains cas, notamment pour bénéficier immédiatement d’un renfort en cas d’événement majeur, une équipe de secouristes doit avoir la priorité de transmission. Pour cela, elle doit appliquer la procédure d’urgence en énonçant trois fois le mot
« urgent » avant son indicatif.

Exemple :

« Urgent ! Urgent ! Urgent ! Ici le V.S.A.B. de X, face au 123 rue de la République à Créteil, accident grave de la circulation, plusieurs blessés dont deux incarcérés, je demande ... »

2. Silence immédiat :

Lorsque plusieurs stations secondaires transmettent en même temps ou lorsque l’opérateur de la station directrice n’est pas disponible pour recevoir le message, ce dernier impose le silence sur les ondes par le terme « Silence ».

Toutes les stations doivent alors, en dehors de l’urgence, cesser leur transmission.

Celle-ci ne reprendra qu’après l’expression « Silence suspendu ».

Cette procédure peut s’appliquer à toutes les stations du réseau ou à une station en particulier.

Exemple :

« Corbeil 2, Silence. »

Puis plus tard :

« Corbeil 2, ici S.A.M.U. X, Silence suspendu. »

Corbeil 2 reprend sa transmission.

d) Contrôle de la qualité des transmissions.

Dans certaines circonstances, la station directrice doit pouvoir apprécier la force et la lisibilité des signaux qu’elle émet.

La station directrice emploie alors le terme de procédure « Contrôle radio ». Les termes à employer pour répondre à une telle demande en fonction de la qualité du signal sont décrits ci-après.

Exemple :

« V.S.A.B. X, ici C.O.D.I.S. Y, contrôle radio. »

« C.O.D.I.S. Y, ici le V.S.A.B. X, je vous reçois fort et lisible, parlez. »

Table 1 : FORCE

Terme de procédure Signification
FORT Votre signal est fort
ASSEZ FORT Votre signal est bon
FAIBLE Je vous entends difficilement
TRÈS FAIBLE Je vous entends très difficilement

Table 2 : LISIBILITÉ

Terme de procédure Signification
CLAIR Excellente qualité
LISIBLE Bonne qualité
DÉFORMÉ J’ai des difficultés à vous comprendre
AVEC INTERFÉRENCE Je ne peux pas vous comprendre

++++

E3 - DÉGAGEMENTS D’URGENCE

Savoir dégager une victime en urgence et la mettre
en position d’attente.

I. - INTITULÉ

Savoir dégager une victime en urgence et la mettre en position d’attente.

II - MODULE PRÉ-REQUIS

E 2.

III. - JUSTIFICATION

 Il est nécessaire de soustraire immédiatement la victime à la cause initiale de sa détresse et d’éviter le suraccident quand elle est inconsciente ou incapable de se soustraire par elle-même à ce danger.
 L’état de la victime étant stabilisé grâce aux gestes de survie, il est indispensable que la victime soit placée ou maintenue dans une position correspondant à son état.

IV. - OBJECTIFS

 Savoir apprécier, devant une situation donnée, la nécessité ou non d’un dégagement en urgence.
 Savoir mesurer les risques de l’intervention envisagée pour la victime, pour l’équipe et agir en conséquence.
 Savoir pratiquer le dégagement en urgence, pour soustraire la victime à un danger imminent et éviter le suraccident.
 Savoir placer la victime dans la position nécessitée par son état et ses lésions.
 Savoir apprécier l’évolution de l’état d’une victime.

V. - DÉVELOPPEMENT

Remarques pédagogiques :

Chaque technique sera démontrée en plusieurs phases :
 le moniteur démontre successivement la position et les mouvements que devra réaliser chaque équipier ;
 les équipiers prennent position et répètent les mouvements, sans volontaire et de préférence à l’aide d’un mannequin ;
 lorsque la phase précédente est bien maîtrisée, les équipiers exécutent les manoeuvres avec un volontaire tenant la place de la victime, le moniteur tenant le rôle de chef de brancard ;
 enfin, au cours de la formation, chacun doit tenir le rôle de chef de brancard.

On ne passe à la technique suivante que lorsque la technique précédente est parfaitement maîtrisée.

L’apprentissage de ce module est long et fatigant. La nécessité de ménager des pauses et le souci de ne pas épuiser les personnes (la fatigue diminue l’aptitude à l’apprentissage et augmente les risques de gestes maladroits et de chutes), rend préférable de fractionner la formation.

I. - DÉGAGEMENT EN URGENCE.

Le dégagement en urgence est réalisé en principe par un secouriste qui travaille seul, car il ne faut pas exposer plusieurs personnes à un danger réel ; cependant, les autres membres de l’équipe doivent assurer la protection de l’intervenant et de la victime et préparer la suite de l’intervention.

A) SITUATIONS DANS LESQUELLES UN DÉGAGEMENT EN URGENCE S’IMPOSE :

Le danger et la nécessité du dégagement doivent être évalués en quelques secondes, par exemple :
 victime visible de l’extérieur, se trouvant dans une pièce enfumée ;
 victime menacée par un éboulement ou un effondrement, une coulée de boue, la montée des eaux ;
 victime se trouvant dans un véhicule commençant à prendre feu
 victime gisant sous un véhicule ou un obstacle surbaissé ;
 victime allongée sur une route à grande circulation.

B) TECHNIQUES :

Dans les trois premières techniques décrites, le secouriste inter-venant marche à reculons ; il doit donc repérer le bon trajet de dégagement d’urgence en s’approchant de la victime.

1° TRACTION PAR LES CHEVILLES (cf B2).

Le secouriste saisit la victime par les chevilles et la tire le plus rapidement possible sur le sol, jusqu’à ce qu’elle soit en lieu sûr ; les pieds de la victime sont à la hauteur des genoux du secouriste (fig. E 3-1).

Cette méthode ne permet pas de monter ni de descendre un escalier.

2° SAISIE PAR LES POIGNETS.

Le secouriste se place derrière la victime et s’accroupit :
 il met la victime en position assise, passe ses bras sous les aisselles de la victime, croise les bras de celle-ci et saisit les poignets (main droite du secouriste pour poignet gauche de la victime et main gauche du secouriste pour poignet droit de la victime) (fig. E 3-2) ;
- puis il tire la victime à reculons jusqu’à ce qu’elle soit en sûreté et la dépose à terre (cf B2).
Cette méthode permet de monter et de descendre un escalier, avec grande prudence.

3° DÉGAGEMENT D’UN VÉHICULE (cf B2).

Le secouriste, après avoir détaché ou coupé la ceinture de sécurité :

 s’accroupit à hauteur du siège du véhicule :

  • une main passée sous l’aisselle la plus proche, maintient le menton (sans appuyer sur le cou),
  • l’autre main, passée sous l’autre aisselle, saisit soit la ceinture de la victime, soit le poignet opposé, soit l’aisselle (fig. E 3-3) ;

 se dégage en se redressant, tire la victime hors de la zone de danger ; la tête de la victime est toujours maintenue jusqu’au sol (fig. E 3-4).

4° CUILLER A 3 OU 4 ÉQUIPIERS.

Ces méthodes ne doivent être utilisées qu’à titre exceptionnel, lorsque les autres méthodes de dégagement d’urgence sont absolument impossibles, car elles exposent plusieurs équipiers. Elles sont décrites dans la fiche E 4 (« Relevages »).

5° TRACTION SUR LE SOL AVEC UN « ÉQUIPIER-RELAIS ».

Cette technique, exceptionnelle, permet de tirer une victime gisant sous un obstacle (par exemple un camion immobilisé) et accessible par la tête ou les pieds. Elle nécessite la hauteur suffisante pour qu’un équipier puisse se glisser sous l’obstacle. Le calage du véhicule ou de l’obstacle sera réalisé préalablement chaque fois que nécessaire.

Cet équipier (le « relais ») muni de vêtements épais et de gants, rampe sous l’obstacle et aborde la victime :
 soit par les pieds : il saisit la victime par les chevilles (fig. E 3-5 et 6) ;
 soit par la tête ; il ramène les poignets de la victime sur la poitrine de celle-ci, puis engage ses propres avant-bras sous les aisselles du blessé, la tête de la victime est calée par la tête et l’une des épaules de l’équipier ; le secouriste saisit alors les poignets de la victime (fig. E 3-7, 8 et 9), ou un poignet et la ceinture (fig. E 3-10) ou bien les aisselles (fig. E 3-11).

Un ou deux autres équipiers saisissent les chevilles de « l’équipier-relais » ; lorsque ce dernier dit « Tirez », l’ensemble « équipier-relais » + victime est tiré de dessous l’obstacle.

C) APPLICATION DES TECHNIQUES AUX SITUATIONS :

 Victime allongée sur la route : il est préférable d’utiliser la traction par les chevilles.
 Victime visible dans une pièce enfumée ou menacée d’éboulement ou d’effondrement :

  • traction par les chevilles si le sol ne présente pas d’obstacle ;
  • saisie par les poignets dans les autres cas (escaliers, éboulis).

Dans une pièce enfumée le secouriste s’efforcera de retenir sa respiration pendant la manœuvre.

Si le local est en feu, le dégagement doit être effectué par les sapeurs-pompiers ; s’il y a risque d’explosion, ne pas provoquer d’étincelles (interrupteur, sonneries, téléphone).

 Victime sous un camion, un wagon, un obstacle surbaissé : traction sur le sol + « équipier-relais ».
 Victime contre un mur qui menace de s’effondrer, gisant sous un marchepied ou un rebord de quai : cuiller à 3 ou 4, selon le poids de la victime et la facilité du terrain, exceptionnellement, seulement si aucune autre manœuvre n’est possible.

LES TECHNIQUES DE DÉGAGEMENT EN URGENCE
DÉCRITES DANS CE PARAGRAPHE SONT DANGEREUSES ET NE DOIVENT ÊTRE UTILISÉES QUE POUR SOUSTRAIRE UNE VICTIME A UN DANGER VITAL, RÉEL ET IMMÉDIAT.

II. - POSITIONS D’ATTENTE.

A) RÈGLES GÉNÉRALES :

Le blessé doit être placé le plus tôt possible dans une position adaptée à son état, d’abord sur le sol, puis lors de la mise sur le brancard.

En règle générale, le corps du blessé doit être horizontal.

De plus, il faut éviter les changements de position, en particulier lorsque les membres inférieurs ont été relevés ; la même position sera adoptée pour l’attente et l’installation sur le brancard, celui-ci maintenu, dans tous les cas, horizontal.

B) POSITIONS EN FONCTION DE L’ÉTAT DE CONSCIENCE, DE LA NATURE DE LA LÉSION ET DE L’ÉTAT DE LA VICTIME :

1° VICTIME INCONSCIENTE OU EXPOSÉE A LE DEVENIR ET QUI VENTILE.

La victime est inconsciente ou somnolente, réagissant faible-ment :
 la placer le plus tôt possible en position latérale de sécurité (P.L.S.) : traumatisme crânien ; victime inconsciente quelle qu’en soit la cause réelle ou supposée.

La mise en position latérale de sécurité est une action qui peut être dangereuse chez le traumatisé de la colonne vertébrale, mais la liberté et la protection des voies aériennes sont prioritaires.

Le moniteur insistera donc sur la nécessité d’éviter toute manipulation brutale et sur le respect de la technique décrite : mise en P.L.S. à 3 équipiers, dont les mouvements doivent être parfaitement synchronisés (voir fiche E 7).

Une fois la rotation sur le côté terminée (fig. E 3-12) :
 couvrir la victime ;
 assurer une surveillance : conscience, ventilation, circulation, jusqu’à l’arrivée des secours médicalisés.

Lorsqu’un membre inférieur présente un signe de fracture, c’est du côté du membre blessé que l’on tournera la victime ; l’équipier qui tient la cheville, maintiendra le membre dans l’axe, pendant toute la manœuvre, en suivant parfaitement le mouvement, puis s’occupera du calage de la tête, du corps et des membres.

Faut-il mettre en P.L.S. avant ou après avoir appareillé une fracture de membre ?

La séquence sera déterminée par :
 la possibilité technique d’assurer une liberté et une protection des voies aériennes supérieures efficace (bascule de la tête, élévation du menton, aspiration) ;
 la nature de la fracture, l’importance du déplacement, l’association d’une plaie, la présence d’une complication vasculaire ou nerveuse.

2° VICTIME EXPOSÉE A DEVENIR INCONSCIENTE ET QUI VENTILE.

La victime est somnolente, se rendort dès qu’elle n’est plus sollicitée ou réagit très faiblement :
 si la situation le permet, un secouriste la surveille en permanence en la stimulant ;
 si elle doit rester seule, même quelques instants, elle doit alors être mise en P.L.S.

3° VICTIME CONSCIENTE :

 dans le cas général, le blessé doit être allongé sur le dos horizontalement (fig. E 3-13) et couvert ;
 dans les cas d’hémorragie importante, de détresse circulatoire, de plaie de l’abdomen : on installera le blessé sur le dos, corps horizontal, membres inférieurs surélevés (fig. E 3-14) ; en cas de garrot, le membre garroté doit rester visible ; il ne faut pas cacher un garrot sous une couverture ;
- un blessé du thorax ou un malade présentant une gêne ventilatoire seront installés demi-assis ou couchés sur le côté blessé, tête et épaules surélevées (fig. E 3-15 et E 3-16) (en réalité, le blessé indique lui-même celle de ces deux positions où « il se sent le moins mal ») ; c’est également la position pour les victimes d’inhalation de gaz et vapeurs toxiques entraînant une gêne ventilatoire, s’ils sont conscients ;
 un blessé présentant un fracas du visage ou des plaies ou brûlures du dos, sera placé en P.L.S. ;
 un blessé présentant des plaies ou des brûlures des parties postérieures et latérales du tronc sera placé ou laissé à plat ventre, sauf si cette position entraîne une gêne ventilatoire (fig. E 3-17).

C) PROTECTION :

Les victimes doivent être protégées contre le froid, le vent, la pluie, la neige, le brouillard, la chaleur, mais aussi autant que possible, de la poussière et du bruit, de la lumière vive.

Il faut insister sur le refroidissement des victimes, qui se fait le plus souvent par contact avec un sol froid et/ou humide (« une couverture en dessous vaut mieux que deux couvertures au-dessus » !) ; l’installation sur le brancard protège du froid et de l’humidité, à condition que la victime soit entourée d’une ou plusieurs couvertures (et abritée du vent).

Le matelas à dépression est un bon isolant.

Les couvertures de laine protègent bien contre le froid et le vent, mais « prennent » l’eau et l’humidité, ainsi que la poussière ; elles sont peu fragiles mais difficiles à nettoyer, à désinfecter, à sécher.

Les couvertures dites « de survie » protègent du froid et du rayonnement solaire, mais aussi contre les autres éléments (pluie, vent).

D) SURVEILLANCE :

On surveillera :
 les fonctions vitales : conscience, ventilation, circulation (pouls, reprise d’une hémorragie) ;
- les extrémités des membres fracturés et appareillés (doigts et orteils ne doivent être ni froids, ni violacés) ;
 les appareillages et les emballages.

Sans oublier le réconfort psychologique de la victime, que doit représenter la présence d’un secouriste à ses côtés.

VI. - CONTRÔLE PRATIQUE DES CONNAISSANCES

A la fin de la formation, chaque candidat doit être capable, à partir de cas concrets, de choisir, de réaliser et de diriger :
 un dégagement en urgence par un secouriste sous la protection de ses coéquipiers ;
 un dégagement pratiqué par trois ou quatre secouristes ;
 la mise en position d’attente d’une victime en fonction de son état et de ses lésions, y compris la protection ;
 la surveillance de la victime.

VII. - MATÉRIEL DIDACTIQUE

 couvertures de laine ;
 couvertures de survie métallisées ;
 coussin de calage de la tête pour P.L.S. ;
 tapis de sol ;
 locaux et terrain permettant la réalisation du dégagement en urgence ;
 véhicule automobile (pour le dégagement en urgence).

VIII. - DURÉE

2 heures pour un groupe de 10 à 12 participants.

++++

E4- RELEVAGES

I - INTITULÉ

Savoir relever une victime.

II. - MODULES PRÉ-REQUIS

E 2, E 3.

III. - JUSTIFICATION

La victime, soustraite à la cause de sa détresse et installée dans la position que nécessite son état, doit être placée sur le brancard, directement ou à l’aide d’un dispositif particulier de relevage.

Les techniques enseignées dans le présent module nécessitent l’intervention de secouristes en équipe, dont l’action doit être rigoureusement coordonnée par un chef de brancard.

IV. - OBJECTIFS

 Savoir relever et poser une victime sur un matériel de portage adapté.
 Savoir la maintenir dans la position où elle a été mise au préalable, en fonction de son état.
 Savoir pratiquer le maintien de l’axe tête-cou-tronc sans effectuer de traction.

V. - DÉVELOPPEMENT

Remarques pédagogiques :

Chaque technique sera démontrée en plusieurs phases :
 le moniteur rappelle la raison du choix de la méthode qui va être utilisée ;
 il démontre successivement la position et les mouvements que devra réaliser chaque équipier ;
 les équipiers prennent position et répètent les mouvements, sans volontaire et de préférence à l’aide d’un mannequin ;
 lorsque la phase précédente est bien maîtrisée, les équipiers exécutent les manceuvres avec un volontaire tenant la place de la victime, le moniteur tenant le rôle de chef de brancard ;
 enfin, au cours de la formation, chacun doit tenir le rôle de chef de brancard.

On ne passe à la technique suivante que lorsque la technique précédente est parfaitement maîtrisée.

L’apprentissage de ce module est long et fatigant.

La nécessité de ménager des pauses et le souci de ne pas épuiser les personnes (la fatigue diminue l’aptitude à l’apprentissage et augmente les risques de gestes maladroits et de chutes), font qu’il est préférable de fractionner la formation et de réserver une demie ou, mieux, une journée ou deux demi-journées à la répétition des manœuvres en charge.

I. - PRINCIPES GÉNÉRAUX DE LEVAGE ET DE MANUTENTION.

A) STABILITÉ DES POSITIONS DES SECOURISTES :

a) debout : pieds écartés, décalés, non parallèles (fig. E 4-1) ;

b) à genou : position du « trépied », un genou à terre, l’autre écarté, en dehors des avant-bras (fig. E 4-2).

B) FERMETÉ DES PRISES :

Saisir à pleines mains (et non du bout des doigts) ; porter sur les avant-bras (et non sur les mains).

C) SÉCURITÉ DES MOUVEMENTS :

Dos plat, effort en inspiration bloquée, travail avec les muscles des cuisses (fig. E 4-3).

D) BONNE RÉPARTITION DES CHARGES :

Entre plusieurs secouristes, avec rapprochement maximal du porteur et de la charge.

II. - DIFFÉRENTS MATÉRIELS DE PORTAGE D’UNE VICTIME.

A) MATÉRIEL DE BASE :

Brancard normalisé, norme NF S 90-311 (Référence et cotes : N.F.P.O.V.D.C.). [2]

C’est un brancard plat dont le fond est en toile ; les hampes sont de bois ou de métal, munies de pieds fixes et réunies par des compas métalliques permettant de plier le brancard dans le sens de la largeur (transport à vide et stockage) ; il n’est pas muni de têtière ; ses dimensions sont normalisées (fig. E 4-4).

B) LES AUTRES BRANCARDS :

Nombreux types résultant de différents dispositifs :
 poignées rentrantes ;
 roulettes au lieu de pieds ;
 laçage remplaçant la toile ;
 têtière inclinable (les meilleurs modèles possèdent un dossier qui permet la position horizontale et la position demi-assise) (fig. E 4-5).

Les aéronefs en version sanitaire sont parfois munis de brancards spéciaux, plus étroits (manque de place ou difficulté d’accès).

Le moniteur peut montrer le matériel disponible ; la vérification des connaissances sera réalisée à partir d’un cas concret avec utilisation d’un type de brancard ayant servi à la formation des candidats.

C) LES CHARIOTS :

1° CHARIOTS PORTE-BRANCARD.

Constitués d’un bâti dont la partie supérieure comporte un plateau ou des rails destinés à recevoir les pieds ou les roulettes d’un brancard (fig. E 4-6).

Les pieds du chariot peuvent être repliables (chariot des ambulances) ou fixes (chariots des formations hospitalières) (N.F.P.O.V.D.C.).

2° CHARIOT-BRANCARD OU CHARIOT « A MALADE »

La partie supérieure formant brancard n’est en général pas amovible (N.F.P.O. ni de V.D.C., ni de démonstration).

D) LES PORTOIRS ET LES AUTRES DISPOSITIFS DE LEVAGE :

1° LES PORTOIRS DE TOILE.

Ils sont constitués d’un rectangle de forte toile, dont la dimension correspond à la surface utile du brancard normalisé.

Ils sont munis de poignées latérales renforcées de sangles de toile, dans le sens transversal et parfois longitudinal. Les poignées sont au nombre de 6 ou 8 ; leur répartition peut être symétrique ou dissymétrique, plus rapprochée au niveau de la tête et du tronc, partie la plus lourde du corps (fig. E 4-7).

Ils peuvent être utilisés isolément, avant la mise sur le brancard ; glissés sous le blessé, ils permettent de soulever celui-ci et de le transporter jusqu’au brancard par des cheminements trop étroits ou trop sinueux pour le brancard normalisé.

Placés à l’avance sur le brancard, entre ce dernier et la couverture, ils permettent, avec des risques moindres :

 de faire glisser le blessé d’un brancard sur un autre (brancards spéciaux de certains aéronefs) ;
 de faire passer le blessé du brancard sur un lit, une table d’examen ou de radiologie (la toile est transparente aux rayons X).

Ils sont lavables et stérilisables, stockables sous faible volume, mais ne constituent pas un plan dur, rigide, même quand les porteurs ont soin de bien tirer sur les poignées pendant le portage et les manœuvres.

2° AUTRES DISPOSITIFS DE LEVAGE OU DE DÉGAGEMENT.

a) Les plans durs ; ils sont constitués :

 soit d’une simple planche rigide, rectangulaire, aux bords amincis, à la surface lisse ; on glisse la planche sous le blessé soulevé seulement de la hauteur nécessaire ;
 soit d’une planche munie de poignées, parfois de sangles (planche type « Olivier » ou « Berbié-Kind », fig. E 4-8).

Le blessé, installé sur ce plan dur, sera ensuite posé tel quel sur le brancard ; ces dispositifs sont plus maniables et moins encombrants que le brancard, en particulier pour la désincarcération d’une victime ; ils constituent un excellent moyen de respecter l’axe tête-cou-tronc-cuisses du blessé.

b) Le dispositif à lames transversales (type « Sicard et Mans ») :

Il est constitué d’une série de lamelles en matière plastique, dure et transparente aux rayons X ; chaque lamelle est munie de deux boucles de toile solide, la lamelle de tête portant une sangle transversale de fixation du front.

On glisse transversalement sous le blessé les lamelles, dont la forme et les nervures en facilitent le passage ; elles doivent être rapprochées sous la tête et le tronc et plus espacées sous les membres inférieurs (fig. E 4-9).

Les lamelles sont alors réunies par les hampes glissées dans les anneaux latéraux ; ce dispositif est très utile pour soulever les blessés très lourds (N.F.P.O.V.D.C.).

c) Les dispositifs à 2 parties latérales (lames ou « cuillers ») :

Ils sont constitués de deux parties qu’on glisse l’une après l’autre, latéralement, sous le blessé, puis qu’on réunit pour constituer un brancard rigide ; il peut s’agir :
 soit de deux demi-plans durs, longs et étroits, de section triangulaire, fixés chacun à une hampe et dont les bords libres se rapprochent quand on les glisse sous la victime (fig. E 4-10) ;
 soit de deux séries de cuillers fixées alternativement à l’une ou l’autre hampe ; ces cuillers s’imbriquent lorsqu’on les glisse sous la victime.

Leur mise en place peut obliger à tourner légèrement la victime sur la droite, puis sur la gauche (ou inversement), selon une technique analogue à celle de la mise en place d’un portoir de toile (voir section III, G) de la présente fiche, p. 100) (N.F.P.O.V.D.C.).

3° LE MATELAS-PORTOIR IMMOBILISATEUR A DÉPRESSION (type « matelas-coquille » de Loeb-Haederlé).

Son principe est décrit dans le module E 10, p. 237.

On prendra soin de bien ramener le matelas autour du corps du blessé (sauf au-dessus de la tête, qui n’est maintenue que latéralement et en bonne position, légèrement basculée en arrière) jusqu’à rigidité complète (fig. E 4-11).

Ce matelas ne constitue un plan totalement rigide dans le sens longitudinal que s’il est placé sur le brancard ; si on l’utilise seul comme portoir, il faut le faire avec 4 à 6 porteurs qui veilleront à éviter toute flexion du rachis et ne le faire que sur de courtes distances.

Enfin, toute piqûre, toute déchirure même minime, peut en-traîner la perte de rigidité quasi-immédiate.

4° LES SANGLES.

Le levage d’une victime, surtout très lourde, peut être facilité par l’utilisation :

a) D’une sangle courte, de liens larges, de ceinturons soli-des, d’écharpes triangulaires repliées en bande, noués ou accrochés 2 par 2 :

On les glisse sous la victime et on les saisit de chaque côté comme des poignées, en particulier pour la partie lourde du corps (bassin, haut des cuisses) ; on peut procéder de la façon sui-vante à l’aide d’une sangle d’environ 2,00 m (fig. E 4-12, a) à c) :

 engager une extrémité de la sangle sous la taille, environ jusqu’à son milieu, puis faire glisser la sangle sous le bas-sin (partie osseuse et rigide) a) ;
 passer ensuite cette extrémité sous le creux des genoux et faire remonter le lien sous le pli fessier (blocage de l’articulation de la hanche) b) ;
 on obtient d’un côté une petite boucle (poignée), de l’autre les deux brins que l’on réunit par un nœud plat pour en faire une deuxième boucle (poignée). Si le lien est trop long, ne pas laisser traîner les 2 brins pour ne pas marcher dessus c).

b) D’une longue sangle (6 m) glissée sous la victime et utilisée de façon analogue (fig. E 4-13, a) à f) :

 un équipier engage une extrémité de la sangle sous le creux des genoux, en laissant un tiers de la sangle d’un côté et les deux tiers de l’autre ; puis remonte la sangle sous le pli fessier a) ;
 un autre équipier, accroupi au niveau du bassin, saisit la sangle à pleines mains de chaque côté du corps et contre celui-ci et la maintient en place jusqu’à la fin de la technique b) ;
 le premier équipier prend l’extrémité d’un brin et la glisse sous la nuque, sangle bien à plat (sans tortillon) b) ;
 puis il soulève légèrement l’épaule pour y glisser la sangle à plat ;
 en la maintenant à la hauteur de la taille et à son extrémité, il la fait glisser par un va-et-vient en diagonale sous l’omoplate c) ;
 puis il procède de la même façon pour l’autre brin d) ;
 il tend les deux brins de la sangle par les extrémités qui sortent à la hauteur des épaules de la victime ;
 les équipiers se mettent en place ;
 l’équipier au niveau du bassin est déjà en place ;
 l’équipier au niveau de la tête saisit l’extrémité la plus longue de la sangle :

  • la pose sur son épaule à plat,
  • la passe en diagonale dans le dos,
  • fait ressortir le brin sous l’aisselle opposée,
  • saisit l’autre brin,
  • règle les brins de la sangle de façon à bien les tendre,
  • réunit les deux brins par un nœud plat et saisit la sangle,
  • prend sa position de relevage,
  • glisse sa main libre sous la nuque à la base du cou de la victime f) ;

 le troisième équipier soutient les membres inférieurs. La suite du relevage se fait selon les techniques déjà décrites.

III. - MISE SUR BRANCARD.

A) ÉLÉMENTS DE CHOIX DE LA TECHNIQUE :

Les éléments de choix du matériel et de la méthode sont les suivants :
 état de la victime et nature des lésions suspectées ;
 position du blessé (celle-ci n’influe pas sur le principe de la technique choisie, mais sur la position des mains et des avant-bras des secouristes) ;
 nombre d’équipiers ;
 accessibilité de la victime (par la tête, par les pieds, par un côté, par deux côtés) [3] ;
 possibilité de disposer le brancard près du blessé ;
 poids du blessé ;
 matériel disponible (portoirs, dispositifs de levage ...).

B) PORTOIR OU PLAN DUR :

Le portoir ou le plan dur seront glissés sous la victime.

C) MATELAS A DÉPRESSION :

Le matelas à dépression est placé sur le brancard, sauf impossibilité (escalier en colimaçon, excavation, couloir très étroit).

D) MONTAGE ET DÉMONTAGE DU BRANCARD PLIANT :

Le moniteur ne fera faire les manœuvres qu’avec le brancard pliant normalisé, à compas, sans têtière.

1° MONTAGE.

Il est démontré à partir d’un brancard complètement replié (fig. E 4-14) :

 Les deux brancardiers se placent chacun à une extrémité du brancard replié ; ils débouclent les courroies et déroulent la toile. Lorsque le brancard est muni de bretelles (pour le bran-cardage à 2), les bretelles sont déroulées et les brancardiers les placent sur leurs épaules.
 Tenant le brancard à l’envers, ils écartent les poignées. L’ouverture des compas est habituellement trop dure pour être faite à la main : le brancard entr’ouvert est placé verticalement et chaque compas est successivement ouvert d’un coup de talon (bottes, « rangers ») (fig. E 4-15).
 Les brancardiers retournent à l’endroit le brancard, le posent à terre, vérifient la solidité des hampes et de la toile (fig. E 4-16) ; enfin, ils enroulent les courroies de fixation sur elles-mêmes (fig. E 4-17).
 En brancardage à deux, chacun règle la bretelle de portage à la bonne longueur.

2° DÉMONTAGE.

On nettoie et on vérifie le brancard, puis on effectue les manœuvres précédentes en sens inverse :
 le brancard étant vertical, repousser successivement les branches de chaque compas (par un coup de talon) ;
 retourner le brancard et rapprocher les hampes ;
 rouler la toile et la fixer avec les courroies ; enrouler les bretelles autour du brancard replié.

E) LA COUVERTURE :

Elle est disposée à l’avance sur le brancard ou sur le matelas immobilisateur à dépression, en diagonale, les bords enroulés de l’intérieur vers l’extérieur (fig. E 4-18),

Un drap de toile ou non-tissé peut être interposé entre la couverture et la victime et préparé de la même façon.

F) TRANSFERT DU BLESSÉ SUR LE BRANCARD :

Le moniteur doit expliquer les facteurs qui guident le choix de chaque méthode (voir A), page 76).

Celui qui donne les ordres (le « chef de brancard ») se place :
 en général, à la tête, sauf s’il y a une « difficulté » isolée à un autre niveau (membres inférieurs fracturés sans autre lésion du corps, milieu du corps d’une victime très lourde, compression d’une hémorragie) ;
 chez le sujet inconscient ou victime d’un accident ayant provoqué un polytraumatisme et en cas de doute, il maintient la tête (liberté des voies aériennes, maintien de la colonne vertébrale au niveau du cou), quelles que soient les autres lésions visibles ou supposées.

Si la victime est consciente, il la rassure et lui explique qu’on va la placer sur un brancard.
Les différentes méthodes sont résumées dans le tableau des pages 81-82 et détaillées dans les pages suivantes.

TABLEAU DES MÉTHODES DE MISE SUR BRANCARD

VICTIME ACCESSIBLE AUX ÉQUIPIERS ET AU BRANCARD

a) De tous côtés. Méthode de base : pont amélioré à 5 (4 + 1), le brancard étant glissé du côté des pieds de la victime.

b) Dans l’axe. Pont amélioré à 5 (4 + 1) , le brancard étant glissé du côté de la tête de la victime, ou, à défaut, pont simple 3+1.

c) D’un côté. Pont néerlandais à 4  ; à défaut, à 3.

TABLEAU DES MÉTHODES DE MISE SUR BRANCARD
(Suite)

VICTIME ACCESSIBLE AUX ÉQUIPIERS
MAIS PAS AU BRANCARD

a) Latéralement :
(marchepied de wagon, marche ...)
cuiller à 3 (4 si très grand).

b) Du dessus : (fossé ...) portoir.

I. - VICTIMES SUR LE DOS

MÉTHODE DE BASE :

  Pont amélioré à 5 brancardiers, le brancard étant disposé dans l’« axe du corps » du côté des pieds (fig. E 4-19 et E 4-20) :

Le premier brancardier, qui donne les ordres (le chef de brancard, en principe) se place le plus tôt possible à la tête de la victime, en trépied, dans l’axe du corps ; il maintient la tête légèrement basculée en arrière, soit avec les deux mains placées latéralement, l’extrémité des doigts légèrement engagée sous le haut de la nuque, en soutien (prise « latéro-latérale »), soit une main sous la nuque et l’autre, les doigts en crochet, sous le menton (prise « occipito-mentonnière »).

Les avant-bras de la victime sont ramenés sur son ventre ; les trois autres brancardiers se placent en « pont » au-dessus d’elle, le dos plat, les cuisses fléchies sur le bassin, genoux pliés, les pieds légèrement décalés et suffisamment écartés pour permettre le passage du brancard :
 le deuxième, tourné en direction des pieds, passe ses mains sous les épaules de la victime ;
 le troisième engage ses mains sous la taille ; il peut aussi saisir les parties latérales d’une ceinture solide (pas la boucle !) ou saisir une veste ou une vareuse bien roulées ;
 le quatrième saisit les chevilles de la victime (il peut aussi saisir la partie antérieure d’un pantalon).

Le chef de brancard demande « Êtes-vous prêts ? ». En position, les équipiers répondent « Prêt ».

Au commandement « Attention pour lever... Levez », ils se relèvent en gardant le dos plat et soulèvent légèrement le blessé (30 cm maximum), en respectant le bloc tête-cou-tronc-membres inférieurs.

Au commandement « Envoyez le brancard », un cinquième brancardier glisse le brancard entre leurs jambes.

Au commandement « Posez », les brancardiers fléchissent leurs genoux en gardant le dos plat et reposent doucement, d’un bloc, le blessé sur le brancard.

Les brancardiers se dégagent alors sans passer leurs pieds au-dessus du visage de la victime et sans la heurter.

Le chef de brancard, resté dans la position du trépied, a main-tenu la tête dans l’axe en « suivant » le mouvement du corps, à la montée comme à la descente.

AUTRES MÉTHODES

L’accessibilité de la victime et la position dans laquelle elle se trouve peuvent ne pas permettre la réalisation de la méthode de base.

1° MÉTHODES EN PONT.

  Pont amélioré à 5 brancardiers, le brancard étant disposé dans l’axe du corps, du côté de la tête (fig. E 4-21 à E 4-23) :

Cette méthode est utilisée quand il n’est pas possible de disposer le brancard dans l’axe, du côté des pieds.

Le chef de brancard, qui soutient la tête, se place le plus tôt possible à côté de la tête de la victime, en trépied - sa position doit permettre le passage du brancard - ; il maintient la tête légèrement basculée en arrière, une main sous la nuque et l’autre, les doigts en crochet, sous le menton (prise « occipito-mentonnière »).

Le reste de la manœuvre est exécutée comme pour la méthode de base.

  Pont simple à 4 brancardiers (fig. E 4-24 à E 4-26) :

Lorsqu’on ne dispose que de 4 brancardiers, celui de la taille et celui des pieds se disposent comme précédemment.

Le brancardier de tête, le chef de brancard le plus souvent, glisse une main sous l’ensemble tête-nuque du blessé et l’autre sous la colonne vertébrale entre les 2 omoplates.

Les commandements sont identiques, les trois brancardiers levant et reposant la victime de façon synchronisée.

Il faut remarquer que la tête est moins bien maintenue que dans la méthode du « pont amélioré ».

  Pont néerlandais à 4 brancardiers (fig. E 4-27 à E 4-31) :

Le brancard est disposé le long du corps de la victime ; si le brancard a des roulettes, celles-ci sont calées.

Le chef de brancard vient se placer le plus tôt possible à la tête de la victime, qu’il maintient par une prise occipito-mentonnière (fig. E 4-27).

Le genou qui est à terre et la main qui soutient le menton sont situés du côté libre, accessible au brancard.

Le brancard est amené le long du corps de la victime, tout contre celle-ci, la poignée juste avant le genou au sol du sauveteur.

Prenant pivot sur la pointe de son pied, le sauveteur écarte le genou qui est au sol et le fait glisser de la distance juste nécessaire à l’engagement de la poignée du brancard (fig. E 4-28).

Le brancard est poussé doucement vers le sauveteur de tête, la poignée s’engageant le long du genou du sauveteur ; la poignée se trouve calée par le genou (fig. E 4-29).

Le sauveteur peut faciliter ce mouvement en déportant légèrement son corps vers le brancard, sans bouger ni ses mains, ni ses appuis au sol (pieds, genou) .

Le deuxième sauveteur prend position au niveau des pieds, puis le troisième sauveteur, s’appuyant sur l’épaule du sauveteur de tête, se place au milieu du corps, un pied contre la victime, l’autre sur la hampe opposée, dégagée de la couverture.

Le sauveteur qui maintient la tête s’aplatit vers le sol.

Le quatrième sauveteur, regardant vers les pieds de la victime, peut alors placer un pied au niveau de l’épaule libre de la victime, enjamber victime et brancard en prenant appui sur le sauveteur du milieu et placer son autre pied sur la hampe. Il engage ses mains sous les épaules de la victime (fig. E 4-30).

Les sauveteurs sont tous en position (fig. E 4-31) ; le chef demande « Êtes-vous prêts ? » ; ils répondent « Prêt ».

Au commandement « Attention pour lever... levez », les brancardiers soulèvent la victime d’un bloc de 30 cm en respectant l’axe tête-cou-tronc, puis la déplacent latéralement au-dessus du brancard, bien dans l’axe ; à « Posez », ils la reposent doucement sur le brancard.

  Pont néerlandais à 3 brancardiers (fig. E 4-32 et E 4-33) :

S’il n’y a que 3 brancardiers, ils se placent « en pont », les jambes écartées au-dessus du blessé ; le secouriste de tête fait face aux 2 autres :
 les brancardiers des 2 extrémités se placent les premiers ; ils mettent chacun un pied à l’intérieur de la poignée de la hampe qui est contre le blessé ;
 celui du milieu s’appuie sur l’épaule du secouriste de tête, enjambe le blessé et pose son pied sur le milieu de la hampe extérieure, sous la couverture.

Le brancardier de tête, le chef de brancard le plus souvent, glisse une main sous la nuque du blessé, l’autre entre les omoplates.

Les mouvements et les commandements sont identiques à ceux de la méthode du pont néerlandais à 4 brancardiers.

La tête n’est pas bien maintenue.

2° MÉTHODES EN CUILLER.

En dehors d’un dégagement en urgence, pour assurer le main-tien de l’axe tête, cou, tronc (E 7), le relevage en cuiller sera toujours précédé de la mise en place d’un collier cervical.

  Cuiller à 3 équipiers (E 4-34 à E 4-37) :

Le brancard ne peut être mis dans l’axe du blessé, ni contre lui ; on le disposera à une distance aussi courte que possible.

Les 3 équipiers se placent en trépied sur le côté libre, un à la hauteur des épaules, le deuxième à la hauteur des hanches, le troisième à la hauteur des genoux ; le genou à terre est celui situé vers les pieds de la victime ; l’autre genou est dégagé à l’extérieur du coude, le pied posé le long du blessé.

Les équipiers engagent leurs avant-bras sous la victime :
 le premier soutient d’une main l’ensemble tête-nuque et s’appuie sur l’omoplate opposée, l’autre main s’engage sous le thorax ;
 le deuxième place un avant-bras sous la taille, l’autre sous les fesses ;
 le troisième place un avant-bras sous le haut des cuisses, l’autre sous les mollets (fig. E 4-34).

Le chef demande « Etes-vous prêts ? » ; en position, ils répondent « Prêt ».

Au commandement « Attention pour lever... levez », les secouristes soulèvent la victime à la hauteur de leur genou levé ; ils ramènent ce genou sous la victime ; un avant-bras de chaque équipier repose alors sur ce genou (fig. E 4-35).

A partir de ce moment, le chef ne dit plus « Attention pour », il commande « Plaquez » : les équipiers rabattent d’un bloc la victime contre leur poitrine (fig. E 4-36).

Au commandement :

« Debout » : ils se lèvent ensemble, toujours le dos plat (fig. E 4-37).

« Reculez » : ils font les quelques pas nécessaires en se penchant légèrement en arrière pour équilibrer la charge et s’approchent du brancard.

« Tournez à droite », ou bien « Tournez à gauche » : ils font le mouvement nécessaire au dégagement.

« Avancez » : ils avancent jusqu’au brancard.

« Arrêtez » : ils s’arrêtent le long de celui-ci, la pointe des pieds à 10 cm environ de la hampe.

« A genou » : ils mettent à terre le genou côté pieds du blessé (fig. E 4-36).

« Rabattez » : ils rabattent le blessé sur leur genou entre les avant-bras (fig. E 4-35).

« Posez » : ils posent d’un bloc le blessé sur le brancard en effaçant le genou.

Ce procédé est réservé au blessé coincé contre un obstacle : il n’est pas très stable ; il est fatigant.

  Cuiller à 4 équipiers :

Si la victime est très grande et très lourde, la technique peut être effectuée par 4 équipiers qui soutiendront respectivement : tête et épaules ; tronc ; bassin ; membres inférieurs.

  Cuiller à 3 ou 4 + 1 ou 2 :

Lorsqu’on dispose d’équipiers supplémentaires, ceux-ci peuvent aider à recevoir la victime en se plaçant en trépied, de l’autre côté du brancard ; au commandement « Rabattez », ils soutiennent la victime de leurs avant-bras et aident à poser celle-ci sur le brancard (« Posez »), soulageant les brancardiers de l’autre côté et en leur évitant d’être en porte-à-faux (fig. E 4-38).

II. - VICTIMES EN POSITION LATÉRALE DE SÉCURITÉ

Les principes, les mouvements et les commandements sont identiques ; seules diffèrent la position des mains et des avant-bras. A titre d’exemple, pont simple à 4 équipiers (fig. E 4-39 et E 4-40).

III. - VICTIMES DANS LES AUTRES POSITIONS

1° POSITION DEMI-ASSISE.

La partie supérieure du corps peut être soutenue par 2 brancardiers se plaçant accroupis chacun d’un côté du tronc, une main passant sous la partie haute des cuisses et l’autre sous l’aisselle du côté opposé (fig. E 4-41).

On peut aussi saisir le blessé à l’arrière par la ceinture avec une main sous la partie haute de chaque cuisse ou bien en se servant d’une sangle passant sous le haut des cuisses, sous les aisselles et dans le dos (fig. E 4-42).

Les membres inférieurs peuvent être saisis en cuiller ou selon la méthode du pont simple.

Le brancard est glissé sous la victime.

Les matériels de calage sont transférés du sol sur le brancard après la dépose du blessé sur le brancard. Le blessé est main-tenu manuellement en position, le temps de remettre rapidement le calage en place.

2° POSITION HORIZONTALE JAMBES SURÉLEVÉES.

Deux équipiers soulèvent la moitié supérieure du corps selon la méthode du pont simple ; les membres inférieurs sont soulevés en cuiller par un équipier placé sur un côté (fig. E 4-43).

Le matériel de calage est transféré après, les jambes étant main-tenues « en l’air » le temps du transfert.

3° VICTIME A PLAT VENTRE.

 On utilise la méthode de base : pont amélioré à 5 brancardiers, le brancard étant disposé dans l’axe du corps, du côté des pieds (fig. E 4-44).

Le chef de brancard se place le premier, en trépied à la tête de la victime, à quelques centimètres de celle-ci ; pied et genou sont suffisamment rapprochés pour que les poignées des hampes du brancard puissent les encadrer.

La tête de la victime est presque toujours trouvée tournée sur le côté, une joue contre le sol ; la prise latéro-latérale et la prise occipito-mentonnière classique de la tête ne sont pas possibles ; il faut maintenir la tête par une main passée sous la nuque, pouce écarté et l’autre placée sur la joue accessible, les doigts en crochet sous le bord de la mâchoire, sans appuyer sur les parties molles du menton et du cou (fig. E 4-44).

Dès que la tête est maintenue, les membres supérieurs sont ramenés le long du corps, paumes contre les cuisses, les membres inférieurs sont rapprochés l’un de l’autre.

Puis trois brancardiers se disposent :
 l’un au niveau du tronc, engageant ses mains sous les épaules et la partie supérieure du thorax ;
 le suivant passe ses avant-bras autour des avant-bras de la victime et engage ses mains sous les os du bassin ;
 le dernier, au niveau des pieds, passe une main sous la partie inférieure des cuisses et l’autre sous les jambes.

Les équipiers sont accroupis au maximum, la tête décalée vers la droite du corps du brancardier précédent.

Le reste de la manœuvre est effectué comme précédemment.

Si la victime, une fois placée sur le brancard, se plaint de la position « membres supérieurs allongés », ceux-ci peuvent être ramenés doucement sur les côtés et au-dessus de la tête, celle-ci étant toujours maintenue pendant la manœuvre ; les bras ne doivent pas appuyer sur les hampes et les coudes ne doivent pas déborder du brancard.

 Si le brancard ne peut être disposé que du côté de la tête, le secouriste qui maintient celle-ci se place accroupi, pieds très écartés ; cette position est moins stable que précédemment (fig. E 4-45).

 Si le brancard ne peut pas être mis dans l’axe, on utilise la méthode du pont néerlandais.

Si la tête de la victime est fléchie (menton contre l’épaule), la bascule prudente de la tête en arrière est réalisée en éloignant doucement le menton de l’épaule, les mains placées comme ci-dessus ; la joue ne quitte pas le sol.

Enfin, une tête placée visage contre le sol sera doucement tournée sur le côté, une joue contre le sol, le menton éloigné de l’épaule.

4° VICTIME SOUS VENTILATION ARTIFICIELLE ET PERFUSION.

Deux équipiers supplémentaires assurent :
 l’un la ventilation, de préférence avec ballon auto-remplisseur relié à un masque, ou mieux à un embout buccal, ou encore à l’extrémité de la sonde trachéale lorsque la victime a bénéficié d’une intubation oro- ou naso-trachéale (faite par un médecin avant la mise sur brancard) ;
 l’autre, le portage du flacon, qui doit toujours rester à la même hauteur par rapport au corps de la victime.

Les équipiers veilleront à ne jamais déplacer la sonde trachéale et à ne jamais tirer sur le tuyau de la perfusion.

Juste avant le chargement, la sonde trachéale est débranchée du ballon auto-remplisseur, le tuyau d’alimentation en oxygène est également débranché.

La ventilation est suspendue pendant les quelques secondes nécessaires au mouvement de chargement.

La bouteille d’oxygène est chargée, la ventilation est immédiatement reprise et le tuyau d’alimentation en oxygène rebranché.

G) MISE EN PLACE D’UN PORTOIR SOUS LA VICTIME :

La mise en place du portoir est indiquée dans 3 cas :
 Pour transporter le blessé par des passages interdits au brancard, alors qu’il gît dans un lieu où on dispose de place autour de lui ; on utilisera alors une méthode en pont ou en cuiller.
 Quand on prévoit qu’après chargement sur le brancard, le blessé devra subir un changement de brancard (pour transport aérien, par exemple) ; le portoir est alors placé sur le brancard, avant chargement (par une méthode classique).
 Si la victime ne peut pas être mise directement sur le brancard ni dégagée en cuiller (personne très lourde, par exemple) : on procédera d’une façon analogue au change du drap d’un malade :

  • le portoir est enroulé ou replié sur lui-même dans le sens de la largeur sous la moitié de celle-ci et placé le long du blessé (fig. E 4-46) ;
  • les sauveteurs (3, ou mieux 4) font tourner d’un bloc la victime sur le côté opposé au portoir ; l’un d’eux s’occupe exclusivement de la tête (prise latéro-latérale pour n’avoir à changer ni la position de ses mains ni celle de ses pieds) ; il commande la manœuvre (ordres : « Etes-vous prêts ? », « Prêt », « Attention pour tourner... Tournez ») (fig. E 4-47) ;
    -* le portoir roulé à plat ou plié est engagé le plus loin possible sous le blessé par un autre équipier (fig. E 4-48) ;
  • la victime est remise sur le dos (« Attention pour poser... Posez ») ;
  • les équipiers placés sur le côté, changent de place et viennent se mettre à genoux de l’autre côté ; la tête de la victime est toujours maintenue par le même équipier ;
  • la victime est tournée sur l’autre côté (« Attention pour tourner... Tournez ») ;
  • le portoir est déroulé ou déplié à plat sur le sol et le blessé reposé (« Attention pour poser... Posez ») (fig. E 4-49).

H) UTILISATION DE DISPOSITIFS DE LEVAGE A LAMES :

1° DISPOSITIF A 2 LAMES OU A « CUILLERS » LATÉRALES.

On utilise la même technique que précédemment ; la victime est tournée d’un bloc sur le côté d’un angle juste nécessaire pour glisser la première moitié du dispositif, puis de la même façon, sur l’autre côté pour placer la seconde moitié ; les hampes sont alors verrouillées (N.F.P.O.V.D.C.).

2° DISPOSITIF A LAMES TRANSVERSALES (« Sicard et Mans »).

Chaque lame est glissée de côté sous le blessé, en commençant par la lame, plus large, de la tête, qui sera maintenue pendant toute la manœuvre ; puis les hampes sont glissées dans les anneaux des lames (N.F.P.O.V.D.C.), la suite de la manœuvre est faite selon les règles de brancardage.

I) MISE SUR UN CHARIOT PORTE-BRANCARD OU SUR UN CHARIOT-BRANCARD :

 si le brancard est amovible, on le détache et on charge le blessé selon la méthode la mieux adaptée ;
 si brancard et chariot forment un tout indissociable, on utilise la méthode de la cuiller à 3 ou 4 (si possible + 1 ou + 2).

Les équipiers sont formés à utiliser le matériel des véhicules de transport avec lesquels ils travailleront.

J) ARRIMAGE DE LA VICTIME AU BRANCARD :

La couverture est refermée sur le blessé, au besoin doublée d’une seconde.

La victime sera arrimée au brancard par des sangles ou des liens larges n’appuyant ni sur une blessure, ni sur le cou, ni sur la partie inférieure du thorax et la partie supérieure de l’abdomen (ce qui gênerait la ventilation).

Trois sangles passent sur les hanches, les cuisses et les chevilles (fig. E 4-50) ; la sangle des chevilles peut être mise « en 8 » (fig. E 4-51) ; de plus, si l’on prévoit un trajet accidenté (situation qui sera étudiée dans le module E 5), on complète :
 soit en plaçant une sangle ou un lien large passant transversalement sur la partie supérieure du thorax et des bras ;
 soit, mieux, par une sangle plus longue, croisée « en 8 » sur la partie supérieure du thorax et les épaules ; chaque branche du 8 passe sur une épaule et sous l’aisselle opposée (fig. E 4-52) ;
 en faisant passer les liens ou les sangles des chevilles et du thorax autour ou dans la partie creuse des pieds du brancard (fig. E 4-53) ou autour de la partie pleine (fig. E 4-54).

On peut enfin faire l’ensemble de l’arrimage à l’aide d’une ou deux sangles de 6 m (fig. E 4-55), ce qui est préférable à l’utilisation de cordages, qui nécessitent un important rembourrage pour ne pas blesser la peau de la victime.

Les mains d’une victime consciente doivent rester libres, cou-vertes ou non, selon qu’il est nécessaire de les protéger et (ou) de les surveiller.

La victime est surveillée en permanence.

VI. - CONTRÔLE PRATIQUE DES CONNAISSANCES

A la fin de la formation, chaque candidat doit être capable de choisir, de réaliser et de diriger, dans le cadre d’un cas concret :
 le montage et le démontage du brancard ;
 la mise en place des couvertures ;
 l’installation d’un blessé sur un brancard, par la méthode adaptée en fonction de la situation (accès à la victime, état de celle-ci) ;
 l’arrimage du blessé au brancard ;
 la dépose et l’installation d’un blessé sur un chariot ;
 l’utilisation d’un portoir de toile et d’un plan dur.

VII. - MATÉRIEL DIDACTIQUE

 brancard normalisé avec bretelles ;
 plan dur, portoir de toile ;
 sangles d’arrimage du blessé et liens larges (toile, écharpes triangulaires) ;
 sangle de 6 mètres ;
 couvertures ;
 draps ;
 tapis de sol ;
 ballon auto-remplisseur, masque et embout buccal ;
 matériel de perfusion sans aiguille ni cathéter (poche vide, tubulure, ruban de tissu adhésif : largeur 2 cm).

VIII. - DURÉE

8 heures pour un groupe de 10 à 12 participants.

++++

E5 - BRANCARDAGE

Savoir brancarder une victime du lieu de l’accident jusqu’au véhicule de transport.

I. - INTITULÉ

Savoir brancarder une victime du lieu de l’accident jusqu’au véhicule de transport.

II. - MODULES PRÉ-REQUIS

E 2, E 3, E 4.

III. - OBJECTIFS

 Savoir choisir les meilleures techniques de brancardage en fonction du nombre de brancardiers, du terrain et de l’état des victimes.
 Savoir pratiquer l’aide à la marche et le brancardage improvisé.

IV. - JUSTIFICATION

La victime installée sur le brancard, dans la position adaptée à son état, doit être menée jusqu’au véhicule ou à l’aéronef sanitaires par des cheminements souvent accidentés.

Les techniques enseignées dans le présent module nécessitent que le brancardage soit réalisé par des secouristes en équipe, dont l’action doit être rigoureusement coordonnée et adaptée au terrain.

V. - DÉVELOPPEMENT

Remarques pédagogiques :

Chaque technique sera démontrée en plusieurs phases :
 le moniteur démontre successivement la position et les mouvements que devra réaliser chaque équipier ;
 les équipiers prennent position et répètent les mouvements, sans volontaire et de préférence à l’aide d’un mannequin ;
 lorsque la phase précédente est bien maîtrisée, les équipiers exécutent les manœuvres avec un volontaire tenant la place de la victime, le moniteur tenant le rôle de chef de brancard ;
 enfin, au cours de la formation, chacun doit tenir le rôle de chef de brancard.

On ne passe à la technique suivante que lorsque la technique précédente est parfaitement maîtrisée.

L’apprentissage de ce module est long et fatigant.

La nécessité de ménager des pauses et le souci de ne pas épuiser les personnes (la fatigue diminue l’aptitude à l’apprentissage et augmente les risques de gestes maladroits et de chutes) rend préférable de fractionner la formation et de réserver une demie ou, mieux, une journée ou deux demi-journées à la répétition des manœuvres en charge, sur un terrain accidenté, avec un matériel complet.

I. - POSITION DE LA VICTIME SUR LE BRANCARD.

Le moniteur doit insister sur le fait que le brancard est placé horizontal sur le sol ; la surélévation des membres inférieurs et la position demi-assise sont réalisées, si besoin, par rapport à ce plan horizontal que constitue le brancard.

Deux situations peuvent se présenter :

La victime était déjà dans une position adaptée à son état avant la mise sur le brancard ; cette position est maintenue pendant et après la mise sur le brancard.

Ceci est vital pour une victime dont les membres inférieurs sont surélevés (hémorragie, détresse circulatoire) : la remise des membres inférieurs à l’horizontale, même quelques secondes, pourrait aggraver brutalement cette détresse ou provoquer l’arrêt cardiaque.

La victime n’était pas dans une position adaptée au moment où l’équipe de brancardiers arrive auprès d’elle ; il faut donc :
 mettre rapidement la victime en position adaptée (P.L.S., dos ...) ;
 procéder à la mise sur le brancard ;
 réaliser sur le brancard la surélévation des membres ou la position demi-assise.

Les positions et les techniques de mise sur le brancard ont été détaillées dans le module E 4.

II. - RÈGLES GÉNÉRALES DE BRANCARDAGE.

Les brancardiers travaillent en équipe, sous la conduite d’un chef. Les mouvements doivent être doux et synchronisés.

La marche doit être souple, sans secousse ni balancement ; les brancardiers ne doivent pas marcher au pas.

Le brancard doit rester horizontal.

Le blessé est brancardé tête en avant.

Le chef de brancard dirige la mise sur le brancard, l’installation, l’arrimage du blessé et toutes les manœuvres.

Il surveille le blessé pendant le transport.

Il se tient :
 à l’arrière, dans le brancardage à deux ;
 à l’arrière et à droite, dans le brancardage à quatre ;
 sur le côté droit, dans le brancardage à cinq.

III. - BRANCARDAGE A DEUX.

Il est très fatigant et ne permet pas le franchissement de certains obstacles.

Il est seulement utilisé :
 lors de catastrophes (afflux de blessés) ;
 pour porter des victimes légères (enfants).

A) DÉPART, MARCHE ET ARRÊT DU BRANCARD :

1° Au commandement « Etes-vous prêts ? », les deux brancardiers s’accroupissent entre les poignées, bretelle sur le dos, en regardant dans le sens de la marche ; le chef est à l’arrière (fig. E 5-1).

Ils passent les extrémités de la bretelle autour des poignées, puis saisissent celles-ci.

2° Quand le brancardier de l’avant a répondu « Prêt », le chef commande « Attention pour lever... Levez ». Les brancardiers soulèvent le brancard au bout de leurs bras ; celui de l’avant lève un peu avant celui de l’arrière pour ne pas heurter la tête du blessé.

3° Le chef commande alors « Attention pour avancer... Avancez » (fig. E 5-2).
 En cours de marche, le brancardier de l’avant annonce tout obstacle dès qu’il est visible (« Obstacle ! »).

4° Pour arrêter le brancard, le chef commande « Attention pour arrêter... Arrêtez ».

5° Pour poser au sol, le chef commande « Attention pour poser... Posez » ; le brancard est alors descendu horizontalement et posé doucement sur le sol.

B) FRANCHISSEMENT D’OBSTACLE SIMPLE :

C’est en particulier lors du passage d’un obstacle qu’on aperçoit les inconvénients du brancardage à deux. La manipulation du brancard est pénible, même pour des hommes robustes ; on ne pourra guère franchir qu’un fossé de 80 cm de large dont les bords sont solides ; ou un mur solide de un mètre de haut, sur l’arête duquel on pourra sans risque faire reposer le brancard.

1° Le brancard est amené perpendiculairement à l’obstacle ; il est arrêté à un mètre de celui-ci pour permettre au brancardier de l’avant (B sur les schémas) de se dégager (« Attention pour arrêter... Arrêtez »).

2° Le brancard est posé à terre (« Attention pour poser... Posez »), les brancardiers détachent les bretelles des poignées ; le chef de brancard vérifie l’obstacle (fig. E 5-3) ; le mur ou la barrière doivent être solides ; les bords du fossé ou de la tranchée ne doivent pas être friables.

3° Le chef de brancard (A sur les schémas) vient se placer accroupi, les genoux entre les bras tendus, les pointes des pieds écartées et engagées sous la hampe droite ; l’autre brancardier se place de la même façon à gauche ; ils saisissent chacun la hampe en écartant leurs mains pour assurer la stabilité du brancard, une main au niveau de l’épaule de la victime, l’autre à hauteur de la hanche (fig. E 5-4 à 5-6).

4° Le brancard est levé (« Levez ») (fig. E 5-7). A partir de ce moment, le chef ne dit plus « Attention pour... », afin d’éviter toute perte de temps au cours d’une manœuvre parfois pénible et supposée connue de son coéquipier.

5° Le brancard est engagé au-dessus de l’obstacle (« Avancez... Halte »). S’il s’agit d’un fossé, on engage seulement le premier tiers du brancard et on le repose sur le sol ; s’il s’agit d’un mur solide, les brancardiers posent l’avant du brancard sur le mur (fig. E 5-8).

6° Le brancard est maintenu immobile : les brancardiers, en restant face-à-face, soutiennent le brancard et viennent se placer au niveau des poignées arrière. Pour effectuer ce mouvement, ils se déplacent latéralement en soutenant toujours le brancard ; leurs mains coulissent le long de la hampe (fig. E 5-9).

7° Le brancardier B passe entre les poignées arrière (fig. E 5-10). Si l’obstacle est un mur, il les soutient ; lors-que l’obstacle est un fossé, il maintient le brancard au sol.

8° Quand B tient les poignées arrière, A franchit l’obstacle et vient se placer de l’autre côté, face au brancard, entre les poignées avant qu’il soutient (fig. E 5-11).

9° Les brancardiers soulèvent légèrement le brancard et lui font franchir l’obstacle presque complètement (« Envoyez... Halte ») (fig. E 5-12). Le brancard est alors reposé sur le
mur ou sur le sol (cas du fossé).

10° La tête du brancard toujours maintenue par A, on effectue les manoeuvres précédentes, mais en sens inverse : B franchit l’obstacle et vient saisir la poignée avant-gauche (fig. E 5-13).

11° A lâche la poignée avant-gauche et passe sur le côté, face à la poignée avant-droite, qu’il soutient toujours (fig. E 5-14).

12° Comme au sixième temps, mais en sens inverse, les brancardiers, se faisant face, reviennent le long des hampes en faisant coulisser leurs mains le long de celles-ci (fig. E 5-15).

13° Les brancardiers soulèvent le brancard de leurs mains bien écartées, une main au niveau de l’épaule de la victime ; ils achèvent le passage de l’obstacle et arrêtent le brancard à un mètre de celui-ci (« Avancez... Halte »).

14° Le brancard est posé à terre (« Posez »).

15° Les brancardiers reprennent leur place primitive, remettent les bretelles en place et le brancard repart.

On voit que cette manœuvre est longue, compliquée, pénible ; elle fait poser le brancard à terre et n’est applicable qu’à peu d’obstacles.

IV. - BRANCARDAGE A QUATRE.

Le brancard est porté au bout du bras (le brancardage à l’épaule est plus pénible, moins sûr ; il ne permet pas la surveillance du blessé).

Le chef est à l’arrière-droit.

A) DÉPART, MARCHE ET ARRÊT DU BRANCARD :

1° Au commandement « Etes-vous prêts ? », les quatre brancardiers s’accroupissent devant leur poignée, faisant face au brancard, les cuisses écartées, le dos plat.
Ils saisissent la poignée des deux mains (fig. E 5-16). En position, ils disent « Prêts ».

2° Au commandement « Attention pour lever... Levez », les brancardiers se relèvent, le dos plat (fig. E 5-17).

3° Le chef dit « Attention pour avancer » ; les brancardiers pivotent d’un quart de tour vers l’avant (sens de la marche) une main tenant la poignée, l’autre libre ; « Avancez » ; le brancard part (fig. E 5-18).

En cours de marche, les brancardiers de l’avant annoncent tout obstacle dès qu’ils l’aperçoivent (« Obstacle ! »).

4° Pour arrêter le brancard, le chef commande « Attention pour arrêter... Arrêtez ».

5° Pour la pose au sol, le chef dit « Attention pour poser » ; les brancardiers font face au brancard et reposent la main libre sur la poignée ; « Posez » : le brancard est descendu, horizontal, et posé doucement sur le sol.

B) FRANCHISSEMENT D’UN OBSTACLE SIMPLE (mur, appui de fenêtre, haie, fossé étroit) :

La manœuvre est plus aisée qu’à deux ; on franchit un fossé étroit, un obstacle vertical jusqu’à 1,80 m environ.

Il n’est pas nécessaire de poser le brancard à terre (sol boueux ou inégal), ni d’appuyer le brancard sur l’obstacle (haie, mur branlant).

Cependant, pendant les phases où le brancard est immobile, on peut poser celui-ci sur un mur solide, un appui de fenêtre, un sol sec ou cimenté, pour économiser l’effort des brancardiers.

Lorsque l’obstacle a une hauteur d’environ 1 m, on procède ainsi :

1° Le brancard est amené perpendiculairement à l’obstacle, tout contre celui-ci (« Attention pour arrêter... Arrêtez ») (fig. E 5-19).

2° Les deux brancardiers avant font face au brancard en pivotant d’un quart de tour (« face au brancard ») ; à partir de ce moment, le chef ne dit plus « Attention pour » (fig. E 5-20).

3° Le brancardier arrière-gauche (B sur les schémas) passe entre les poignées arrière et les soutient (fig. E 5-21).

4° Le chef de brancard (A sur les schémas), qui était à l’arrière-droit, reconnaît et franchit l’obstacle et se place de l’autre côté, face à l’avant du brancard ; les deux brancardiers de l’avant (C et D) restent sur place, tout contre l’obstacle (fig. E 5-21).

5° Au commandement « Envoyez », le brancard coulisse entre C et D, soutenu à l’arrière par B.

Le chef (A) saisit les poignées (fig. E 5-22).

Le brancard franchit ainsi l’obstacle à demi, puis s’arrête (« Halte »).

6° Le brancard restant soutenu par A à l’avant et par B à l’arrière, C et D passent rapidement l’obstacle et se replacent contre lui de l’autre côté (fig. E 5-23).

7° Au commandement « Envoyez », le brancard recommence à coulisser entre C et D, qui restent immobiles contre l’obstacle.

B soutient l’arrière du brancard aussi loin qu’il le peut.

8° Le brancard achève de franchir l’obstacle, soutenu par le chef (A) à l’avant, par C et D à l’arrière. Il est arrêté à environ un mètre plus loin (« Halte »), ce qui permet à B de franchir l’obstacle et de se replacer entre les poignées arrière, qu’il soutient (fig. E 5-24).

9° Le brancard reste soutenu aux extrémités par A et B, pendant que C et D reprennent leur place primitive à l’avant, sans cesser de soutenir la hampe (fig. E 5-25).

10° Le chef (A) reprend alors sa place à l’arrière-droit (fig. E 5-25).

11° B passe à l’extérieur des poignées et reprend sa place à l’arrière-gauche (fig. E 5-26).

Un fossé étroit est franchi selon le même principe.

C) FRANCHISSEMENT D’UN OBSTACLE ÉLEVÉ (environ 1,50 à 1,80 m) :

Il est nécessaire de porter le brancard à l’épaule avant de commencer à franchir celui-ci (fig. E 5-27).

Dès que le brancard est arrêté (fin du 1er temps), le chef dit « Attention pour épauler » ; les 4 brancardiers font face au brancard et placent les deux mains sur la poignée :
 la main qui est vers l’arrière, par-dessous la poignée, paume en l’air, pouce vers l’arrière ;
 la main qui est vers l’avant par-dessus, paume en bas, pouce vers l’arrière.

« Épaulez » : le brancard est hissé sur l’épaule.

Le reste de la manœuvre se fait comme précédemment jusqu’à la fin du 11e temps, où le chef commande « Attention pour baisser » ; les 4 brancardiers ramènent leurs mains dans la même position que ci-dessus ; « Baissez » ; le brancard est baissé au bout du bras et la marche peut reprendre.

Il est parfois nécessaire avant de repartir, de poser le brancard quelques instants sur un sol horizontal et sec, pour que les brancardiers puissent « récupérer ».

V. - BRANCARDAGE A CINQ.

Le brancard est porté au bout du bras.

Le chef est à côté du brancard (à droite de préférence).

A) DÉPART, MARCHE ET ARRÊT DU BRANCARD :

Les ordres, les positions et les mouvements sont identiques à ceux du brancardage à quatre.

B) FRANCHISSEMENT D’UN OBSTACLE SIMPLE (mur, appui de fenêtre, haie, fossé étroit) :

La manœuvre est extrêmement simple.

1° Le brancard est amené perpendiculairement à l’obstacle, tout contre celui-ci (« Attention pour arrêter... Arrêtez ») (fig.. E 5-28).

2° Les deux brancardiers avant font face au brancard (« Face au brancard ») (fig. E 5-29). A partir de ce moment, le chef ne dit plus « Attention pour... ».

3° Le chef (E sur les schémas), qui marchait sur le côté, reconnaît et franchit l’obstacle et se place face à l’avant du brancard (fig. E 5-30).

4° Au commandement « Envoyez », le brancard coulisse entre les brancardiers de l’avant C et D, soutenu à l’arrière par A et B. Le chef saisit les poignées (fig. E 5-31).

5° Lorsque le brancard a franchi à demi l’obstacle, on arrête le mouvement (« Halte »). Les brancardiers de l’arrière (A et B) passent l’obstacle et se placent contre lui, face aux hampes, qu’ils soutiennent (fig. E 5-32).

6° Le brancard progresse à nouveau (« Envoyez ») ; il coulisse entre A et B, soutenu à l’avant par le chef E.

7° C et D soutiennent le brancard le plus loin possible, puis franchissent l’obstacle à leur tour. Ils viennent reprendre leur place primitive à l’avant et le brancard achève de passer l’obstacle (fig. E 5-33). A et B retrouvent leur place primitive.

8° Le chef reprend sa place sur le côté et le brancard peut repartir.

Un fossé étroit est franchi selon le même principe.

Un mur élevé nécessite d’épauler (comme en brancardage à 4) (fig. E 5-34).

VI. - BRANCARDAGE A 4 OU 5 EN TERRAIN ACCIDENTÉ.

D’UNE FAÇON GÉNÉRALE, ON DOIT TOUJOURS CHERCHER A CONTOURNER L’OBSTACLE, CAR IL EST MOINS FATIGANT D’ALLONGER LE PARCOURS QUE DE FRANCHIR UN OBSTACLE DIFFICILE.

A) LARGE FOSSÉ (dans lequel on peut descendre) :

Le brancard est amené jusqu’au bord du fossé et posé à terre.

Les deux brancardiers de l’avant descendent dans le fossé pour soutenir le brancard (fig. E 5-35).

B) DÉNIVELLATION VERTICALE :

Un à-pic de un à deux mètres est franchi toujours selon le principe de l’obstacle.

Pour le franchissement de bas en haut, le chef monte sur la partie élevée et reçoit le brancard.
Quand on va du haut vers le bas, les deux brancardiers de l’avant (en brancardage à 4), ou de l’arrière (en brancardage à 5), descendent avec le chef pour recevoir et soutenir le brancard (fig. E 5-36, E 5-37 et E 5-38).

C) TAS DE DÉCOMBRES ET LARGE EXCAVATION :

La montée et la descente seront considérées comme deux obstacles séparés.

D) PASSAGES BAS :

Un passage bas est franchi toujours suivant le même principe de l’obstacle (fig. E 5-39).

Si le passage est très bas (50 cm) et très long (plusieurs mètres), les brancardiers le franchissent en rampant. Le brancard progresse entre eux, par mouvements successifs de 20 à 40 centimètres (« Envoyez... Halte »), sans secousse ni heurt ; entre chaque mouvement, les équipiers progresseront à leur tour (fig. E 5-40).

Dans le franchissement de tous ces obstacles surbaissés, on veillera particulièrement à ne pas heurter le visage du blessé au plafond de l’obstacle ; on protégera les yeux.

E) PASSAGES ÉTROITS :

Il arrive fréquemment que la largeur d’un couloir ou d’une porte ne permette pas aux brancardiers de passer de front avec le brancard. Dans un couloir, les brancardiers d’un côté passent à l’intérieur des poignées, ceux de l’autre côté se plaquent contre la hampe ; dans un passage très étroit, tous les brancardiers passent à l’intérieur des poignées (fig. E 5-41).

Le passage d’une porte très étroite peut se faire en brancardage à deux (attention aux mains !).

Le brancard ne sera qu’exceptionnellement incliné sur le côté ; l’arrimage aura alors été vérifié et on penchera le blessé sur le côté sain.

F) MONTÉES ET DESCENTES :

On doit suivre le plus possible la règle générale : maintenir le brancard horizontal.

a) Pour une pente moyenne ou un escalier assez large, on continue à avancer sans changer le sens de marche du brancard. Les brancardiers qui sont vers le bas relèvent les poignées jusqu’à la ceinture, la poitrine ou l’épaule selon la raideur de la pente ; ils maintiennent ainsi le brancard horizontal (fig. E 5-42).

b) La question d’incliner le brancard et de mettre le sujet tête basse ou tête haute, en changeant au besoin le sens de la marche, ne se pose que dans trois cas :
 les escaliers étroits, où l’on peut à peine manoeuvrer le brancard ;
 les pentes très longues, où le maintien du brancard en position horizontale serait épuisant pour les brancardiers ;
 les pentes très accentuées où la marche normale est impossible.

Dans les escaliers étroits et les longues pentes, on respecte les règles suivantes : arrimage vérifié ; position tête haute pour les blessés thoraciques, les fractures de côtes, les victimes conscientes intoxiquées par des gaz et vapeurs toxiques ou présentant une gêne respiratoire ; position tête basse pour tous les autres blessés (les fractures des membres inférieurs, où le corps ne doit jamais peser sur la fracture, entrent dans ce cas). On s’efforce de compenser la pente par la différence de taille des brancardiers.

Dans les pentes très accentuées (talus de chemin de fer), le brancard est hissé transversalement (fig. E 5-43). Avant d’aborder la pente, le brancard fait un quart de tour, puis est posé à terre. Le brancard est alors monté ou descendu latéralement, maintenu horizontal, presque au ras du sol, pour atténuer les conséquences d’une chute ou d’une glissade. Deux brancardiers se mettent entre les poignées (deux autres se placent le long de la hampe située vers le bas, s’il y a le personnel suffisant). Il faut « assurer » le brancard par deux brancardiers solidement plantés en haut du talus et tenant fermement des cordes fixées aux deux poignées de la hampe située vers le haut. Le brancard progresse par « sauts » d’une quarantaine de centimètres « Envoyez... Halte » ; dans l’intervalle les brancardiers avancent à leur tour ; seuls les deux pieds du brancard vers le haut de la montée sont posés sur le sol.
La descente est faite selon le même principe ; vérifier avant que les cordes sont assez longues.

VII. - BRANCARDAGE D’UNE VICTIME VENTILÉE OU PERFUSÉE.

Sauf cas très particuliers (utilisation d’une tige porte-flacon, victime sous ventilation artificielle automatique par respirateur portatif léger autonome), il faudra :
 une personne pour porter le flacon ou la poche de perfusion, 60 à 80 cm au-dessus du niveau du brancard ;
 une personne pour assurer la ventilation artificielle à l’aide d’un ballon autoremplisseur, avec un masque ou un embout buccal ou encore à l’extrémité de la sonde trachéale lorsque la victime a bénéficié d’une intubation oro- ou naso-trachéale (faite par un médecin).

Celui qui porte le flacon se place sur le côté du brancard (fig. E 5-44) ; celui qui assure la ventilation artificielle au ballon doit en même temps progresser et ventiler ; il faut donc qu’il marche en avant (et non à reculons). Il doit donc se placer entre les poignées arrière du brancard (fig. E 5-45 et E 5-46). Dans tous les cas, la victime est brancardée la tête à l’arrière, donc pieds en avant. Ceci permet la mise en œuvre immédiate de la ventilation artificielle pour une victime perfusée.

Quand il n’y a que trois porteurs, ils sont disposés l’un du côté des pieds, les deux autres du côté de la tête du blessé, partie plus lourde.

Les équipiers veilleront à ne jamais déplacer la sonde trachéale et à ne jamais tirer sur le tuyau de la perfusion.

VIII. - CHARGEMENT DANS UN VÉHICULE DE TRANSPORT SANITAIRE.

Le chargement d’un brancard dans un véhicule de transport sanitaire est fait selon les mêmes règles que le franchissement d’obstacle à 4 ou 5 brancardiers (très rarement à deux).

La victime est toujours chargée tête vers l’avant sauf instruction contraire du médecin.

A) VÉHICULE A 1 PLACE :

Le brancard est chargé dans le véhicule :
 soit directement sur ses rails ou son support latéral (gauche le plus souvent) et arrimé (fig. E 5-47) ;
 soit sur le porte-brancard mobile du véhicule : on charge le brancard en position médiane, on l’arrime au porte-brancard et on fait riper l’ensemble vers le côté gauche en position de transport ; le porte-brancard est alors verrouillé.

B) VÉHICULE A 2 PLACES :

Il peut s’agir :
 de 2 places superposées ; on charge le brancard du haut d’abord ;
 de 2 places côte-à-côte ; lorsqu’il y a un porte-brancard, on charge d’abord celui-ci, qu’on fait riper et qu’on verrouille en position latérale ; puis on charge le second brancard sur le second support.

Le blessé le plus grave doit être le plus accessible pour le personnel d’accompagnement.

Le chef de bord du véhicule doit s’assurer du bon arrimage des blessés et de la fermeture correcte des portes.

IX. - BRANCARDAGE AVEC MATÉRIEL IMPROVISÉ (N.F.P.O.V.D.C.).

La position idéale de transport d’un blessé est la position couchée : les équipiers qui n’ont pas de brancard doivent savoir en improviser un.

1° La couverture repliée sur deux longs bâtons n’est pas un procédé recommandable. En effet, c’est le poids de la personne transportée qui maintient la couverture en place ; on ne peut donc pas mettre de traverses ; pendant le transport, les montants se rapprochent et compriment le blessé (par contre, une couverture dont les grands côtés sont roulés jusqu’au contact du corps de la victime peut servir de portoir improvisé : fig. E 5-48).

2° On prendra donc deux solides montants, réunis par des traverses ; le tout est maintenu en place par des cordes.

Les montants sont longs de 2,20 m au moins et les traverses de 60 centimètres. Ils sont réunis aux quatre angles par des brêlages droits [4] placés près des extrémités des montants (fig. E 5-49).

On utilise comme toile, des vêtements de travail ou des parkas dont les manches, retournées à l’intérieur, permettent le passage des hampes (fig. E 5-50) ; enfiler les vêtements avant de faire les brêlages.

3° Un volet large, une porte dont on retire la poignée, une échelle courte recouverte d’une planche, peuvent servir de brancard.

4° Une chaise d’ameublement très solide peut servir pour les malades impotents, dans les passages étroits et sinueux, les escaliers en colimaçon. Un équipier saisit le dossier, l’autre les pieds avant de la chaise ; dans un premier temps, la chaise est basculée, puis elle est levée comme un brancard.

X. - AIDE A LA MARCHE ET PORTAGE SUR QUELQUES MÈTRES.

Les équipiers doivent savoir aider quelqu’un momentanément gêné pour marcher (petite plaie du pied, fatigue ...) à se déplacer sur quelques mètres.

A) AIDE A LA MARCHE PAR UN OU DEUX ÉQUIPIERS :

Le blessé est soutenu d’un côté ou des deux côtés, tenu par un ou deux poignets et par la taille (ceinture ou vêtement) (fig. E 5-51 et E 5-52).

B) PORTAGE SUR QUELQUES MÈTRES :

Deux équipiers peuvent porter une personne avec les mains réunies en chaise (quatre mains, fig. E 5-53), ou trois mains (fig. E 5-54), le quatrième bras prenant appui sur l’épaule de l’autre équipier, formant dossier.

Ces techniques sont améliorées par l’utilisation d’un anneau fait d’une toile solide, dit « torchette », ou d’une sangle. Au lieu de se tenir les poignets, les sauveteurs agrippent l’anneau de toile ou la sangle ; le transport est alors plus facile, les secouristes marchent de face et la position de leurs mains est moins pénible (fig. E 5-55 et E 56).

Le portage à dos par un seul équipier qui soutient avec ses mains les cuisses de la victime, n’est pas recommandé ; s’il est nécessaire, il peut être remplacé par le portage avec une sorte de « bouée » réalisée avec une sangle de 6 mètres (fig. E 5-57).

VI. - CONTRÔLE PRATIQUE DES CONNAISSANCES

A la fin de la formation, chaque candidat doit être capable, à partir d’un cas concret, de choisir, de réaliser et de diriger :
 le brancardage à 2, 4 et 5, en terrain plat et accidenté ;
 le chargement dans un véhicule de transport sanitaire à 1 ou 2 places ;
 l’aide à la marche et le portage sur courte distance.

VII. - MATÉRIEL DIDACTIQUE

 brancard normalisé avec bretelles ;
 sangles d’arrimage du blessé ;
 couvertures ;
 tapis de sol ;
 ballon auto-remplisseur avec masque et embout buccal ;
 matériel de perfusion, sans aiguille ni cathéter (flacon ou mieux, poche vide, tubulure, ruban de tissu adhésif : largeur 2 cm) ;
 cordages, dont plusieurs de 4 m et 6 m de longueur ; sangles de 6 m ;
 matériel d’improvisation : bandes de toile, triangles de toile, perches de 2,20 m, sacs de toile, parkas, vestes type « travail » ou « tenue de campagne », ficelle de gros calibre ;
 véhicule de transport sanitaire à 1 ou 2 brancards ;
 lest constitué de sacs de sable et autres matériaux destinés à simuler le poids de la victime sur le brancard (environ 70 kg répartis).

Il faudra disposer d’un terrain accidenté présentant les différents obstacles décrits dans le module : le brancardage ne s’enseigne pas uniquement en salle ! (voir les remarques pédagogiques au début de la présente fiche).

VIII. - DURÉE

12 heures pour un groupe de 10 à 12 participants.

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E6 - HÉMORRAGIES - PLAIES - BRÛLURES

Savoir agir, avec du matériel, devant une hémorragie, une plaie ou une brûlure.

I - INTITULÉ

Savoir agir, avec du matériel, devant une hémorragie, une plaie ou une brûlure.

II - MODULE PRÉ-REQUIS

E2.

III. - JUSTIFICATION

I. - LES HÉMORRAGIES.

La fréquence et la gravité immédiate ou retardée des hémorragies demandent aux équipes de secouristes de savoir intervenir très rapidement, efficacement et en toute sécurité jusqu’à la prise en charge médicale de la ou des victimes.

II. - LES PLAIES.

Les équipes de secouristes doivent reconnaître la gravité d’une plaie, en connaître les dangers pour agir efficacement et prévenir les complications.

III. - LES BRÛLURES.

Chaque année, en France, sur 1 000 habitants, 3 sont victimes de brûlures.
Les équipes de secouristes doivent savoir effectuer précocement le refroidissement des régions brûlées par aspersion d’eau froide (pour en diminuer la profondeur, réduire la douleur) et emballer les lésions pour prévenir l’infection ; ils doivent savoir reconnaître les brûlures chimiques et électriques et agir en conséquence.

IV. - OBJECTIF

I. - LES HÉMORRAGIES.

 Savoir reconnaître une hémorragie externe ou extériorisée.
 Savoir pratiquer les gestes adaptés pour arrêter l’hémorragie et en limiter les conséquences.

II. - LES PLAIES.

 Savoir différencier une plaie simple d’une plaie grave.
 Connaître les dangers des plaies et savoir les prévenir.
 Savoir agir devant une plaie.

III. - LES BRÛLURES.

 Savoir quand refroidir une brûlure.
 Savoir comment arroser les régions brûlées.
 Savoir sécher, emballer les zones brûlées, après en avoir réalisé l’aspersion, et surveiller la victime.
 Savoir agir devant une brûlure chimique ou électrique.

V. - DÉVELOPPEMENT

I. LES HÉMORRAGIES.

A) LES HÉMORRAGIES EXTERNES :

Le sang sort par une plaie. Le plus souvent, l’hémorragie est évidente. Quelquefois, elle peut être masquée - le sang peut s’écouler à l’intérieur des vêtements, par exemple - et il faut savoir la rechercher systématiquement en examinant la victime.

La priorité reste l’arrêt de l’hémorragie et son contrôle jusqu’à la prise en charge médicale.

Les principes décrits en B 4 doivent être appliqués :

L’arbre de décision figure en fin de ce module (fig. E 6-26, p. 179).

1° COMPRESSION LOCALE.

a) Appuyer avec les doigts ou la main au niveau de la plaie :

Si, au moment de son départ, l’équipe a la notion que la victime à secourir est susceptible de présenter une plaie (donc une hémorragie externe), l’un des secouristes mettra une paire de gants à usage unique. Ainsi, dès l’arrivée sur les lieux de la détresse, ce secouriste pourra d’emblée, en cas d’hémorragie, effectuer une compression directe, tout en évitant le contact avec le sang de la victime.

Cette simple anticipation permet de se prémunir du risque de contamination vis-à-vis des maladies transmises par le sang (hépatite B, syphilis, Sida, ...).

Le moniteur précisera que la transmission de ces maladies nécessite un contact entre le sang de la victime infectée et celui du secouriste (donc la nécessité d’une plaie si minime soit-elle chez les deux sujets).

Le moniteur fera comprendre que faire mettre d’emblée des gants à usage unique à un secouriste est une mesure peu coûteuse permettant d’effectuer, sans perdre de temps, une compression locale, tout en assurant la protection du secouriste.

b) La compression locale peut s’effectuer par l’intermédiaire de compresses stériles :

Le moniteur doit faire comprendre que cette pratique ne doit, en aucun cas, retarder la réalisation de la compression.

Le moniteur insistera sur la nécessité d’effectuer une compression juste suffisante pour arrêter l’hémorragie.

c) Lorsque la plaie hémorragique siège au niveau d’un membre, s’il n’existe pas de fracture ou de corps étranger, la victime sera allongée et le membre surélevé, de façon à limiter le saignement :

Le moniteur fera comprendre que le fait de relever le membre au-dessus du niveau du coeur, réduit le débit sanguin et donc renforce l’efficacité de la compression.

d) Lorsque la compression arrête l’hémorragie, les doigts ou la main qui appuient sont remplacés par un pansement compressif

Le moniteur fera comprendre qu’il s’agit toujours d’une compression locale où les doigts ou la main sont remplacés par un tampon (de gaze ou de mousse) et la compression réalisée par la mise en place d’un bandage.

e) Il existe différents moyens de réaliser un pansement compressif :

 avec plusieurs épaisseurs de compresses stériles maintenues par une bande ;
 avec un pansement individuel « type Armée », matériel qui présente l’avantage de contenir, dans le même emballage stérile, tous les éléments nécessaires à la réalisation du pansement compressif. Ce type de pansement existe en plusieurs tailles. Il conviendra de choisir un pansement adapté à la taille de la plaie ;
 avec un « coussin hémostatique d’urgence » qui est un pansement individuel comprenant un tampon de mousse plastique et une bande élastique. Il permet de réaliser une compression efficace et bien répartie.

Quel que soit le type de matériel utilisé, la circulation sanguine en dessous du siège de l’hémorragie ne doit pas être gênée. Le pouls doit être perçu, la peau ne doit pas être violacée.

2° COMPRESSION A DISTANCE.

Les principes et techniques décrits en B 4 doivent être appliqués.

Les points de compression peuvent être effectués :

a) Pour une hémorragie au niveau du cou :
 à la base du cou ; c’est le point de compression carotidien (voir B 4).

b) Pour une hémorragie du membre inférieur
 au pli de l’aine (voir B 4) ; c’est le point de compression fémoral.

c) Pour une hémorragie du membre supérieur :
 derrière la clavicule (voir B 4) ; c’est le point de compression sous-clavier ;
 dans le creux de l’aisselle ; c’est le point de compression axillaire (fig. E 6-1).

Il s’effectue en plaçant les deux pouces dans le creux de l’aisselle, les autres doigts enserrant l’épaule. Les pouces doivent être placés côte-à-côte. Il faut le réaliser en cas d’hémorragie de la partie haute du bras non contrôlée par la compression locale ;

 à la face interne du bras ; c’est le point de compression huméral (fig. E 6-2).

Il s’effectue en plaçant le pouce (droit, pour une plaie située à droite et gauche, si la plaie se situe à gauche), dans le creux qui existe entre les deux muscles du bras (biceps et triceps), les autres doigts enserrant le bras. Il est réalisé pour une hémorragie de la partie basse du bras ou de l’avant-bras, non contrôlée par la compression locale.

Un point de compression ne doit être relâché que sur ordre médical ou après la mise en place d’un garrot, technique qui doit rester exceptionnelle dans le cadre de l’exercice en équipe.

Si la manœuvre est longue, deux secouristes peuvent se relayer.

Le moniteur insistera sur la nécessité de ne comprimer l’artère qu’avec la force juste nécessaire pour arrêter l’hémorragie. Lors de la formation, le moniteur palpera le pouls en aval du point de compression pour signaler à l’élève le moment de sa disparition.

Lors de l’entraînement, le point de compression n’est maintenu que quelques secondes.

3° LE GARROT.

La mise en place d’un garrot dans le cadre de l’exercice en équipe doit rester exceptionnelle :
 arrachement d’un segment de membre avec une hémorragie incontrôlable par un autre moyen ;
 plusieurs victimes présentant une détresse vitale ;
 échec des compressions locale et à distance.

Les principes de mise en place et de surveillance décrits en B 4 doivent être appliqués.

Il existe plusieurs types de garrot :
 le garrot « artériel », lien de toile solide et inextensible de 2 ou 3 centimètres de large. Certains sont munis d’une boucle permettant le maintien du serrage. D’autres n’ont pas de boucle et doivent être placés selon la technique décrite en B 4 ;
 les garrots pneumatiques dont l’utilisation est réservée aux équipes médicales.

Le moniteur fera comprendre que tout garrot élastique doit être proscrit. La compression réalisée par ce type de matériel est inefficace pour des hémorragies artérielles et augmente la perte de sang en cas d’hémorragie veineuse.

4° POSITIONS D’ATTENTE - SURVEILLANCE.

Une fois le saignement arrêté, les équipes de secouristes doivent être capables de limiter les conséquences liées à la perte de sang.

Le moniteur fera comprendre qu’une hémorragie conduit à une diminution de la quantité de liquide circulant dans les vaisseaux et aussi à une perte de cellules qui composent le sang, en particulier de globules rouges, transporteurs d’oxygène.

La perte de liquide a pour conséquence une diminution du débit sanguin, donc une réduction de la quantité de sang qui arrive au niveau des organes et en particulier au niveau du cerveau :
 il faut donc allonger, dès que possible, la victime en position horizontale ;
 si la perte de sang a été importante (pâleur de la face interne de la paupière inférieure ou des lèvres, pouls rapide, mal ou non perçu au niveau du poignet, soif, extrémités froides), il faut surélever les membres inférieurs par rapport au plan du sol, le reste du corps demeurant en position horizontale (voir B 4) ; ne jamais rabaisser les membres surélevés avant l’arrivée de l’équipe médicalisée.

Le moniteur expliquera que le fait d’allonger la victime facilite l’arrivée du sang au niveau du cerveau. Cœur et cerveau se trouvant sur un même plan horizontal (donc au même niveau), le cœur (donc la pompe) a moins de travail à fournir pour irriguer le cerveau que lorsque la victime est assise ou debout (le cerveau se trouve alors à 30 cm au-dessus du cœur).

Le fait de surélever les membres inférieurs permet de limiter la quantité de sang située dans les vaisseaux de ces membres. Ceci permet d’utiliser ce sang pour aller irriguer le cerveau.

La perte de globules conduit à une diminution de la quantité d’oxygène transporté, donc à une réduction de la quantité d’oxygène arrivant aux cellules :
 il faut donc administrer de l’oxygène (voir E 9).

Par ailleurs, il faut :
 éviter le refroidissement de la victime (la lutte contre le froid est très coûteuse en énergie) ;
 assurer sa surveillance dans l’attente d’une équipe médicale.

B) LES HÉMORRAGIES EXTÉRIORISÉES :

Les principes et techniques décrits en B 4 doivent être appliqués. La limitation des conséquences de l’hémorragie passe également par :

a) L’installation de la victime :

 allongée, ou allongée jambes surélevées ;
 assise, demi-assise si la victime ne supporte pas la position allongée ;
 en P.L.S. si la victime est inconsciente.

b) L’oxygénothérapie (voir E9).

c) La protection thermique.

En cas d’hémorragie extériorisée, la qualité (précision des informations) du contact médical est d’une importance capitale.

II. - LES PLAIES.

A) LES PLAIES SIMPLES :

La définition et les principes de prise en charge énoncés en B 9 peuvent être complétés par les éléments suivants :

 Le secouriste doit se protéger les mains avec des gants de soins à usage unique pour éviter tout contact avec le sang de la victime.

Cette précaution ne dispense pas du lavage des mains, avant et après la réalisation du geste.

 Les plaies simples seront nettoyées à l’aide d’un antiseptique (assure à la fois le nettoyage et la désinfection, c’est-à-dire la destruction des microbes). La désinfection s’effectuera des bords de la plaie vers l’extérieur.

Le moniteur expliquera qu’il faut utiliser un antiseptique « mouillant » (Cétavlon, Hexomédine, Hibitane, Mercryl Laurylé, Merseptyl solution, Septivon, Solubacter, Sterlane®, ...).

L’utilisation de ces produits doit être conforme aux indications portées sur la notice d’emploi du fabricant.

Il convient d’éviter d’utiliser les antiseptiques colorants (masquant les signes d’infection), l’éther et l’alcool qui sont inflammables et irritants et les antibiotiques qui nécessitent une prescription médicale.

Une fois ces gestes effectués, il est nécessaire de protéger la plaie pour éviter qu’elle ne soit à nouveau souillée.

Plusieurs types de matériels peuvent être employés :

1° LES PANSEMENTS.

Le pansement adhésif
(fig. E 6-3) :

Il est prêt à l’emploi et constitué d’une compresse éventuelle-ment imbibée d’antiseptique, dont la fixation s’effectue par du tissu adhésif. Ce dernier ne doit pas être irritant pour la peau (il doit être hypoallergénique).

Certains sont prédécoupés, d’autres se présentent en bande.

Le choix de la taille ou la découpe de la bande de pansement adhésif tiendra compte des dimensions de la plaie.

 On peut aussi réaliser ce même type de pansement au moyen d’une compresse stérile qui sera fixée avec des morceaux de ruban adhésif.

Ces deux types de pansements ne doivent être placés que sur des plaies simples et de faible étendue.

2° LES BANDAGES.

Si la plaie est superficielle mais étendue, il faut réaliser un pansement au moyen de compresses stériles maintenues par un bandage.

a) Les bandages tubulaires :

Ce sont des cylindres de filets élastiques à larges mailles, de différents diamètres, s’adaptant sur toutes les parties du corps (membres, tête, tronc).

Une fois les compresses mises en place, le secouriste choisit le diamètre du bandage tubulaire, en coupe une longueur suffisante pour recouvrir largement les compresses et met en place le filet. Les techniques de fixation sont détaillées sur les notices d’utilisation fournies avec chaque type de bandage tubulaire.

Ils permettent, sans serrage excessif, de maintenir efficacement les compresses (fig. E 6-11, 12, 13).

b) Les bandes :

Elles peuvent être de plusieurs types (crêpe, toile, gaze). On doit distinguer les bandes élastiques (crêpe) et les bandes inextensibles (toile, gaze).

Le moniteur doit préciser qu’une bande comporte un globe (partie roulée) et un chef (extrémité libre), que le secouriste tient le globe dirigé vers le haut, dans la main droite s’il est droitier et effectue le bandage de gauche à droite (l’inverse s’il est gaucher).

Il énoncera les principes suivants (p. 159 à 161)
 la mise en place d’une bande commence et se termine par 2 circulaires (tour de bande sur elle-même) (fig. E 6-4) ;
 l’application d’une bande sur un segment de membre s’effectue en spirale pour une bande élastique (en décalant chaque tour du tiers de sa largeur) (fig. E 6-5) et avec des renversés (retournement à chaque tour) pour des bandes non élastiques (fig. E 6-6) :

  • au niveau du coude ou du genou, les tours de bande sont disposés en forme de 8 (« tortue »), prenant appui alternativement au-dessus et en dessous de l’articulation qui sera préalablement fléchie (fig. E 6-8 et E 6-9) ;
  • pour les doigts, il est nécessaire d’effectuer un ou deux récurrents (on fait passer la bande sous les doigts puis on revient sur les doigts), de fixer ces récurrents par un circulaire. Les tours de bande sont ensuite des 8 partant des doigts vers le poignet en décalant d’un tiers de la largeur de la bande à chaque tour (fig. E 6-7) ;
  • pour la cheville, les tours de bande sont réalisés sur une cheville placée à angle droit en effectuant des 8 recouvrant le pied et la cheville (fig. E 6-10).

Une fois la bande mise en place, l’extrémité libre est fixée par un morceau de ruban adhésif ou une épingle de sûreté.

Le moniteur insistera sur le fait que le bandage doit maintenir les compresses, mais ne doit pas gêner la circulation sanguine (ne pas faire garrot).

Les difficultés de réalisation d’un pansement avec une bande doit faire préférer, à chaque fois que c’est possible, l’utilisation d’un bandage tubulaire, plus facile à mettre en place et plus sûr.

B) LES PLAIES GRAVES :

Toute plaie qui ne correspond pas à la définition d’une plaie simple (une coupure peu profonde ou une égratignure) est une plaie grave ou doit être considérée comme grave (voir B 9). Elle doit alors être soignée par un médecin.

Ce sont :
 les plaies étendues ;
 les plaies profondes (atteinte des organes situés sous la peau) ;
 les plaies avec corps étranger ;
 les plaies contuses (les tissus qui entourent la plaie sont écrasés) ;
 les plaies initialement simples qui se sont infectées (persistance de la douleur, zone rouge, chaude, gonflée) ;
 les plaies de la face (en particulier celles de l’oeil), des mains, au voisinage des orifices naturels, quelles que soient leur taille et leur profondeur ;
 seront considérées comme graves, les plaies, même minimes, survenant chez des victimes fragiles (atteintes d’une maladie chronique, non vaccinées, nourrissons, vieillards).

Le secouriste ne doit effectuer ni désinfection, ni pansement d’une plaie grave, mais l’emballer.

Il réalise un emballage en posant sur la plaie des compresses stériles dont la fixation peut être assurée par une fronde ou un triangle.

1° LES FRONDES.

Une fronde est formée d’un rectangle de toile très allongé, fendu à ses extrémités de façon à former des lanières (appelées « chefs ») et à obtenir une partie centrale (dénommée « plein »).

Le moniteur énoncera les principes suivants :
 le secouriste commence toujours par nouer les deux chefs situés vers le haut (chefs supérieurs) ;
 lorsque la fronde maintient des compresses au niveau du menton ou du nez, les chefs du haut croisent les chefs du bas :

  • pour le menton, il faut appliquer le plein sur le menton, passer les deux chefs supérieurs sous les oreilles, les entre-croiser, les nouer provisoirement derrière la nuque et, après avoir fixé les chefs inférieurs sur le sommet du crâne, les ramener sur les tempes et les attacher sur le front (fig. E 6-14),
  • pour le nez, il faut placer le plein horizontalement sur le nez, passer les chefs supérieurs sous les oreilles et les nouer, passer les chefs inférieurs au-dessus des oreilles et les attacher (fig. E 6-15),
  • pour l’oreille, le plein est placé verticalement sur l’oreille après avoir noué entre eux les chefs supérieurs et inférieurs de chaque extrémité de façon à former une petite poche coiffant l’oreille. Les chefs supérieurs sont ensuite noués au-dessus de l’oreille opposée, les chefs inférieurs sont noués au niveau du cou (fig. E 6-16),
  • pour l’œil et son pourtour, il faut nouer les chefs supérieurs autour de la tête au-dessus des oreilles, puis replier la moitié inférieure du plein sur la moitié supérieure. Il faut ensuite passer les chefs inférieurs, l’un sous l’oreille du côté blessé, l’autre sur la tête en oblique et les nouer derrière la tête (fig. E 6-17).

2° LES TRIANGLES.

Ce sont des pièces de toile triangulaires qui peuvent être stériles. On distingue un sommet (la pointe), une base (le plus grand côté) et deux chefs (les autres coins). La partie centrale s’appelle le plein.

Le moniteur énoncera les principes suivants :

Il ne faut jamais faire de nœud sur la plaie. Les triangles peuvent être utilisés :
 pour une plaie du front, il faut appliquer la base sur le front et nouer les deux chefs sur la nuque en prenant le sommet dans le nœud. Les oreilles doivent rester dégagées ;
 pour une plaie de la nuque, on procède comme précédemment, mais en plaçant la base sur la nuque et en nouant les chefs sur le front ;
 pour un segment de membre (jambe par exemple), il faut placer le sommet du triangle en haut du membre, un des côtés pendant parallèle au membre, puis faire deux ou trois tours avec les pointes qui seront ensuite nouées ensemble (fig. E 6-18) ;
 pour la main, la base du triangle est rabattue sur les doigts, le sommet étant disposé vers le poignet. Les pointes sont ramenées sur le dos de la main, croisées et nouées sur le poignet (fig. E 6-19) ;
 pour le pied, il faut mettre le pied à plat sur le triangle, le sommet dirigé vers l’avant, rabattre le sommet sur le dos du pied et y ramener les pointes en les croisant. Le nœud s’effectue sur la cheville (fig. E 6-20) ;
 pour le thorax, il faut placer le sommet sur l’épaule puis nouer la base du triangle à la partie inférieure du thorax. Un lien relie, d’une part, le sommet et, d’autre part, le nœud des chefs dans le dos (fig. E 6-21) ;
 pour le genou, on place le sommet en haut sur la face antérieure de la cuisse, la base se trouve ainsi au-dessous du genou. Les pointes sont croisées derrière le genou et nouées en avant sur la cuisse (fig. E 6-22) ;
 pour le coude, il faut procéder comme pour le genou ;
 pour l’épaule, nouez la base autour du bras et fixez le sommet sur l’épaule par un lien passant en baudrier sur la poitrine (fig. E 6-23) ;
 pour la hanche, la base est nouée autour de la partie inférieure de la cuisse et le sommet doit être fixé par un lien passe à la ceinture (fig. E 6-24).

Ces emballages ne doivent être mis en place que dans le cas où les délais d’examen de la victime par un médecin sont importants.

3° CAS PARTICULIERS.

 Avec corps étranger : ne pas tenter d’extraire le corps étranger.
 Au niveau du thorax : ne pas obturer la plaie (pas d’emballage étanche surtout si la plaie souffle, c’est-à-dire laisse échapper de l’air). La victime est placée en position demi-assise, sauf si elle est inconsciente, dans quel cas elle sera mise en P.L.S. du côté de la plaie.
 Au niveau de l’abdomen : si des viscères sortent de la plaie, ne pas tenter de les réintégrer. Placer la victime consciente en position allongée, cuisses semi-fléchies ; si elle est inconsciente, elle sera mise en P.L.S. du côté opposé à la plaie.
 Au niveau de l’œil : placer la victime à plat dos, tête calée et emballer les deux yeux.

4° LES DRAPS STÉRILES.

Les victimes peuvent être emballées dans des draps stériles qui sont le plus souvent à usage unique. Ils permettent de couvrir, réchauffer et protéger les victimes.

Il faut également mentionner les couvertures exothermiques, constituées d’un film polyester résistant et qui présentent deux faces :
 une face argentée qui permet de protéger la victime contre le froid lorsque cette face est au contact du corps ;
 une face dorée qui protège la victime de la chaleur lorsqu’elle est appliquée contre le corps.

Ces couvertures peuvent être stériles. Dans ce cas, elles peuvent être utilisées en contact direct avec la peau de la victime. Dans tous les autres cas, il convient d’emballer d’abord la victime dans un drap stérile.

C) LES DANGERS DES PLAIES - PRÉVENTION :

Outre le danger d’hémorragie, les plaies présentent un risque d’infection, en particulier le tétanos (voir B 9).

La mise en place d’un pansement sur une plaie simple, après nettoyage et désinfection, permet d’en limiter les risques. Un avis médical est souhaitable.

Pour les plaies graves, l’emballage et l’installation de la victime doivent être assurés pour limiter les risques. Le recours à un médecin est obligatoire.

III. - LES BRÛLURES.

A) SAVOIR QUAND REFROIDIR UNE BRÛLURE :

Le moniteur doit faire comprendre que :
 toutes les brûlures récentes — c’est-à-dire toute brûlure survenue dans les 10 à 15 minutes — doivent faire l’objet d’un refroidissement.

En dehors des brûlures électriques, qui sont généralement profondes et très peu étendues, toute brûlure doit être arrosée précocement, quelle que soit la nature de l’agent vulnérant.

Il en est de même pour les brûlures chimiques (produits caustiques, acides, bases, ...) qui doivent obligatoirement être arrosées avec de l’eau ; l’aspersion assure la dispersion du produit, elle limite la gravité des brûlures et la douleur éventuelle.

B) SAVOIR COMMENT REFROIDIR LA RÉGION BRÛLÉE :

Deux méthodes complémentaires permettent de refroidir les brûlures. Elles utilisent toutes deux de l’eau, mais sous lies formes différentes :

 aspersion par de l’eau ;
 application d’un gel d’eau.

I. - REFROIDISSEMENT DES BRÛLURES PAR ASPERSION D’EAU

Le moniteur doit faire comprendre que le refroidissement d’une brûlure doit s’effectuer par un ruissellement d’eau sur la lésion en débordant largement la région initialement atteinte, mais en évitant « l’effet de baignoire », c’est-à-dire le contact de tout ou partie du corps avec l’eau ayant servi au refroidissement, et l’effet mécanique du jet.

1° INSTALLATION DE LA VICTIME.

a) Brûlures localisées à un ou deux segments de membre :

Il convient d’installer cette victime le plus confortablement possible et de protéger par un dispositif imperméable les parties du corps indemnes.

Par exemple, en cas de brûlure des deux jambes, la victime sera arrosée en position assise. La pesanteur assure l’écoulement de l’eau de ruissellement.

Pour des brûlures siégeant au niveau des membres supérieurs, la victime doit être également en position assise, revêtue d’un tablier imperméable pouvant être réalisé par exemple par une alèse en plastique.

b) Brûlures du dos et du thorax :

Le même dispositif peut être appliqué avec un siège sans dossier (tabouret, bord d’une table, bord du brancard, ...). Le plastique imperméable est installé à la manière d’un paréo pour protéger la partie inférieure du corps.

c) Brûlures étendues :

Dans ce cas, il faut pratiquer l’aspersion des régions brûlées dans la position allongée. Il convient donc d’installer la victime sur un plan dur (planche type Olivier) ou un matelas immobilisateur à dépression, posé sur un brancard, sur lesquels un plastique imperméable sera préalablement déplié. Une fois la victime installée en position couchée (sur le dos, le ventre ou le côté en fonction de la localisation des brûlures), ce plan dur sera installé de façon à surélever de 10 à 15 degrés l’extrémité sur laquelle repose la tête. Cette légère pente permet l’écoulement de l’eau de ruissellement et évite la stagnation de l’eau entre le corps et le plan dur, qui pourrait provoquer un refroidissement de l’ensemble du corps (hypothermie). Ce risque d’hypothermie est plus important chez l’enfant.

2° RÉALISATION DE L’ARROSAGE.

a) L’aspersion :

Il faut que la zone brûlée soit arrosée abondamment en évitant l’effet de jet, c’est-à-dire sans que la force de l’eau ne puisse l’aggraver par effet mécanique. Il faut donc réaliser un ruisselle-ment d’eau, c’est-à-dire laisser l’eau s’écouler sous l’action de la pesanteur (démonstration par le moniteur).

Le débit doit être suffisant pour permettre un arrosage continu des lésions sans que le contact de l’eau ne provoque de douleur.

La température de l’eau doit être comprise entre 8 et 25 degrés. L’eau « du robinet » dont la température se situe entre 8 et 18 degrés est parfaitement adaptée pour réaliser ce refroidissement.

Lorsqu’un engin d’incendie est sur place, le refroidissement sera réalisé à partir de la lance du dévidoir tournant, ou mieux, à partir d’une petite lance, quel que soit son type, et, en la « promenant » au-dessus de la zone à arroser à une distance de 10 à 15 centimètres. Ces mouvements d’aller et retour permettent de refroidir efficacement la zone brûlée et sa périphérie.

A domicile, le même procédé peut être réalisé au moyen d’une « douchette » dont l’alimentation en eau ne sera pas trop importante pour éviter la diffusion et les effets mécaniques.

Certains dispositifs, type « douche portable », contiennent de l’eau aseptisée et sont conçus pour le refroidissement des brûlures.

Démonstration par le moniteur.

b) Durée d’aspersion :

Le temps pendant lequel l’arrosage du brûlé doit être pratiqué est variable. Il dépend en grande partie de la température de l’eau. Il semble raisonnable de respecter les règles suivantes :

 Brûlures localisées, de faible étendue, dont les premiers soins seront réalisés par une équipe de secouristes :

Le refroidissement doit être effectué pendant 5 minutes. La disparition ou l’atténuation des douleurs est un bon témoin de l’efficacité du « traitement ». Les secouristes suivront l’avis du médecin contacté lors du bilan.

 Brûlures étendues, imposant la prise en charge par une équipe médicale :

Débutée par un secouriste en équipe, la durée du refroidisse-ment par l’eau doit être déterminée par le médecin qui prend en charge la victime. Ce médecin tiendra compte de la température de l’eau, des conditions climatiques du moment, de la hiérarchie des gestes à effectuer, du risque d’hypothermie (refroidissement de l’ensemble du corps).

II. - UTILISATION DU GEL D’EAU

De conception et de commercialisation récentes, les couvertures ou compresses enduites de gel d’eau permettent également de refroidir les brûlures et d’emballer les régions brûlées. Les dispositifs se présentent sous emballage stérile. Différents modèles permettent de choisir la dimension en fonction de la région à refroidir et à emballer (compresses pour les brûlures peu étendues, « cape » pour les brûlures du tronc, couverture pour les brûlures étendues). Ces matériels s’appliquent directement au contact des régions brûlées et complètent le refroidissement effectué par aspersion d’eau.

Les couvertures enduites de gel d’eau peuvent être utilisées pour l’extinction des vêtements en feu.

C) SAVOIR EMBALLER LES ZONES BRÛLÉES APRÈS LES AVOIR REFROIDIES ET SURVEILLER LA VICTIME :

Pendant la réalisation de l’aspersion, la victime est débarrassée de ses vêtements (pour ceux qui n’adhèrent pas à la peau). Il ne s’agit pas d’effectuer un déshabillage complet, inutile et nécessitant des manipulations retardant le refroidissement, mais d’ôter les effets « superficiels » (manteaux, vestes, robes de chambre, pulls, ...). La poursuite du déshabillage sera effectuée par l’équipe médicale qui prendra en charge le brûlé.

L’aspersion des lésions ayant été effectuée, le brûlé est ensuite séché au moyen de draps stériles par tamponnement et non par friction.

Une fois ces opérations réalisées, la victime est installée sur un matelas à dépression sur lequel une couverture isothermique et un drap stérile sec auront été préalablement déployés.
La victime bénéficie ensuite d’une administration d’oxygène (voir E 9).

Le moniteur doit faire comprendre qu’une brûlure étendue peut entraîner une détresse cardio-circulatoire par la perte de la partie liquide du sang (plasma).

Le moniteur précisera également que, du fait de la destruction de la peau (barrière contre l’infection), toute brûlure présente un grand risque d’infection (il faut donc les emballer).
La victime est surveillée et toute modification du bilan initial doit faire l’objet d’un nouveau contact avec un médecin (voir E 2).

D) CAS PARTICULIER DES BRÛLURES CHIMIQUES ET ÉLECTRIQUES :

L’action en équipe permet d’intervenir avec plus d’efficacité et de célérité pour ces deux formes particulières de brûlures.

1° BRÛLURES CHIMIQUES.

Les principes décrits en B 9 demeurent :
 impératif de célérité ;
 lavage abondant à grande eau après avoir rapidement enlevé les vêtements imbibés de produit ;
 laver, même si du temps s’est écoulé depuis l’accident ;
 alerter les secours médicalisés.

L’intervention en équipe permet :
 de faire rechercher en même temps la nature du produit ;
 de réaliser plus efficacement déshabillage, arrosage, tamponnement pour sécher ensuite ;
 de disposer si besoin est de moyens de protection pour les secouristes (gants, lunettes) ;
 de laver correctement :

  • les muqueuses de surface : œil, lèvre, organes génitaux, narines, qui seront lavées à grande eau avec une exposition large (faire ouvrir les paupières),
  • la muqueuse buccale : en cas de brûlures dans la bouche, faire rincer abondamment, sans que la victime avale,
  • les surfaces cutanées : arroser à grande eau en évitant si possible, surtout au début du lavage, le ruissellement sur les zones indemnes : placer la victime dans une position où le ruissellement est le plus limité possible.

2° BRÛLURES ÉLECTRIQUES.

L’intervention en équipe doit être organisée pour effectuer sans retard :
 reconnaissance du risque ;
 coupure du courant chaque fois que c’est possible ; ou demande de moyens spéciaux de dégagement ;
 préparation des personnels et des matériels de secourisme pour assurer une éventuelle manœuvre de ventilation avec ou sans M.C.E. ;
 établir un bilan lésionnel qui tienne compte :

  • de la disproportion existant entre les zones de surfaces brûlées visibles qui sont petites et les brûlures éventuelles sur le trajet du courant qui sont internes et non visibles,
  • du trajet suivi par le courant dans le corps de la victime (brûlures aux points d’entrée et de sortie),
  • de la tension du courant électrique et de l’état de conduction des surfaces corporelles de contact (voltage, humidité).

E) REMARQUES IMPORTANTES :

 Si le refroidissement des brûlures réduit incontestablement leur étendue et leur profondeur, le fait d’appliquer de la glace sur les régions brûlées n’est en aucun cas autorisé, car elle majore les atteintes cutanées.
 Il convient, en cas de brûlures étendues, d’éviter d’induire, par une aspersion d’eau trop prolongée avec une eau trop froide, une hypothermie. Ce type de brûlé est pris en charge par une équipe médicale et il appartient au médecin présent de conduire le refroidissement.
 Le refroidissement des régions brûlées ne doit pas retarder la réalisation des autres gestes de premiers secours indispensables (oxygénothérapie, ventilation artificielle, arrêt d’une hémorragie, ...).
 Le risque de provoquer, par aspersion d’eau non stérile, une infection au niveau des zones brûlées, est négligeable en regard du bénéfice que procure le refroidisse-ment des brûlures.

Refroidir les brûlures récentes (de moins de 10 à 15 minutes), avec de l’eau froide (10 à 15 degrés), pendant 5 minutes, en faisant ruisseler l’eau à une distance de 10 à 15 cm, éventuellement sur un plan incliné de 10 à 15 degrés. Relais éventuel par un dispositif enduit de gel d’eau.

VI. - CONTRÔLE PRATIQUE DES CONNAISSANCES

A l’issue de ce module, chaque participant doit :

1. - POUR LES HÉMORRAGIES.

A partir d’un cas concret :

 savoir effectuer une compression manuelle et utiliser le maté-riel pour la remplacer par un pansement compressif ;
 savoir choisir et effectuer un point de compression adapté à la localisation de l’hémorragie ;
 savoir quand et comment poser un garrot ;
 savoir pratiquer les gestes qui permettent de limiter les conséquences d’une hémorragie.

II. - POUR LES PLAIES.

A partir d’un cas concret :
 savoir utiliser le matériel pour nettoyer, désinfecter et faire le pansement d’une plaie simple ;
 savoir ce qu’est une plaie grave et utiliser le matériel pour l’emballer ;
 savoir quels sont les dangers des plaies et la façon d’en limiter les conséquences (pour la victime et le secouriste).

III. - POUR LES BRÛLURES :

 savoir réaliser le refroidissement d’une brûlure siégeant au niveau d’un membre, du dos, du thorax ;
 savoir réaliser le refroidissement d’une brûlure étendue ;
 savoir, après ce refroidissement, sécher et emballer les zones brûlées ;
 savoir quels sont les dangers d’une brûlure et les gestes à effectuer pour en limiter les conséquences.

VII. - MATÉRIEL DIDACTIQUE

 trousse de maquillage ;
 gants de soins à usage unique, compresses, bandes, cous-sin hémostatique d’urgence, garrot artériel ;
 pansements adhésifs, type « Armée », triangles, frondes, bandages tubulaires de différentes tailles, bandes de gaze, de toile, de crêpe ;
 antiseptiques ;
 drap stérile, couvertures isothermiques stériles et non stériles ;
 matériel de refroidissement et d’arrosage (« douchette », lance d’incendie, dispositif de « douche portable », alèse) ;
 poche de gel d’eau ;
 brancard, plan dur, matelas immobilisateur à dépression, matériel d’oxygénothérapie.

VIII. - DURÉE

3 heures pour un groupe de 10 à 12 participants.

++++

E7 - LIBERTÉ DES VOIES AÉRIENNES

Savoir libérer les voies aériennes en équipe avec et sans matériel et en assurer la protection permanente.

I - INTITULÉ

Savoir libérer les voies aériennes en équipe avec et sans matériel et en assurer la protection permanente.

II. - MODULE PRÉ-REQUIS

E2

III. - JUSTIFICATION

Chez le sujet inconscient, la liberté des voies aériennes est la condition indispensable à une ventilation spontanée ou artificielle efficace.

L’emploi de matériels spécifiques renforce et complète cette action.

Chez une victime accidentée, la mise en Position latérale de sécurité et le retrait du casque doivent être effectués par plu-sieurs secouristes.

IV. - OBJECTIFS

 Savoir reconnaître les situations qui imposent le maintien ou le rétablissement de la liberté des voies aériennes.
 Connaître l’intérêt, la mise en oeuvre des techniques et des matériels (canule d’aspiration oro-pharyngée, aspirateurs, etc.) qui permettent la libération des voies aériennes et les dangers liés à leur emploi.

V. - DÉVELOPPEMENT

Reconnaître les situations d’obstruction des voies aériennes et effectuer les gestes nécessaires :
 chez une personne inconsciente, allongée sur le dos, la langue et l’épiglotte peuvent gêner la ventilation ;
 il faut donc basculer la tête en arrière et élever le menton (voir B 5).

En raison des dangers qu’elle présente (vomissements, hémorragies...), la pose de la canule de Guedel n’est plus enseignée.

L’arbre de décision figure en fin de ce module (fig. E 7-9, p. 198).

I. - LA VICTIME EST INCONSCIENTE ET NE VENTILE PAS.

On pratique alors deux insufflations.

Dans les cas où l’obstruction est manifeste (corps étrangers apparents), on pratiquera rapidement la désobstruction avant les deux insufflations.

Si le ventre et/ou la poitrine ne se soulèvent pas, compléter la L.V.A. par une désobstruction digitale. Si la désobstruction digitale révèle la présence de liquides, utiliser un aspirateur de mucosités.

Si l’obstruction totale persiste (insufflation impossible), pratiquer la méthode d’Heimlich (voir B 6). Quelle que soit la méthode, la désobstruction une fois effectuée et la L.V.A. assurée, il faut pratiquer une ventilation artificielle, si la victime ne ventile toujours pas, sans oublier de contrôler le pouls carotidien.

II. - LA VICTIME EST INCONSCIENTE ET VENTILE.

Du fait de la survenue fréquente et soudaine de vomissements, il faut placer la victime en position latérale de sécurité.

Si des corps étrangers solides (appareil dentaire amovible, fragments de dents) gênent le passage de l’air, la ventilation est souvent bruyante. Il convient alors de les enlever par une désobstruction digitale.

S’il s’agit de liquides (sang, mucosités, vomissements), souvent ils s’écoulent à l’extérieur, mais il convient de compléter la désobstruction en utilisant un aspirateur.

A) DESCRIPTION DE LA MISE EN P.L.S. A TROIS EN ÉQUIPE :

Lorsqu’un collier cervical est immédiatement disponible, il est mis en place, si possible avant le retournement.

1° MISE EN PLACE DES ÉQUIPIERS.

L’équipier qui dirige la manœuvre se place au niveau de la tête, dans l’axe du corps, en position du trépied, le genou en l’air du côté du retournement :
 soit il engage une main sous la nuque, du même côté que son genou au sol ; l’autre main, côté genou en l’air, c’est-à-dire du côté de la rotation, assure la prise mentonnière ; il est impératif de soutenir le menton pour éviter que la tête ne soit relâchée au cours de la rotation du corps. Il faut donc que les doigts, placés à la perpendiculaire de la paume, soient sous le menton, la paume et le poignet se plaçant sous la joue et la face latérale du visage de la victime. Lors du retournement du corps, la paume et le poignet du secouriste reçoivent le poids de la tête de la victime et ne la laissent pas retomber (fig. E 7-1) ;
 soit il applique latéralement ses mains de chaque côté de la tête, les paumes des mains sur les pavillons des oreilles ; la tête de la victime est prudemment maintenue basculée en arrière, dans l’axe du corps (prise latéro-latérale).

Le 2e équipier se met au niveau des pieds également en position de trépied, dans l’axe du corps, le genou en l’air du côté du retournement. Il saisit les chevilles.

Le 3e équipier prépare un calage d’une épaisseur de la moitié de la largeur de l’épaule de la victime, qu’il place contre la tête, du côté du retournement :
 il saisit ensuite le poignet de la victime du côté du retourne-ment et place le bras légèrement au-delà de la perpendiculaire de l’axe du corps ;
 il s’agenouille au niveau de la taille de la victime du côté du retournement à effectuer, assez loin pour pouvoir tourner celle-ci sans avoir à se reculer ;
 il saisit l’épaule opposée, place l’avant-bras de la victime largement engagé sur son propre avant-bras et saisit la hanche opposée (fig. E 7-2, en haut).

2° LE RETOURNEMENT.

L’équipier qui dirige la manoeuvre donne les ordres
 « Etes-vous prêts ? »
 Chaque équipier répond : « Prêt ».
 « Attention pour tourner... Tournez ».

Le 3e équipier fait pivoter lentement et régulièrement la victime en bloc (l’équipier doit garder les bras tendus et ne pas avoir à se reculer).

Les deux autres équipiers accompagnent le retournement pour éviter toute torsion. Celui qui tient la tête doit veiller impérative-ment à ce que l’axe passant par le nez et le menton de la victime reste, pendant toute la durée de la rotation du corps, dans l’axe du sternum en empêchant toute rotation même minime de la tête (fig. E 7-2, au milieu).

3° MAINTIEN DE LA POSITION.

L’équipier qui se situe aux pieds - 2e équipier - saisit le creux du genou de la jambe située au-dessus, fléchit cette jambe sur la cuisse afin que le genou vienne en butée sur le sol et assure la stabilité du bassin. Cette manœuvre est facilitée par le blocage du cou-de-pied derrière le genou de la jambe au sol. La cuisse de la victime doit être aussi près que possible de la perpendiculaire à l’axe du tronc (fig. E 7-2, en bas).

La stabilité du bassin étant assurée, il se libère et vient se poster au niveau de la tête pour perfectionner le calage.

Il accompagne alors le membre supérieur de la victime jusqu’au sol ; l’avant-bras y repose en partie, coude demi-fléchi, ce qui assure la stabilité du thorax ; l’épaule reste maintenue par l’équipier de la taille jusqu’à ce que l’équilibre du corps soit assuré.

L’équipier au niveau de la taille se libère alors.

L’équipier au niveau de la tête continue à maintenir la tête, sa main reposant sur le calage, et assure la surveillance.

Lorsqu’un collier cervical a été installé, la prise du pouls, si elle est impossible au niveau du cou, doit être effectuée au niveau de l’artère fémorale, le pouls radial peut, en effet, ne pas être perceptible et il doit être recherché avec soin.

La victime est alors couverte.

B) RAPPEL DES DIFFÉRENTS CAS DE FIGURE DE MISE EN P.L.S. :

En équipe, la mise en P.L.S. doit être effectuée à 3. Chez la victime traumatisée, elle est précédée de la mise en place d’un collier cervical (cf. p. 250), sauf si le sujet vomit ou saigne dans ses voies aériennes : mise en P.L.S. immédiate.

S’il y a de nombreuses victimes, on peut être obligé de recourir à la P.L.S. à un seul sauveteur, sans calage de la tête (voir B 5).

C) MÉTHODE D’HEIMLICH :

Voir B 6.

D) RETRAIT DU CASQUE :

Afin d’effectuer avec efficacité le bilan et la surveillance d’une victime portant un casque, les secouristes doivent procéder au retrait de celui-ci. Cette manœuvre délicate doit être réalisée par deux équipiers (fig. E 7-3, p. 191).

Le premier secouriste, chargé du retrait du casque, se place à genoux, dans l’axe de la tête de la victime. Les genoux écartés, il est suffisamment éloigné pour pouvoir retirer le casque entre ses deux cuisses (distance un peu supérieure à la hauteur du casque, de son sommet à la jugulaire).

Dans un premier temps, il maintient le casque immobile en plaquant ses mains de chaque côté du casque, la tête bien maintenue dans l’axe du corps.

C’est alors que le second secouriste :
 s’agenouille à côté de la tête, en trépied, genou relevé du côté des pieds de la victime ;
 détache ou coupe la sangle de la mentonnière (casque « avec jugulaire »), ou bien déverrouille les deux demi-cercles entourant le cou (casque « sans jugulaire », type S.J.) ;
 puis glisse la « main du côté de la tête de la victime » sous la nuque, avant-bras en appui sur sa cuisse ; il place les doigts de l’autre main en crochet sous le menton, coude appuyé sur le genou relevé et maintient ainsi fermement la tête et le cou dans l’axe du corps.

Le premier secouriste saisit alors le casque par les parties latérales du bord inférieur et le tire doucement vers lui dans l’axe ; il est parfois nécessaire de basculer légèrement le casque (pas la tête !) en arrière ou en avant pour ne pas accrocher le nez.

Le maintien de la tête n’est jamais relâché. La partie arrière du casque glisse sur le sol. Le casque est à peine décollé du sol, de la hauteur juste nécessaire pour qu’on puisse le dégager.

Dès que le casque est ôté, le second secouriste repose douce-ment et sans à-coup la tête sur le sol et la maintient dans cette position. Cette position permet de ventiler immédiatement la victime si nécessaire.

Après retrait du casque, un bilan ventilatoire sera de nouveau effectué. La conduite à tenir sera celle décrite plus loin (la victime ventile ou ne ventile pas).

Si, dès le retrait du casque, la victime est en détresse ventilatoire, elle sera désobstruée et ventilée (bouche-à-nez de préférence) en attendant le matériel, la tête n’étant jamais relâchée.

La pose d’un collier cervical s’effectue de la façon suivante :

 le secouriste qui a ôté le casque plaque ses mains des deux côtés de la tête, les coudes bien calés sur ses genoux et prend le relais du maintien de la tête en la tenant fermement en bonne position ;
 le sauveteur qui est sur le côté de la tête peut alors lâcher celle-ci ; il se trouve en bonne position pour mettre en place le collier cervical (voir la technique détaillée au module E 10, p. 250 à 252).

E) ASPIRATION :

1° LE MATÉRIEL D’ASPIRATION SE COMPOSE :

 d’un système réalisant une dépression ;
 d’un ou de plusieurs flacons ;
 d’un tuyau d’aspiration permettant le raccord ;
 d’une canule d’aspiration.

2° LA DÉPRESSION PEUT ÊTRE RÉALISÉE PAR :

- Une pompe mue à la main ou au pied.

Ces pompes sont efficaces et autonomes ; celles mues par le pied présentent l’avantage de libérer les mains du secouriste.

 Une pompe automatique mue par l’électricité ou la pression des gaz.

Ces pompes sont dépendantes de la source d’énergie.

- Le passage d’un gaz, généralement de l’oxygène, au travers d’un dispositif appelé système VENTURI.

Ces pompes ont l’inconvénient de consommer beaucoup d’oxygène.

3° ACCESSOIRES D’ASPIRATION :

 Les flacons :

Indépendants du corps de la pompe, ils servent à recevoir les produits d’aspiration.
Leur remplissage doit être surveillé pour éviter le passage de leur contenu dans la pompe.
Ils sont démontables pour le nettoyage : une maintenance et un nettoyage soigneux de ces matériels doivent être assurés régulièrement.

 Les tuyaux et raccords :

Ils sont indispensables au bon fonctionnement du système.

 Canules d’aspiration oro-pharyngées :

Elles sont le plus souvent à usage unique.

Une canule trop souple ne sera pas utilisée.

Les sondes d’aspiration trachéale ne doivent pas être utilisées pour l’aspiration de la bouche et du pharynx (diamètre et orifice trop petits).

F) INDICATIONS :

Le secouriste n’effectue une aspiration que chez une victime inconsciente. Elle s’effectue dans deux situations :
 lorsqu’il existe des signes d’encombrement des voies aériennes :

  • gargouillements,
  • écoulement par la bouche ;

 pour compléter une manœuvre d’Heimlich efficace.

G) TECHNIQUE :

1° Le sujet est déjà en P.L.S. :

La tête étant maintenue par le premier secouriste, un deuxième se place à genou, face au visage de la victime. Un troisième secouriste prépare le matériel.

Le secouriste chargé de l’aspiration entrouvre la bouche par la technique des doigts croisés.

Si la tête est maintenue par une prise occipito-mentonnière, adaptée à la P.L.S., le secouriste qui effectue ce maintien sur le calage libère la pression exercée sur le menton au fur et à mesure que le deuxième secouriste ouvre la bouche.
La canule, sortie de son emballage, raccordée à la source d’aspiration, est ensuite introduite doucement par la bouche entrouverte entre la langue et le palais d’une longueur égale à la distance commissure des lèvres-lobe de l’oreille.

2° La victime inconsciente est laissée sur le dos pour per-mettre la ventilation artificielle :

Le secouriste qui ventile enlève le masque ou l’embout buccal, puis maintient la tête basculée en arrière par une prise latéro-latérale.

Le deuxième secouriste, placé sur le côté au niveau des épaules de la victime, entrouvre la bouche, si nécessaire,. par la technique des doigts croisés, et procède comme précédemment (fig. E 7-7).

Si la canule butte contre la langue, il faut retirer la canule, introduire l’index et le médius en crochet dans la bouche pour ramener la langue vers l’avant. La canule est alors engagée dans la bouche entre les deux doigts (fig. E 7-8).

Dans les deux cas :

Ce n’est qu’une fois la canule en place dans la bouche que l’aspirateur est mis en marche et le secouriste chargé de l’aspiration imprimera à la canule des petits mouvements de va-et-vient tout au long de l’aspiration.

Si l’on peut pincer le tuyau raccordé à la canule, il est préférable de laisser l’aspirateur en marche ; la canule est introduite le tuyau étant pincé ; on relâche le pincement quand la canule est en place.

L’aspiration doit être rapidement effectuée, la séquence totale ne devant pas excéder 15 secondes.

Après chaque aspiration, la canule est rincée (aspiration d’eau dans un flacon de rinçage). Si cette manœuvre ne permet pas de « déboucher » la canule, celle-ci est jetée et remplacée par une nouvelle canule.

VI. - CONTRÔLE PRATIQUE DES CONNAISSANCES

A la fin de ce module, chaque équipier doit être capable :
 de reconnaître les situations nécessitant le recours aux différentes techniques évoquées ;
 d’effectuer une désobstruction digitale ;
 de mettre une victime en P.L.S. à 3 équipiers, de commander la manœuvre et de la réaliser ;
 de pratiquer une aspiration : mise en oeuvre du matériel, simulation sur mannequin et avec un bocal ;
 de retirer un casque intégral avec l’aide d’un deuxième secouriste.

VII. - MATÉRIEL DIDACTIQUE

 aspirateurs : Venturi, mécaniques, automatiques et manuels ;
 canules d’aspiration oro-pharyngée ;
 bocal ;
 casque intégral et casque avec et sans jugulaire ;
 mannequins.

VIII. - DURÉE

3 heures minimum pour 10 à 12 participants.

++++

E8 - VENTILATION ARTIFICIELLE AVEC MATÉRIEL

Savoir pratiquer en équipe la ventilation artificielle avec matériel.

I - INTITULÉ

Savoir pratiquer en équipe la ventilation artificielle avec matériel.

II - MODULES PRÉ-REQUIS

E 2 - E 7.

III. - JUSTIFICATION

L’utilisation correcte de matériel permet d’augmenter l’efficacité de la ventilation artificielle ; elle permet, en outre, l’utilisation d’oxygène.

Elle entraîne une fatigue moindre du secouriste.

Le plus souvent, elle assure le relais d’une ventilation artificielle orale.

IV. - OBJECTIF

Savoir quand et comment utiliser de manière efficace les appareils manuels de ventilation artificielle.

V. - DÉVELOPPEMENT

A) LES MATÉRIELS.

1° MATÉRIELS PERMETTANT D’EFFECTUER LES INSUFFLATIONS ORALES :

Au nombre des matériels facilitant les insufflations orales et permettant la ventilation au ballon, figurent :

a) Les dispositifs isolant sauveteur et victime :

 Il s’agit généralement d’une feuille plastique, munie d’un orifice et (ou) d’une valve permettant l’insufflation.

 Il peut s’agir aussi de masques de poche pour insufflations.

Ces dispositifs exposent à des fuites (N.F.P.O.V.D.C.).

b) L’embout buccal, type Sabathié :

Très efficace, il comporte (fig. E 8-1) un tube cylindrique court et une partie semi-circulaire qui sera placée derrière les lèvres et en avant des arcades dentaires (fig. E 8-2). Pour sa mise en place, voir page 207.

Permettant le relais immédiat d’une insufflation par un ballon autoremplisseur, l’embout buccal est parfaitement adapté à l’exercice des premiers secours en équipe.

2° MATÉRIELS FACILITANT LES INSUFFLATIONS ET PERMETTANT LA VENTILATION AU BALLON.

Seuls les ballons autoremplisseurs sont utilisés par les équipiers ; les autres types de ballons sont employés en milieu médical. Les « soufflets » sont progressivement abandonnés.

a) Description d’un ballon autoremplisseur :

Il comporte (fig. E 8-3 et E 8-4) :
 un ballon ;
 une valve d’admission ;
 une valve « séparatrice » des gaz insufflés et des gaz expirés ;
 un ballon-réserve ;
 un dispositif de raccordement à la victime (masque ou embout).

b) Alimentation en gaz :

 soit par un mélange enrichi en oxygène ;
 soit par l’air ambiant, si le ballon-réserve n’est pas alimenté en oxygène.

Le taux d’oxygène du mélange fourni à la victime peut donc être compris entre 21 % et près de 100 %.

c) Fonctionnement :

Le ballon autoremplisseur reprend spontanément sa forme initiale lorsque la main du sauveteur cesse de le comprimer.

Quand la main du sauveteur exerce sa pression sur le ballon (fig. E 8-5 en haut), le mélange contenu est insufflé dans les poumons de la victime car la pression interne du ballon bloque la valve d’admission « V.A. ».

Lorsque la main arrête de comprimer le ballon (fig. E 8-5 en bas), celui-ci reprend sa forme et se remplit par cette même valve d’admission « V.A. ».

L’oxygène s’accumule dans le ballon-réserve pendant que la main comprime le ballon principal. Puis il passe dans celui-ci quand la main relâche sa pression.

De même, on voit que la valve dite « séparatrice » (V.S.) envoie vers l’extérieur l’air expiré par la victime.

Si le débit d’oxygène est insuffisant, de l’air extérieur est admis par la valve d’admission complémentaire d’air (V.A.C.).

Si le débit d’oxygène est trop important, l’excès s’échappe par la valve d’échappement (V.E.).

Il existe des modèles de ballons autoremplisseurs de plus petits volumes destinés à l’enfant et au nourrisson.

Remarque importante :

Les ballons récents ne sont plus dotés d’une valve dite, à tort, « de sécurité ». En effet, lorsque les résistances à l’insufflation sont importantes (noyade, inhalation de vapeurs toxiques...), la majeure partie du volume insufflé pouvait fuir par cette valve, vers l’extérieur, rendant la réanimation totalement inefficace. Pour une utilisation chez l’adulte, ce dispositif ancien doit, s’il existe encore, être bloqué.

B) LES INDICATIONS DE LA VENTILATION ARTIFICIELLE.

La ventilation artificielle par insufflation bouche-à-bouche, bouche-à-nez ou manuelle, sera pratiquée dans trois circonstances :

1) d’emblée si l’on constate un arrêt ventilatoire ;

2) si la fréquence ventilatoire, chez l’adulte, s’abaisse au-dessous de 6 mouvements ventilatoires par minute (ou, ce qui est équivalent, si une pause entre deux mouvements ventilatoires spontanés dure plus de dix secondes). Il s’agit en ce cas d’une des formes de ventilation dite « inefficace » ;

3) sur ordre d’un médecin dans les autres cas.

C) TECHNIQUES.

1) Mise en place de l’embout buccal :

L’embout buccal remplace le masque et permet d’obtenir plus facilement et surtout plus sûrement l’étanchéité d’une insufflation. En effet, le geste nécessaire à sa mise en place induit et optimise la libération des voies aériennes par bascule de la tête.

L’équipier se place sur le côté de la victime au niveau de sa tête (fig. E 8-6, position finale).

Il saisit la partie tubulaire de l’embout buccal avec la main située du côté du front de la victime : ici la main droite ; extrémité victime dirigée vers le bas, il pince entre le pouce et l’index de l’autre main la lèvre inférieure qu’il abaisse légèrement.

Il engage l’extrémité « victime » de l’embout entre la lèvre supérieure et les dents, puis la recouvre avec la lèvre inférieure.

L’embout est appliqué sur les dents comme un embout de plongée (fig. E 8-7).

IL faut alors, de la main côté menton, empaumer celui-ci, accentuant ainsi la bascule de la tête en arrière et venir pincer les narines de la victime entre le pouce et l’index (fig. E 8-8). De cette façon, la L.V.A. et l’étanchéité sont parfaitement assurées.

Remarque :

Le moniteur doit être capable de faire la démonstration en changeant de côté et en inversant les mains pour enseigner les gauchers.

On peut alors insuffler, même chez un sujet dont les mâchoires sont fortement serrées :

 soit par une insufflation orale ;
 soit au moyen d’un ballon autoremplisseur ;
 soit en remplacement d’un masque.

2) Mise en place d’un masque :

L’équipier se place derrière la victime, dans le prolongement de la tête (fig. E 8-9) et pose le ballon à sa portée.

Il doit réaliser d’abord à deux mains une bascule de la tête en arrière, une élévation du menton (doigts d’une main en crochet) et un appui sur le front de la paume de l’autre main.

Puis, tenant toujours le menton élevé, il lâche le front de la victime et saisit l’ensemble masque-ballon au niveau de la valve « séparatrice ».

Il se penche en avant pour avoir une vue correcte de la place exacte du masque.

Il place d’abord la partie étroite du masque bien médiane à la racine du nez, puis rabat le masque vers le menton pour appliquer tout son pourtour sur le visage de la victime.

Il pose le pouce de la main qui va tenir le masque (la gauche, s’il est droitier) sur la partie étroite du masque.

Le majeur et l’annulaire vont se placer en crochet sous le menton (fig. E 8-10) et recommencent à le tirer vers le haut pour maintenir la tête basculée en arrière (fig. E 8-11). Ces deux doigts exercent, avec le pouce, une pression en forme de « pince » qui assure l’indispensable étanchéité du masque sur le visage.

L’index, appliqué sur la partie rigide du masque, permet de par-faire l’étanchéité.

En aucun cas, la recherche de cette étanchéité ne doit conduire à appuyer le menton vers le bas, ce qui bloquerait mécaniquement l’insufflation (mouvement inverse de celui de « libération des voies aériennes »).

La tête de la victime couchée à terre doit être calée par un seul genou (sans la faire bouger) ; en aucun cas, la tête ne doit être enserrée entre les genoux.

Pratique de l’insufflation :

Que l’insufflation soit réalisée avec un masque ou un embout, la main libre peut alors empaumer le ballon par sa partie centrale et le comprimer en refermant les doigts (et non pas en appuyant seulement de la paume de la main).

Les personnes ayant de petites mains peuvent s’aider en appuyant le ballon contre la joue de la victime.

CARACTÉRISTIQUES DE LA VENTILATION ARTIFICIELLE

a) Volumes insufflés :

 chez l’adulte : au minimum 0,600 litre (si possible volume compris entre 0,800 et 1,200 litre), mesurés par les modèles récents de mannequins ;
 chez l’enfant : l’insufflation doit être interrompue lorsque la partie inférieure du thorax commence à s’élever. Le sauveteur doit bien surveiller son action pour adapter le volume à l’âge de l’enfant.

b) Fréquence de la ventilation artificielle :

 adulte : 12 à 15 insufflations par minute ;
 enfant : 20 à 25 ;
 nourrisson : 25 à 30.

c) Durée de l’insufflation :

Une insufflation ne doit pas être trop brève, ni brutale. Elle doit être progressive pour ne pas gonfler l’estomac, sinon le seuil de la pression d’ouverture de l’oesophage est atteint et une insufflation dans l’estomac se produit. On en connaît les dangers : reflux du contenu gastrique dans le pharynx puis dans les poumons par régurgitation de l’air (ou de l’oxygène) insufflé par erreur dans l’estomac.

Lors de l’apprentissage et au cours de l’entraînement, le moniteur devra veiller à ce que la durée de l’insufflation soit de 1,5 à 2 secondes.

Si au cours de la ventilation artificielle, la victime présente un vomissement, il faut immédiatement interrompre la ventilation et tourner la victime en bloc sur le côté. Ce n’est qu’après avoir nettoyé et aspiré la bouche que la victime sera remise sur le dos.

La ventilation sera reprise en faisant attention à la durée d’insufflation qui, trop brève, a pu être la cause du vomissement.

VI. - CONTRÔLE PRATIQUE DES CONNAISSANCES

A la fin de ce module, chaque secouriste doit être capable de mettre en place sur un volontaire un embout buccal en bonne position, la tête correctement basculée en arrière, sans effectuer d’insufflation.

Il doit pouvoir également choisir et mettre en place un masque sur un mannequin et être capable d’effectuer une ventilation sur un mannequin (mesurée sur l’échelle de volume) de manière efficace, pendant trois minutes au moins.

On vérifiera que le participant ne gonfle pas l’estomac du mannequin.

VII. - MATÉRIEL DIDACTIQUE

 mannequins dotés d’un système d’évaluation mécanique ou électronique permettant un contrôle objectif des techniques ;
 ballons autoremplisseurs avec ballon-réserve adulte et enfant ;
 masques de différentes tailles ;
 embout buccal.

(Le matériel utilisé est présenté sous sa forme habituelle de stockage.)

VIII. - DURÉE

3 heures pour un groupe de 10 à 12 participants.

++++

E9 - OXYGÉNOTHÉRAPIE - MASSAGE CARDIAQUE EXTERNE

Savoir utiliser l’oxygène chez une victime en détresse et pratiquer une ventilation artificielle associée à un massage cardiaque externe en équipe.

I. - INTITULÉ

Savoir, en équipe, utiliser l’oxygène chez une victime en détresse et pratiquer une ventilation artificielle associée à un massage cardiaque externe.

II. - MODULES PRÉ-REQUIS

E 2 - E 7 - E 8.

III. - JUSTIFICATION

L’oxygène est contenu dans l’air dans la proportion de 21 %. IL est indispensable à la vie. Il faut donc administrer de l’oxygène en cas de :

 arrêt cardio-ventilatoire ;
 détresse ventilatoire (noyade, accident de plongée, intoxication au monoxyde de carbone suspectée ou avérée...),

mais aussi dans certaines circonstances comme, par exemple :

 malaise avec douleur thoracique ;
 hémorragie importante

et chaque fois qu’un médecin en aura déterminé la nécessité.

IV. - OBJECTIFS

 Savoir préparer, mettre en oeuvre, réaliser et surveiller l’administration d’oxygène chez une victime, par inhalation ou par insufflation.
 Savoir quand réaliser cette administration d’oxygène.
 Savoir pratiquer à plusieurs la ventilation artificielle avec matériel et oxygène, associée à un M.C.E. efficace.

V. - DÉVELOPPEMENT

Pour son utilisation, l’oxygène peut être :
 contenu dans une bouteille sous forme d’oxygène comprimé, c’est le cas le plus fréquent ;
 produit par une réaction chimique, à partir du peroxyde de potassium par exemple : oxygène solide ou « chandelle » ;
 obtenu à partir de l’air au moyen d’un extracteur (machine produisant de l’air enrichi en oxygène).

I. - ALIMENTATION EN OXYGÈNE.

A) BOUTEILLE :

Elle contient de l’oxygène sous pression. La quantité d’oxygène disponible dans la bouteille est variable ; elle dépend, d’une part, de la pression et, d’autre part, du volume à vide de la bouteille appelé « volume en eau ».

En France, les bouteilles d’oxygène sont de couleur blanche.

La législation impose qu’elles soient vérifiées par le service des Mines tous les cinq ans.

Un certain nombre d’indications sont gravées sur la bouteille, en particulier la date de la dernière vérification, la pression maxi-male d’utilisation et le volume en eau.

Les autres caractéristiques inscrites ne feront pas l’objet de vérification des connaissances.

Il existe deux types de robinets de sortie :

 pour les bouteilles de moins de 5 litres : tête carrée nécessitant l’utilisation d’un étrier ;
 pour les bouteilles de plus de 5 litres : un pas de vis normalisé.

B) BLOC MANODÉTENDEUR

Il est constitué d’un manomètre et d’un détendeur.

Le manomètre indique la pression régnant à l’intérieur de la bouteille. Le détendeur ramène l’oxygène à la pression d’utilisation. Ce bloc manodétendeur doit toujours être amovible pour permettre le changement rapide de bouteille.

Le bloc manodétendeur comporte un « filetage mâle » qui se visse dans le filetage femelle de la bouteille ou dans celui d’un étrier qui lui-même recevra la tête carrée de certaines petites bouteilles.

Les raccords sont normalisés. En Europe, les étriers portent des ergots disposés différemment selon les gaz et qui correspondent à des encoches femelles placées sur le corps du robinet (dispositif détrompeur).

C) DÉBITMÈTRE :

Il est raccordé à la sortie du détendeur et permet de régler le débit nécessaire.

Il est généralement gradué de 0 à 15 litres/minute. IL en existe plusieurs modèles.

Certains comportent également :

 un dispositif d’aspiration, type trompe de Venturi (fig. E 9-2) ;
 une prise à crans normalisée pour le raccordement des appareils de ventilation automatique dont le tuyau d’alimentation en oxygène est muni d’une prise normalisée à griffes,
correspondant aux crans (N.F.P.O.V.D.C.).

Très souvent, manodétendeur et débitmètre sont réunis de façon indissociable en un seul appareil : le manodétendeur-débitmètre (fig. E 9-1 et E 9-2).

D) DISPOSITIF DE DISTRIBUTION :

Les tuyaux doivent être bien adaptés aux raccords métalliques auxquels ils sont fixés.

II. - ADMINISTRATION D’OXYGÈNE.

Les différents matériels nécessaires pour administrer l’oxygène seront successivement décrits et leur mise en oeuvre démontrée.

L’oxygène peut être administré par inhalation ou par insufflation : l’oxygène ou l’air enrichi en oxygène peut en effet pénétrer dans les poumons :

 grâce aux mouvements ventilatoires spontanés efficaces de la victime : c’est l’administration par inhalation ;
 grâce à la pression exercée sur un insufflateur manuel : c’est l’administration par insufflation (voir E 8).

A) MATÉRIELS D’ADMINISTRATION PAR INHALATION

Ils sont de deux types :

1° DISPOSITIFS NE PERMETTANT QUE L’INHALATION
(N.F.P.O.V.D.C.) :

 Les dispositifs qui sont introduits dans les narines de la victime, dénommés « lunettes » : ils doivent être proscrits car ils sont totalement inefficaces.
 La sonde nasale : elle n’est prescrite et mise en place que par un médecin.
 Les masques d’inhalation : il en existe différents modèles.

Aucun de ces dispositifs ne permet de pratiquer d’insufflation en cas de ventilation inefficace.

Ils peuvent alors être la cause d’une perte de temps.

2° DISPOSITIFS PERMETTANT INHALATION ET INSUFFLATION :

Les insufflateurs manuels avec ballon-réserve ou tuyau-réserve
permettent à la fois une administration d’oxygène efficace par inhalation et la réalisation immédiate d’insufflations en cas de besoin.

Ce matériel doit donc être choisi en priorité pour l’inhalation par masque ou embout buccal.

B) MATÉRIELS D’ADMINISTRATION PAR INSUFFLATION :

Les équipiers utilisent des insufflateurs manuels avec ballon-réserve (ou tuyau-réserve) reliés à la victime par un masque ou un embout.

Le raccordement de la source d’oxygène au ballon s’effectue par un dispositif permettant l’accumulation de l’oxygène pendant le temps d’insufflation :

 le système du « ballon-réserve » adopté maintenant largement, car le plus efficace, permet d’insuffler jusqu’à 100 % d’oxygène ;
 le système du « tuyau-réserve » (« Chaussette » de Louis Serre), qui permet seulement un enrichissement limité de l’air en oxygène et expose à la pollution ; son volume doit être au moins égal à celui du ballon d’insufflation (voir E 8).

L’équipier ne doit pas utiliser les ballons munis d’un ajutage mettant directement en communication le tuyau venant du débitmètre d’oxygène avec l’intérieur du ballon autoremplisseur ; ce dispositif doit être complété par un dispositif de réserve décrit au paragraphe précédent.

Les insufflateurs automatiques ou semi-automatiques ne sont utilisés que par les équipes médicales (N.F.P.O.V.D.C.).

III. - DANS QUELLES CIRCONSTANCES FAUT-IL ADMINISTRER DE L’OXYGÈNE ?

L’administration d’oxygène est très souvent utile chez une victime ; quelquefois, elle est indispensable à la survie.

En dehors de certains cas qui sortent du domaine de l’urgence, l’administration d’oxygène bien conduite pour un temps limité (quelques heures), ne peut pas être nocive. Il convient donc d’administrer de l’oxygène à toute victime en détresse chaque fois que cela est techniquement possible.

L’effet dit « paradoxal » de l’oxygène ne doit pas faire l’objet d’un enseignement, car son danger est très largement surestimé : il ne concerne que la survenue exceptionnelle d’un arrêt ventilatoire chez un ancien et grave insuffisant respiratoire ; par contre, quand un malade de ce type est en détresse respiratoire, l’insufflation d’oxygène pur est indispensable.

IV. - MISE EN PRATIQUE.

La mise en oeuvre se fera toujours selon la même séquence.
Avant de brancher le manodétendeur sur la bouteille, il convient de dépoussiérer le filetage par une très brève ouverture de la bouteille.

A) CALCUL DE L’AUTONOMIE DE FONCTIONNEMENT :

Pour déterminer la quantité d’oxygène disponible, il faut multiplier le volume en eau de la bouteille, exprimé en litres, par la pression en bars indiquée par le manomètre après ouverture du robinet de la bouteille.

Par exemple :

Si le volume en eau de la bouteille est de 6,66 litres et la pression de 150 bars, on pourra utiliser :

6,66 x 150 = 999 litres d’oxygène.

Si le manomètre indique 100 bars, on disposera théoriquement de 666 litres d’oxygène, etc.

Une fois que l’on connaît la quantité d’oxygène disponible, on peut calculer le temps pendant lequel on va pouvoir administrer cet oxygène à un débit donné. Il suffit de diviser le nombre de litres disponibles par le débit (exprimé en litres par minute) qui sera administré à la victime. Il convient toutefois de réduire de 10 % le résultat obtenu pour conserver une marge de sécurité d’utilisation.

Par exemple :

Si l’on administre à un patient de l’oxygène à un débit de 3 litres par minute et que l’on dispose de 666 litres, l’autonomie théorique de fonctionnement sera de :
666/3 = 222 minutes.

Pour le calcul de l’autonomie « réelle », il faut en retrancher 10 %. Elle sera de :

222 - 22 = 200 minutes, soit 3 h 20.

Ce calcul de l’autonomie n’a de valeur que si l’oxygène de la bouteille est utilisé pour l’administration à la victime (et non pour réaliser des aspirations par un système de Venturi).

B) DÉTERMINATION DU DÉBIT :

Le débit à administrer varie en fonction de l’âge de la victime. En dehors d’une prescription médicale qu’il conviendra de respecter, le débit à administrer sera :
 chez l’adulte : 15 litres par minute ;
 chez le petit enfant : 3 litres par minute.

C) RÉGLAGE DU DÉBIT :

Il faut toujours se méfier du risque d’erreur dans l’appréciation du zéro et du débit maximal des débitmètres à cadran circulaire. C’est pourquoi en pratique, lorsqu’on utilise un insufflateur doté d’un ballon-réserve, le débit d’oxygène doit toujours être suffisant pour que le ballon-réserve reste à moitié gonflé.

D) VÉRIFICATION DE LA DÉLIVRANCE DE L’OXYGÈNE :

IL faut vérifier que l’oxygène est bien délivré à la sortie du tuyau venant d’un débitmètre. Pour cela, il faut écouter le bruit généré par la sortie du gaz et pincer l’extrémité du tuyau une à deux secondes, puis le relâcher. On perçoit ainsi le bruit sec lié à la sortie brutale de l’oxygène comprimé dans le tuyau pendant le temps où ce dernier est resté pincé.

E) RACCORDEMENT POUR L’ADMINISTRATION :

Ce n’est qu’une fois toutes ces opérations réalisées que l’on peut raccorder le tuyau de sortie du débitmètre au dispositif d’insufflation ou d’inhalation utilisé.

VI. - SURVEILLANCE

Pendant toute la durée de l’administration d’oxygène, il faut surveiller :
 la victime (mouvements du thorax, gonflement du ventre, inefficacité d’une ventilation initialement efficace, coloration, ...) (voir E 2) ;
 le manomètre (pour l’autonomie) ;
 le débitmètre (pour la constance du débit administré) ;
 le ballon-réserve.

VII. - PRÉCAUTIONS D’EMPLOI

Pour la manipulation et le stockage, il faut respecter les règles suivantes :
 INTERDIRE FORMELLEMENT DE GRAISSER OU DE LUBRIFIER un quelconque élément du matériel d’administration d’oxygène ;
 ne pas manipuler l’oxygène à proximité d’une flamme ou de tout objet incandescent (en particulier interdire de fumer) ;
 interdire de démonter les détendeurs et les débitmètres même pour en montrer les différents constituants ;
 attention : le raccord du manodétendeur se visse dans le sens des aiguilles d’une montre ;
 ne pas manipuler brutalement les bouteilles ;
 ne pas exposer à une chaleur excessive ;
 toujours fixer les bouteilles lorsqu’elles sont en position verticale (chaîne ou sangle), ou les coucher à terre bien calées, même pour les démonstrations ;
 interdire formellement l’utilisation d’outils pour le montage ou le démontage du détendeur sur la bouteille ;
 un dispositif de protection de la robinetterie est souhaitable.

ASSOCIATION DE LA VENTILATION ARTIFICIELLE AU MASSAGE CARDIAQUE

Le moniteur fera comprendre que cette association est absolument obligatoire car il ne sert à rien de propulser du sang non oxygéné vers les centres nerveux.

1° PRIORITÉ D’UNE VENTILATION IMMÉDIATE.

Dès que l’arrêt ventilatoire est constaté (sujet inconscient ne ventilant pas, tête maintenue basculée en arrière par élévation du menton ; voir : Bilan respiratoire), le secouriste ne doit pas perdre un temps précieux à aller chercher un appareil, aussi simple soit-il. IL doit immédiatement pratiquer deux insufflations de son propre air expiratoire (bouche-à-bouche ou bouche-à-nez). Les insufflations immédiates d’air expiratoire doivent être progressives et non brutales. On s’exercera sur mannequin d’entraînement à ne pas dépasser un litre deux cents millilitres pour chaque insufflation, chez l’adulte.

Après ces deux insufflations initiales, le secouriste palpera la région latérale du cou à la recherche d’un battement de l’artère carotidienne.

Si, après cinq ou six secondes de palpation, il s’avère que le pouls carotidien n’est pas présent :

 le secouriste, s’il est seul, entame la première série de quinze compressions thoraciques en attendant ses coéquipiers ;
 dès que deux secouristes entraînés sont présents, l’un des deux, après avoir donné l’alerte aux secours médicalisés, assure alors les cinq premières compressions sternales.

L’alternance est :

 de deux insufflations pour quinze compressions lorsque le secouriste est seul ;
 d’une insufflation pour cinq compressions lorsque deux secouristes alternent leur action.

Dans ce dernier cas, il est impératif que le secouriste qui comprime la poitrine s’arrête après chaque cinquième compression, pour permettre à l’autre secouriste de réaliser une bonne insufflation. De cette façon, l’ampliation thoracique ne sera pas gênée.

Le secouriste chargé d’assurer les pressions sternales doit cependant recommencer une série de 5 compressions sans attendre l’expiration de la victime dès que l’autre secouriste a fini d’insuffler, pour ne pas compromettre l’efficacité de la manœuvre.

L’entraînement permet d’enchaîner au mieux, sans perte de temps, les séries de pressions et de ventilations.

2° VENTILATION ARTIFICIELLE AVEC APPAREIL.

Dès qu’un ballon d’insufflation est disponible (sans que cela inter-rompe la réanimation cardio-respiratoire), il est préférable de réaliser des insufflations à l’aide de cet appareil.

Mais le secouriste qui assure cette ventilation doit être aussi efficace que lors des insufflations d’urgence par l’air expiratoire. L’efficacité du M.C.E. est souvent compromise par des insufflations mal faites. Un bouche-à-bouche efficace est supérieur à une pseudo-ventilation « à fuites » à l’aide d’un masque dont le maintien et le maniement ne seraient pas bien maîtrisés ; on utilisera de préférence un embout buccal.

3° VENTILATION AVEC APPAREIL ALIMENTÉ A L’OXYGÈNE.

Lorsqu’il est possible de disposer d’une source d’oxygène, il est évidemment obligatoire d’alimenter le ballon en OXYGÈNE. Tout malade ou blessé en arrêt cardio-respiratoire doit bénéficier de l’oxygène pur à un débit de 15 L/min chez l’adulte pendant la durée de la réanimation.

4° MODALITÉS PRATIQUES.

Lorsque le secouriste est seul, l’utilisation alternée du ballon et des compressions thoraciques étant impossible à fréquence suffisante, il ne pourra réaliser que le bouche-à-bouche ou le bouche-à-nez (15 compressions pour 2 insufflations).

A deux secouristes, l’alternance ventilation-circulation artificielles comportera une insufflation au ballon pour cinq compressions thoraciques. Ici aussi un entraînement répété permettra d’enchaîner le plus rapidement possible les séries de compressions avec les insufflations.

La fréquence des compressions doit être la plus proche possible de 80 compressions par minute. Ceci permettra (compte tenu des intervalles destinés aux insufflations) d’assurer environ 60 à 65 compressions réelles par minute.

Il convient d’interrompre les compressions à la fin de la première minute, puis toutes les deux minutes environ pour essayer de déceler au niveau du cou une éventuelle reprise du pouls carotidien, ce qui conduirait à ne pas continuer les séries de compressions. Le secouriste « ventilatoire » continuera de ventiler pendant toute la durée de la recherche du pouls (environ cinq secondes), même si l’alternance ventilation-compressions en est momentanément perturbée.

Critères d’efficacité :

 reprise d’un pouls spontané et persistant, d’une ventilation spontanée, voire de la conscience ;
 rétablissement d’une coloration normale de la victime (muqueuses).

N.B. — Si le pouls est perçu, la ventilation est poursuivie et il est nécessaire de surveiller la persistance du pouls carotidien. S’il s’arrête, on reprend l’alternance ventilation + M.C.E.

VIII. - CONTRÔLE PRATIQUE DES CONNAISSANCES

A la fin de ce module, chaque équipier doit être capable de :

 connaître les mesures de sécurité liées à l’utilisation de l’oxygène ;
 mettre en oeuvre sans danger le matériel d’administration d’oxygène ;
 savoir calculer la quantité d’oxygène disponible et le temps d’administration possible à un débit donné ;
 connaître les circonstances dans lesquelles il faut administrer de l’oxygène et les modalités d’administration correspondantes ;
 savoir réaliser l’administration d’oxygène par inhalation sur un volontaire et par insufflation sur un mannequin doté d’un système d’évaluation mécanique ou électronique, permettant un contrôle objectif des techniques ;
 savoir pratiquer la ventilation artificielle associée au massage cardiaque externe seul ou en équipe et savoir surveiller la victime.

IX. - MATÉRIEL DIDACTIQUE

 bouteilles d’oxygène suffisamment remplies ;
 manodétendeurs ;
 débitmètres ;
 tuyaux de raccordement à l’insufflateur ;
 insufflateurs manuels (masques, embouts, ballons ou tuyaux-réserves) ;
 mannequins.

X. - DURÉE

5 heures minimum pour un groupe de 10 à 12 participants.

++++

E10 - IMMOBILISATIONS

Savoir utiliser le matériel d’immobilisation
pour une atteinte traumatique de l’appareil locomoteur.

I. - INTITULÉ

Savoir utiliser le matériel d’immobilisation pour une atteinte traumatique de l’appareil locomoteur.

II. - MODULES PRÉ-REQUIS

E 2, E 4, E 7.

III. - JUSTIFICATION

Toute lésion de l’appareil locomoteur est génératrice de douleurs et peut aggraver l’état d’une victime par la survenue de complications :
 locales (effraction de la peau, atteinte des vaisseaux, des nerfs, ...) ;
 ou générales (détresse circulatoire).

L’immobilisation correcte permet de diminuer la douleur et d’éviter la survenue de ces complications.

Il est indispensable d’immobiliser toute atteinte de l’appareil locomoteur (sans préjuger de sa gravité) avant tout déplacement et tout transport.

IV. - OBJECTIFS

 Savoir suspecter les lésions de l’appareil locomoteur et connaître leurs complications éventuelles.
 Connaître l’intérêt que présente une immobilisation.
 Savoir la réaliser correctement.

V. - DÉVELOPPEMENT

I. - LES ATTEINTES DE L’APPAREIL LOCOMOTEUR NÉCESSITANT UNE IMMOBILISATION.

TYPE :

L’appareil locomoteur est constitué d’un ensemble d’os unis entre eux par des articulations.

Ces éléments peuvent être lésés à la suite d’un traumatisme.

Les atteintes peuvent intéresser :

 l’os, ce sont des fractures ;
 les articulations, il s’agit alors de luxations ou d’entorses ;
 les deux à la fois : fracture-luxation ou luxation-fracture. Une fracture est la cassure de l’os.

Une luxation est un déboîtement de l’articulation.

Une entorse correspond à un étirement ou à une déchirure des ligaments qui maintiennent en place une articulation (voir B 10).

SIGNES.

Quel que soit le type de lésion, on note :

 une douleur importante, localisée ;
 l’impossibilité d’effectuer normalement un mouvement. Parfois, peuvent exister :

a) Au niveau de la lésion :
 une déformation plus ou moins marquée ;
 une plaie ; il s’agit alors d’une fracture ou d’une luxation ouvertes.

Par cette plaie, peut se manifester une hémorragie qui nécessite un geste urgent (voir E 6) ;
 une coloration bleuâtre de la peau (bleu ou hématome).

b) Des troubles nerveux (paralysie, fourmillements, disparition de la sensibilité à l’extrémité du ou des membres).

Il ne faut en aucun cas rechercher une mobilité anormale au niveau du segment traumatisé.

La présence d’une douleur au niveau de la colonne vertébrale après un choc doit faire obligatoirement suspecter l’existence d’une lésion à ce niveau. Même en l’absence de douleur (la victime n’a pas mal ou est inconsciente), certains traumatismes violents (chute sur le dos, chute d’une grande hauteur, accident de la voie publique, ...), doivent faire évoquer, de principe, l’éventualité d’une lésion de la colonne vertébrale.

II. - DESCRIPTION DES MATÉRIELS D’IMMOBILISATION.

Les principaux matériels d’immobilisation seront successivement décrits en en précisant l’intérêt et les limites.

A) LES ÉCHARPES :

Il s’agit de triangles de tissu non extensible (coton, toile, ...).

La longueur au niveau de la base est comprise entre 1 et 1,2 mètre.

Des écharpes « improvisées » peuvent être réalisées à partir de tout tissu de forme triangulaire ou rectangulaire.

B) LES ATTELLES :

Il en existe plusieurs modèles.

1° ATTELLES MÉTALLIQUES MODELABLES.

a) Attelles modelables type « Kramer » :

Ce sont des attelles en forme « d’échelle » malléables permettant de respecter une déformation éventuelle. Elles nécessitent un « habillage » préalable de façon à les rendre moins traumatiques.

b) Autres attelles modelables :

Il s’agit d’attelles comprenant une armature en aluminium, réalisées dans un matériau pré-formé dont la mise en place est aisée et la fixation généralement assurée par des sangles auto-agrippantes.

2° ATTELLES GONFLABLES.

Il s’agit d’attelles préformées, en matière plastique à double paroi et à canaux longitudinaux afin d’éviter une compression circulaire. Elles sont adaptées à un segment de membre et présentent une ouverture longitudinale. Une fois placées et fermées (fermeture à glissière ou boutons), elles sont gonflées « à la bouche » et permettent l’immobilisation du segment atteint.

La mise en place est aisée mais la fragilité du matériau en limite l’emploi « sur le terrain » : sol jonché de débris de verre, utilisation en montagne (elles durcissent au froid). Elles peuvent être dangereuses lors de gonflages excessifs (effet de garrot).

3° ATTELLE TYPE THOMAS-LARDENNOIS.

C’est le seul moyen permettant aux équipiers, sous le contrôle d’un médecin, d’immobiliser en traction un membre inférieur. Sa mise en place nécessite une parfaite technique.

Certains modèles réalisent la traction par un système pneumatique.

4° ATTELLES IMPROVISÉES.

Exceptionnellement, il est possible de réaliser une immobilisation de fortune en utilisant des morceaux de bois, des revues ou des journaux pour l’avant-bras (fig. E 10-3, p. 244 et E 10-7, p. 245). Pour la jambe et la cuisse, le membre sain peut jouer le rôle d’attelle.

Une équipe de secouristes doit toujours être dotée d’un matériel suffisant et adapté.

C) LE MATELAS IMMOBILISATEUR A DÉPRESSION :

Il est constitué d’une enveloppe contenant des billes de polystyrène expansé.

Après un pré-moulage effectué en fonction de la lésion, la victime est installée. L’aspiration de l’air contenu dans l’enveloppe permet l’agglutination des petites billes.

De cette façon, le matelas se rigidifie, assure le maintien de la victime dans la position initiale et permet son transport avec ou sans brancard (fig. E 10-1).

D’emploi facile, il constitue l’élément de base du matériel d’immobilisation (voir E 4, page 72).

D) LES COLLIERS CERVICAUX [5] :

Il s’agit de colliers composés de différentes matières (mousse, plastique, ...), qui assurent l’immobilisation de la colonne cervicale en prenant appui sur le menton, l’occiput et la partie haute du thorax. Leur fermeture est le plus souvent réalisée par des sangles auto-agrippantes.

III. - UTILISATION DES MATÉRIELS.

A) PRINCIPES GÉNÉRAUX :

Chaque fois qu’existe un signe d’atteinte de l’appareil locomoteur, le segment qui en est le siège doit être immobilisé.

MIEUX VAUT IMMOBILISER UN MEMBRE INDEMNE QUE
DE DÉPLACER UNE VICTIME PRÉSENTANT UNE LÉSION
SANS L’AVOIR PRÉALABLEMENT IMMOBILISÉE.

Un membre ou un segment de membre traumatisé est correctement immobilisé si les articulations situées au-dessus et en des-sous de la lésion supposée ne permettent aucun mouvement.

Exemple :

Pour une fracture de l’avant-bras, il convient d’immobiliser l’articulation du poignet, l’avant-bras et l’articulation du coude.

Pendant toutes les manœuvres d’immobilisation, il faut soutenir le membre blessé pour éviter tout mouvement.

Dans certains cas, l’angulation du membre constitue un obstacle ou une gêne à la mise en place d’un matériel d’immobilisation.

Il faut donc réaxer le membre, c’est-à-dire lui faire recouvrer un axe proche de la normale.

Un avis médical préalable sera systématiquement demandé. Lorsqu’il s’agit d’une fracture fermée de l’avant-bras ou de la jambe, cette réaxation peut être effectuée par les secouristes.

Cette manœuvre délicate, mais indispensable, doit s’effectuer en maintenant l’articulation sus-jacente et en exerçant une traction douce et progressive sur le membre. Cette traction ne doit être relâchée qu’après mise en place du matériel d’immobilisation. En cas de difficulté, il faut en rendre compte au médecin qui aura conseillé d’effectuer ce réalignement.

S’il s’agit d’une fracture de la cuisse, du bras, du coude, du genou ou d’une fracture ouverte, cette action sera réalisée sous le contrôle d’un médecin.

B) IMMOBILISATIONS DU MEMBRE SUPÉRIEUR :

Le moniteur montrera l’attitude du blessé du membre supérieur, avant-bras soutenu du côté blessé par l’autre main.

1° RÈGLES GÉNÉRALES.

Dans la mesure du possible, il faut, avant d’immobiliser le membre, enlever les bracelets et les bagues, opération toujours plus facile à entreprendre immédiatement qu’après l’apparition du gonflement.

Quel que soit le type d’immobilisation réalisée, le contrôle de la coloration, de la mobilité et de la sensibilité des doigts doit pouvoir être assuré en permanence. Les doigts doivent donc dépasser du système utilisé.

Pendant la mise en place du matériel d’immobilisation, il faut soutenir ou faire soutenir l’avant-bras afin d’éviter tout mouvement intempestif.

Pendant l’immobilisation, le blessé est assis ou couché.

2° LES ÉCHARPES.

a) Écharpe simple (fig. E 10-4, p. 244) :

Elle est utilisée pour l’immobilisation d’une lésion du poignet ou de l’avant-bras. Elle assure le soutien du membre blessé en immobilisant les articulations du poignet et du coude, l’immobilisation du segment de membre étant réalisée au préalable par des revues servant de gouttière (fig. E 10-3, p. 244).

La pose de cette écharpe s’effectue de la façon suivante :

 engager une des pointes du triangle entre le coude et le thorax et la faire passer sur l’épaule du côté blessé. Il faut que le sommet du triangle se trouve du côté du coude et que la base soit perpendiculaire à l’avant-bras à immobiliser ;
 ajuster et déplisser le triangle jusqu’à la base des doigts ;
 rabattre la seconde pointe sur l’avant-bras et la faire passer sur l’épaule opposée au membre blessé ;
 fixer l’écharpe en nouant les deux pointes sur le côté du cou et vérifier la bonne position de la main qui doit toujours être placée légèrement au-dessus du niveau du coude pour éviter qu’elle ne gonfle ;
 terminer la fixation au niveau du coude en torsadant la partie libre de la pointe (queue de cochon) ou en la fixant avec une épingle de sûreté.

b) Écharpe simple et contre-écharpe (fig. E 10-5, p. 244).

Elles sont utilisées pour immobiliser une atteinte du bras. Le membre blessé est soutenu par la pose d’une écharpe simple (qui immobilise les articulations du coude et du poignet) et le bras est immobilisé en étant plaqué contre le thorax par la mise en place d’une contre-écharpe (qui immobilise l’épaule).

La pose s’effectue ainsi :

 mettre en place l’écharpe simple comme énoncé précédemment ;
 placer la base du triangle au niveau de l’épaule du membre blessé ;
 amener les deux pointes sous l’aisselle opposée en enveloppant le thorax de la victime ;
 fixer la contre-écharpe au moyen d’un nœud situé en avant de l’aisselle opposée et torsader le sommet pour maintenir le bras blessé plaqué contre le thorax ;
 parfaire la fixation avec une épingle de sûreté.

c) Écharpe oblique (fig. E 10-6, p. 244).

Elle est indiquée en cas d’atteinte de l’épaule, de la clavicule et de l’omoplate. Elle assure le maintien du membre blessé par l’appui et la fixation sur l’épaule opposée et évite toute pression douloureuse de la région blessée.

La pose de cette écharpe s’effectue de la façon suivante :

 après avoir demandé au blessé de poser la main du membre blessé sur le milieu de la poitrine ;
 tenir le triangle par ses pointes et glisser sa base sous l’avant-bras, le sommet étant dirigé vers le coude ;
 placer les pointes, l’une dans le dos, l’autre sur le thorax pour venir les fixer, par un nœud plat, sur l’épaule opposée ;
 déplisser et tendre le tissu afin de soutenir complètement l’avant-bras et la main ;
 la fixation est complétée par la réalisation d’une torsade au niveau du coude ou la mise en place d’une épingle de sûreté.

Certaines lésions de l’épaule (luxation) provoquent une déformation importante. Il est indispensable de respecter la position du membre supérieur. Un rembourrage entre le bras et le buste est alors nécessaire pour assurer l’immobilisation correcte du membre blessé contre le thorax.

3° LES ATTELLES MÉTALLIQUES.

Elles peuvent être utilisées pour l’immobilisation d’une atteinte du coude, de l’avant-bras, du poignet et de la main.

a) Les attelles type « Kramer » (fig. E 10-8, p. 245) :

Ce type d’attelle est de moins en moins employé.

Elles nécessitent une préparation qui consiste à habiller le treillis métallique de l’attelle. Une fois préparée, cette attelle sera modelée en fonction de l’immobilisation à réaliser et fixée sur le membre blessé au moyen d’une bande inextensible. Il convient de s’assurer que cette bande ne réalise pas de compression interrompant la vascularisation du membre et, comme pour les écharpes, il faut contrôler en permanence l’état des doigts.

b) Les autres attelles modelables :

Leur mise en place s’effectue ainsi :
 préparer l’attelle en lui donnant une angulation proche de celle du membre blessé ;
 soutenir le-bras et l’avant-bras afin d’engager l’attelle, avec douceur, en la faisant progresser du coude vers la main ;
 rapprocher les bords latéraux pour former une gouttière et procéder délicatement à la fermeture de l’attelle au moyen des bandes auto-agrippantes ;
 surveiller les réactions de la victime au cours de la mise en place ;
 assurer ensuite le soutien de l’attelle à l’aide d’un moyen approprié à la position de la victime ;
 vérifier périodiquement l’état des doigts.

4° LES ATTELLES GONFLABLES.

Les indications sont les mêmes que pour les attelles métalliques après réaxation éventuelle.

La pose de l’attelle s’effectue de la façon suivante (fig. E 10-9, p. 245) :
 ouvrir l’attelle ;
 soutenir le bras et l’avant-bras afin d’engager, avec douceur, l’attelle en la faisant progresser du coude vers la main ;
 procéder délicatement à la fermeture de l’attelle ;
 ouvrir la valve et gonfler avec la bouche par le tuyau de rem-plissage jusqu’à une pression telle que les parois interne et externe ne puissent plus venir en contact l’une de l’autre sous la pression du doigt ;
 surveiller les réactions de la victime au cours de la mise en place ;
 assurer l’étanchéité de la valve ;
 assurer ensuite le soutien de l’attelle à l’aide d’un moyen approprié à la position de la victime ;
 vérifier périodiquement l’état des doigts (couleur, chaleur, sensibilité) et le niveau de gonflage de l’attelle qui peut se dégonfler (fuite) ou devenir trop gonflée sous l’effet de la chaleur (exposition au soleil) avec risque de compression du membre.

C) LES IMMOBILISATIONS DES MEMBRES INFÉRIEURS :

1° RÈGLES GÉNÉRALES.

L’immobilisation est réalisée le plus souvent pendant qu’est exercée une traction douce et prudente dans l’axe du membre, afin de procéder à sa réaxation éventuelle et de diminuer la douleur. La prise est assurée au niveau du pied, une main placée sur le cou-de-pied et l’autre sous le talon, l’articulation de la hanche est maintenue par un autre équipier pendant toute la durée de la traction.

Tous les gestes doivent être exécutés avec douceur et en sur-veillant les réactions de la victime. IL faut contrôler la coloration, la mobilité et la sensibilité des orteils après la manœuvre de réalignement.

S’il est impossible, du fait de la douleur ou de la mobilisation du membre blessé, d’ôter la chaussure, il faut toujours la délacer pour éviter que le pied ne soit comprimé par un éventuel gonflement.

2° LES ATTELLES MODELABLES.

Elles ne peuvent être utilisées que pour les atteintes de la cheville, de la jambe ou du genou.

Leur mise en place s’effectue ainsi :

 préparer l’attelle en lui donnant une angulation proche du membre blessé ;
 soulever la jambe en maintenant une traction douce et prudente dans l’axe, soutenir ou faire soutenir le membre au-dessus et en dessous du lieu supposé de l’atteinte ;
 mettre l’attelle en place sans relâcher la traction ;
 rapprocher les deux bords et procéder délicatement à la fermeture de l’attelle au moyen des bandes auto-agrippantes ; le pied doit être maintenu ;
 surveiller les réactions de la victime au cours de la mise en place ;
 vérifier périodiquement l’état des orteils.

3° LES ATTELLES GONFLABLES.

Les indications sont les mêmes que celles des attelles modelables.

Leur mise en place s’effectue de la façon suivante (fig. E 10-10, p. 245) :

 ouvrir l’attelle ;
 soulever légèrement la jambe en maintenant une traction douce et prudente dans l’axe, soutenir ou faire soutenir le membre au-dessus et en dessous du lieu supposé de l’atteinte
(on peut s’aider du pantalon de la victime) ;
 mettre l’attelle en place sans relâcher la traction.

La suite de la mise en place est réalisée selon le même principe que pour le membre supérieur.

4° L’ATTELLE TYPE « THOMAS-LARDENNOIS ».

Elle est particulièrement utile si la durée du transport est importante (fig. E 10-2, p. 244).

Sa mise en place est longue et nécessite une parfaite technique. Cependant, certains modèles représentent des attelles déjà garnies avec fixations auto-agrippantes ; d’autres réalisent la traction par un système pneumatique.

Du fait de la faible fréquence de mise en œuvre de ce type de matériel et de la nécessité d’une prise en charge médicalisée des patients présentant une fracture du fémur, la mise en place de cette attelle spécifique ne fera pas l’objet d’une question d’examen.

On insistera sur la préparation des modèles « classiques » et sur la réalisation de la traction (modalités et niveau de traction) au moyen des modèles dotés de systèmes pneumatiques.

5° LE MATELAS IMMOBILISATEUR A DÉPRESSION.

IL peut être utilisé pour toute immobilisation des membres inférieurs, mais il est indispensable pour immobiliser les atteintes du bassin, de la hanche et de la cuisse.

Son utilisation obéit aux mêmes règles de préparation que celles établies pour le relevage et l’immobilisation d’une victime atteinte d’un traumatisme de la colonne vertébrale.

Utilisé comme moyen d’immobilisation d’un segment de membre, il faut modifier la répartition des billes pour réaliser une sorte de « gouttière » dans laquelle sera immobilisé le membre blessé. Il est souhaitable de disperser, avant la dépression, les billes situées au niveau du talon pour éviter la mobilisation du membre lors de l’agglutination de ces dernières.

CONDUITE A TENIR DEVANT UNE SUSPICION D’ENTORSE AVANT IMMOBILISATION

L’application de froid sur une articulation traumatisée permet d’atténuer la douleur et de limiter le gonflement (œdème). Cette technique ne peut être appliquée qu’en l’absence de plaie.

1° RÈGLES GÉNÉRALES.

Pour être efficace, le froid doit être appliqué le plus rapidement possible après l’accident. L’application dépassera largement la zone douloureuse. Lorsque cela est possible, l’articulation lésée sera surélevée.

Le temps pendant lequel le froid sera appliqué est déterminé par un médecin (lors de la transmission du bilan de l’équipe).

L’application de froid doit être stoppée dès qu’elle n’est plus supportée par la victime. Elle est proscrite chez les inconscients (qui ne peuvent exprimer leur intolérance).

2° TECHNIQUES.

a) L’eau froide :

Elle n’est efficace que si elle est à moins de 15 °C. L’eau du robinet doit donc être additionnée de glaçons.

On peut, soit baigner l’articulation dans de l’eau froide, soit appliquer autour de cette articulation des serviettes éponges pliées, préalablement trempées dans l’eau et essorées. Cette dernière méthode permet de surélever le membre, mais nécessite le renouvellement des serviettes toutes les deux minutes.

b) La glace :

On évitera le contact direct de la glace avec la peau. IL est préférable d’utiliser une poche de glace (vessie de caoutchouc, sachet plastique) entourée d’un linge sec. Cette poche sera rem-plie de glaçons, de glace pilée ou d’eau et de neige en essayant d’en chasser l’air (l’air empêchant la transmission du froid).

c) Les compresses chimiques froides :

Elles sont de différents types (à accumulation, à réaction chimique). Leur utilisation doit respecter les recommandations du fabricant.

d) Les bombes cryogènes :

Elles sont réservées à l’usage médical.

En aucun cas, le refroidissement d’une articulation suspecte d’entorse ne doit retarder le contact avec un médecin et la réalisation d’une immobilisation.

L’existence d’une plaie contre-indique l’application de froid.

S’il s’agit d’une fracture évidente, le refroidissement ne doit pas être entrepris.

D) IMMOBILISATIONS DE LA COLONNE VERTÉBRALE

1° RÈGLES GÉNÉRALES.

En cas de suspicion d’une lésion de la colonne vertébrale (douleur après un choc ou traumatisme violent avec ou sans douleur), il faut réaliser un relevage assurant le respect de l’axe tête-cou-tronc et maintenir cet axe avant d’immobiliser la victime dans le matelas à dépression.

Le matelas immobilisateur à dépression est préalablement dis-posé sur un brancard, la corde de portage périphérique étant solidarisée avec les quatre poignées du brancard :
 assurer une bonne répartition des billes : un peu plus vers les bords latéraux qu’à la partie centrale où reposera le corps de la victime ;
 vider l’excédent d’air par quelques coups de pompe à vide : le matelas gardera sa forme tout en restant très malléable.

Il est recommandé de recouvrir le matelas immobilisateur avec un drap ;
 le premier équipier qui a assuré le bilan puis la L.V.A. (col, ceinture), se place à la tête, dans l’axe du corps, en position de trépied.
Il maintient la tête légèrement basculée en arrière avec ses deux mains placées latéralement, l’extrémité des doigts légèrement engagée sous le haut de la nuque en soutien.

2° IMMOBILISATION DE L’AXE VERTÉBRAL ET RELEVAGE D’UNE VICTIME SUR LE DOS.

a) Pont amélioré à cinq équipiers, c’est la méthode de base.

Nous en rappellerons ici la technique exposée et illustrée dans E 4.

Le premier brancardier, qui donne les ordres (le chef de brancard) se place le plus tôt possible à la tête de la victime, en trépied, dans l’axe du corps ; il maintient la tête légèrement bas-culée en arrière, soit avec les deux mains placées latéralement, l’extrémité des doigts légèrement engagée sous le haut de la nuque, en soutien (prise « latéro-latérale »), soit une main sous la nuque et l’autre, les doigts en crochet, sous le menton (prise « occipito-mentonnière »).

Les avant-bras de la victime sont ramenés sur son ventre ; les trois autres brancardiers se placent en « pont » au-dessus d’elle, le dos plat, les cuisses fléchies, les pieds légèrement décalés et suffisamment écartés pour permettre le passage du brancard :
 le deuxième, tourné en direction des pieds, passe ses mains sous les épaules de la victime ;
 le troisième engage ses mains sous la taille ; il peut aussi saisir les parties latérales d’une ceinture solide (pas la boucle !) ou saisir une veste ou une vareuse bien roulées ;
 le quatrième saisit les chevilles de la victime (il peut aussi saisir la partie antérieure d’un pantalon).

En position, ils répondent « Prêts ».

Au commandement « Attention pour lever ... Levez », ils se relèvent en gardant le dos plat et soulèvent légèrement le blessé (30 cm maximum), en respectant le bloc tête-cou-tronc-membres inférieurs.

Au commandement « Envoyez le brancard », un cinquième brancardier glisse le brancard entre leurs jambes.

Au commandement « Posez », les brancardiers fléchissent leurs genoux en gardant le dos plat et reposent doucement, d’un bloc, le blessé sur le brancard.

Les brancardiers se dégagent alors sans passer leurs pieds au-dessus du visage de la victime et sans la heurter.

Le chef de brancard, resté dans la position du trépied, a main-tenu la tête dans l’axe en « suivant » le mouvement du corps, à la montée comme à la descente.

b) Si l’on dispose d’une sangle, le troisième équipier la glisse sous la taille et la passe sous le bassin (partie solide et osseuse) et réalise avec la sangle deux boucles servant de poignées latérales (voir page 74).

3° IMMOBILISATION DE LA COLONNE CERVICALE.

L’immobilisation de la colonne cervicale est réalisée efficacement par la mise en place d’un collier cervical. Les indications de pose d’un collier cervical doivent être larges, c’est-à-dire à chaque fois qu’est suspectée une lésion au niveau du rachis cervical (circonstances de l’accident ou du fait des douleurs ressenties par la victime). Il doit être mis en place, en particulier, avant la désincarcération et le dégagement.

Le maintien de la tête dans l’axe étant déjà assuré par le « chef », la pose s’effectue de la façon suivante :
 maintenir la tête de la victime légèrement basculée en arrière (fig. E 10-11) par une prise latéro-latérale ;
 repérer le sens et la position de mise en place ;
 dégager les vêtements au niveau de la base du cou car leur volume ou leur position peut limiter l’efficacité ou interdire la mise en place du collier ;
 le maintien de l’axe tête-cou-tronc étant toujours assuré, le collier est engagé derrière la nuque (fig. E 10-12), puis rabattu sur la face antérieure du cou (fig. E 10-13 et E 10-14), de telle manière que la zone prévue pour le menton se trouve en bonne place ;
 le collier est ensuite ajusté et fixé (fig. E 10-15).

Lorsque l’immobilisation complète de la tête est obtenue par le collier cervical fixé, on est alors autorisé à relâcher le maintien de l’axe vertébral.

4° IMMOBILISATIONS PROVISOIRES.

Dans certaines circonstances, les équipes peuvent être amenées à utiliser des matériels d’immobilisation provisoire permettant la contention de l’axe tête-cou-tronc lors de la phase initiale de l’intervention (dégagement hors d’un véhicule, d’une excavation, d’une crevasse,...).

Du fait de la spécificité de ces matériels et du caractère ponctuel de leur utilisation, leur mise en oeuvre ne sera démontrée qu’aux équipes qui en sont dotées et ne fera pas l’objet de vérification des connaissances.

VI. - CONTRÔLE PRATIQUE DES CONNAISSANCES

A l’issue de ce module, chaque participant doit :
 connaître les principes de réalisation de toute immobilisation ;
 à partir d’un cas concret, savoir réaliser :

  • seul ou en équipe, l’immobilisation d’un membre supérieur,
  • en équipe, l’immobilisation d’un membre inférieur,
  • en équipe, la pose d’un collier cervical,
  • en équipe, l’immobilisation d’une victime suspecte de lésions au niveau de la colonne vertébrale.

VII. - MATÉRIEL DIDACTIQUE

 écharpes ;
 épingles de sûreté ;
 attelles gonflables ;
 attelles modelables ;
 attelles de Kramer ;
 colliers cervicaux ;
 matelas immobilisateurs à dépression ;
 attelles type Thomas- Lardennois ;
 rembourrage, bandes ;
 brancard ;
 sangles.

VIII. - DURÉE

6 heures minimum pour un groupe de 10 à 12 participants.

Notes

[1Ministère de l’intérieur, Formation aux activités de premiers secours en équipe, 2e édition 1996, France-Sélection (cf. adresse ici)

[2N.F.P.O.V.D.C. : Ne Fera Pas l’Objet de Vérification Des Connaissances.

[3Les techniques de sauvetage-déblaiement ne sont pas abordées dans le C.F.A.P.S.E. ; elles font l’objet d’un enseignement spécifique.

[4Brêlage : assemblage d’éléments réalisé au moyen de cordages.

[5On les appelle à tort « minerves ».

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